La majorité des médias francophones ont repris l’article de l’AFP, avec de petites variations:
Viktor Orban reçu à Londres sur fond de controverse - 28 mai 2021 - Agence France-Presse
C’est aussi le cas de nos médias romands (voir TdG ci-dessous).
D’autres journaux de la bien-pensance ont plutôt l’approche de chercher à disculper Johnson de recevoir ce quasi-Mussolini en personne.
Exemple, The Independent: Boris Johnson défend sa décision de «dérouler le tapis rouge» pour l’autocrate hongrois de droite Viktor Orbán.
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Extraits de l’article de la Tribune de Genève, placé sous la rubrique Faits divers (sic!):
Relations diplomatiques: Viktor Orban reçu à Londres sur fond de controverse
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image et légende Keystone: La rencontre entre Viktor Orban et Boris Johnson a suscité de vives critiques au Royaume-Uni
Le Royaume-Uni et la Hongrie souhaitent renforcer leur coopération après le Brexit [...].
[Orban] a réitéré des propos polémiques sur les musulmans à l’issue d’une entrevue controversée à Londres avec son homologue britannique Boris Johnson.
Cette rencontre a suscité de vives critiques au Royaume-Uni, notamment dans l’opposition, en raison des prises de position sujettes à controverse du dirigeant hongrois souverainiste sur l’immigration et les musulmans, ainsi que des atteintes à la démocratie dans son pays.
Downing Street avait qualifié jeudi l’entrevue de «vitale pour la prospérité et la sécurité du Royaume-Uni», tout en condamnant les attaques du Premier ministre hongrois envers les musulmans. [...]
La Hongrie de Viktor Orban avait aussi suscité l’irritation de ses partenaires au sein de l’Union européenne en bloquant des déclarations plus dures sur des questions comme Israël et la Chine.
ATS - 28.05.2021
Article complet: https://www.tdg.ch/viktor-orban-recu-a-londres-sur-fond-de-controverse-715393905648
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Boris Johnson accueillera le Premier ministre hongrois, farouche critique de Joe Biden et allié de la Chine
The Guardian, 27 mai 2021
Orbán espère prouver aux électeurs hongrois, avant les élections de l’année prochaine, qu’il peut forger des alliances influentes et que le départ de son parti au pouvoir, le Fidesz, du groupe de centre-droit du Parti populaire européen ne marque pas le début d’une ère d’isolement politique.
Le maire libéral (c.-à-d. de gauche, ndt) de Budapest, Gergely Karácsony, a déclaré qu’il voulait diriger une opposition unie qui combatte la corruption et ne dépende pas d’alliances avec des autocrates.
La secrétaire fantôme aux Affaires étrangères, Lisa Nandy, a exhorté Johnson à dénoncer Orbán pour ce qu’elle a décrit comme son antisémitisme (ndt: Orbán est proche de la Droite israélienne) et sa dégradation des libertés civiles.
Downing Street a déclaré qu’il n’allait pas prédire si le Premier ministre soulèverait la question des droits de l’homme lors de la réunion, mais, interrogé au sujet des déclarations d’Orbán parlant des envahisseurs musulmans et des demandeurs d’asile comme d’un poison, un porte-parole a répondu que ces allégations propres à semer la discorde étaient fausses.
L’équipe de Johnson a parlé d’une rencontre de routine, mais certaines grandes puissances européennes veulent y voir un signe que le Premier ministre britannique est plus intéressé à perturber qu’à coexister avec l’UE.
Il n’a jusqu’à présent rencontré que le Premier ministre irlandais, Micheál Martin, dans le but de réformer le protocole sur l’Irlande du Nord.
Les risques pour Johnson d’une relation étroite avec l’enfant terrible de l’UE sont clairs, étant donné que l’administration Biden a fréquemment décrit la Hongrie comme un régime totalitaire trop proche de la Chine.
La vice-secrétaire d’État américaine, Wendy Sherman, a rencontré mercredi les dirigeants de l’UE à Bruxelles et a ostensiblement loué une UE forte, y compris dans sa position sur la Chine. Près d’un tiers des 30 députés européens qui se sont opposés ce mois-ci à ce que le Parlement européen suspende son projet d’accord d’investissement avec la Chine représentaient le parti Fidesz d’Orbán.
La Hongrie a opposé à deux reprises son veto aux critiques de l’UE à l’encontre de la Chine, en dernier lieu en mai contre une motion critiquant la répression de Pékin à Hong Kong – une décision que le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Mass, a qualifiée d’«absolument incompréhensible».
Le Fidesz a été suspendu du groupe du Parti populaire européen majoritaire au Parlement européen en 2019, et s’en est retiré avant d’être expulsé en mars .
Orbán a vanté une alliance populiste destinée à redécouvrir les racines de l’Europe lorsqu’il a rencontré le leader de la Ligue italienne, Matteo Salvini, et le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, la semaine dernière.
Le Parti conservateur [britannique] faisait partie du groupe des conservateurs et réformistes européens. C’est aussi dans ce groupe, dirigé par le parti polonais Droit et justice, que le Fidesz et la Ligue pourraient bien se retrouver.
Un bloc populiste élargi serait un grand triomphe pour Orbán.
Pawel Zerka, chercheur en politique au Conseil européen des relations étrangères, a déclaré qu’« Orbán pourrait être intéressé à afficher l’image d’un leader qui compte toujours sur le plan international», principalement pour des raisons de politique intérieure, notamment les élections nationales de l’année prochaine. «Ce n’est pas beaucoup plus que cela.»
Il a dit qu’il doutait que le Royaume-Uni aide Orbán et d’autres à établir un bloc populiste plus fort au sein de l’UE.
«Tout au plus, une visite à Londres pourrait servir d’occasion supplémentaire de critiquer Bruxelles»,
en particulier compte tenu de la campagne de vaccination réussie du Royaume-Uni, a déclaré Zerka.
Un thème clé du sommet du G7 du mois prochain présidé par le Royaume-Uni en Cornouailles est l’affirmation des valeurs démocratiques occidentales contre la Chine et d’autres autocraties telles que la Russie. La Hongrie, en revanche, entretient d’étroites relations avec la Chine dans le domaine des investissements et de l’éducation.
La semaine dernière, la Hongrie a également bloqué une déclaration de l’UE contenant des critiques de la réaction d’Israël aux attaques à la roquette du Hamas depuis Gaza. Nathalie Tocci, conseillère du chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrel, a déclaré que la Hongrie s’opposait désormais par principe aux positions communes de l’UE en matière de politique étrangère.
Malgré son flot de critiques à l’encontre de l’UE, la Hongrie devrait recevoir jusqu’à 16,8 milliards d’euros dans le cadre du plan européen de relance post-Covid. (Ndt: En cas de non-solvabilité, tous les membres de l'UE seront coresponsables des dettes non remboursées.)
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Écho dans la presse hongroise:
La position de Viktor Orbán a toujours été proche de la droite britannique
Magyar Nemzet, samedi 29 mai 2021 - Zoltán Kottasz
Les causes du Brexit n’ont pas disparu, nous continuons là où les Britanniques se sont arrêtés avant le référendum. En clair, les Britanniques ne voulaient pas que la fédéralisation se poursuive, et si une coopération étroite subsiste dans le domaine économique, ce n’est pas à Bruxelles de donner le ton aux États-nations dans d’autres domaines,
– a déclaré Zoltán Kiszelly à notre journal pour expliquer pourquoi les relations bilatérales anglo-hongroises sont si étroites même après que le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne l’année dernière. Viktor Orbán est le deuxième dirigeant européen – après le Premier ministre irlandais – à être reçu à Londres par le Premier ministre britannique Boris Johnson après le Brexit.
«Nous restons confrontés aux mêmes problèmes après le Brexit, mais sans les Britanniques, qui étaient des alliés importants», a souligné le directeur du Centre d’analyse politique de la Fondation Fin de siècle.
«Le Groupe de Visegrad poursuit la même politique: nous ne voulons pas céder davantage de pouvoirs à Bruxelles. Ni dans le domaine de la politique fiscale, ni dans celui de la migration, ni dans le système juridique, ni dans les relations étrangères» - a déclaré Zoltán Kiszelly.
Bien que l’opposition de gauche britannique et la presse de gauche londonienne aient critiqué le gouvernement britannique pour avoir accueilli le chef d’État hongrois opposé à l’immigration, le bureau du Premier ministre britannique a déclaré officiellement que la coopération avec la Hongrie, prochain président du Groupe de Visegrád, était importante pour la prospérité économique et la sécurité du Royaume-Uni.
«En raison du Brexit d’une part, de l’épidémie de Covid-19 autre part, une ère nouvelle s’est ouverte, dans laquelle il faut trouver des opportunités de coopération, et cela non seulement avec la Hongrie, mais avec toute l’Europe centrale, y compris les pays de Visegrád», a déclaré hier le Premier ministre hongrois à Londres.
«Il y a deux domaines stratégiquement très importants dans lesquels la coopération anglo-hongroise sera désormais plus étroite et plus tournée vers l’avenir: l’un est l’industrie de l’énergie, l’autre est l’industrie de la défense», a déclaré Péter Szijjártó hier à l’issue des pourparlers de Londres.
Le ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur a rappelé que Shell était la première entreprise énergétique non russe avec laquelle la Hongrie avait conclu un accord d’achat de gaz à long terme.
Les entreprises britanniques peuvent également jouer un rôle important dans le développement conjoint de l’industrie de la défense, la recherche conjointe et les activités de fabrication conjointes.
Selon Péter Szijjártó, la coopération en matière d’investissement est également un lien important et étroit entre les deux pays:
Il y a neuf cents entreprises britanniques présentes en Hongrie et elles emploient plus de cinquante mille Hongrois.
«Le Brexit nous a obligés à mettre davantage l’accent sur le renforcement des relations bilatérales», avait déclaré plus tôt à notre journal Iain Lindsay, ancien ambassadeur du Royaume-Uni: «Ces dernières années, la coopération en matière de défense s’est considérablement renforcée, les relations économiques se sont également resserrées, le nombre d’entreprises britanniques installées en Hongrie et de leurs employés a augmenté, mais aussi de plus en plus de nouvelles entreprises hongroises se développent au Royaume-Uni.»
Les relations politiques sont très bonnes:
Aucun autre pays de l’UE ne nous a traités avec autant de solidarité et d’équité que la Hongrie - a souligné Iain Lindsay.
Zoltán Kiszelly a également rappelé qu’après le Brexit, la Hongrie a milité pour un accord équitable entre l’UE et la Grande-Bretagne, pour ne pas punir les Britanniques d’avoir quitté l’UE.
La position de Viktor Orbán a toujours été très proche de celle des conservateurs britanniques.
En été 2014, par exemple, seuls lui et le Premier ministre britannique de l’époque, David Cameron, ont voté contre Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne.
Le Parti conservateur représente une position souveraine à laquelle le gouvernement hongrois peut s’identifier - a ajouté l’expert.
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Traductions: Albert Coroz
Et vous, qu'en pensez vous ?