[Del Valle] La convergence totalitaire rouge-verte qui gangrène les sociétés occidentales
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Publié le 23/02/2021 , Valeurs Actuelles
Cette semaine, Alexandre del Valle revient sur la polémique provoquée par l'interview de Frédérique Vidal, qui a dénoncé « l'islamo-gauchisme » qui « gangrène la société et l’université ». Un crime de lèse-majesté impardonnable pour les chercheurs de gauche et d'extrême-gauche qui règnent sur l'université française et occidentale depuis des décennies...
La dénonciation par Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, d'un « islamo-gauchisme qui gangrène la société et l'université » a suscité un tollé dans le monde de la recherche, qui s'est encore enflammé un peu plus quand elle a demandé au CNRS de faire le point sur la recherche, notamment en sciences sociales, afin de « distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme ».
Sans surprise, la réaction de ceux qui, au sein du CNRS, se sont sentis visés, a été de réclamer dans une pétition de 600 universitaires publiée dans Le Monde, la démission de la ministre, et d'essayer de la discréditer en l'accusant de cautionner un combat d'extrême-droite puis de « faire planer la menace d’une répression intellectuelle ». Désavouée par Emmanuel Macron, qui ne veut pas se mettre à dos les adeptes de l'islamo-gauchisme au sein de sa propre majorité comme Aurélien Taché et les médias qui relaient ce courant, Mme Vidal a mis le doigt sur une réalité criante, et elle a d'ailleurs été soutenue par Jean-Michel Blanquer, pour qui l'islamo-gauchisme est un « fait social indubitable ».
L'islamo-gauchisme en question
En réalité, l'expression islamo-gauchiste n'a pas été inventée par "l'extrême-droite", mais par un ancien directeur de recherche du CNRS, Pierre André Taguieff, figure de l'antiracisme qui, dans son ouvrage La Nouvelle Judéophobie (2002), popularisa le terme. Il déplorait alors « qu’un certain tiers-mondisme gauchiste se retrouvait côte à côte dans les mobilisations pro-palestiniennes avec divers courants islamistes ». L’islamo-gauchisme désigne en fait les intellectuels, journalistes, militants ou responsables politiques qui refusent de dénoncer l’islamisme sous prétexte de ne pas « stigmatiser l’Islam » et qui font croire que le racisme ne peut être que le fait des Blancs-Occidentaux-judéo-chrétiens coupables de tous les maux, mais jamais de celui des musulmans issus de l’immigration, victimes par essence, d’où l’impossibilité même de l’association entre islam, islamisme et jihadisme.
En 2016, dans L'Islamisme et nous, Taguieff voyait dans la tenue de réunions non-mixtes et du camp d’été décolonial des Indigènes de la République « interdit aux Européens » la confirmation que « l'antiracisme est mis au service de l'islamisme et de l'islamo-gauchisme, ou instrumentalisé pour la défense de causes ethnicisées ». L’expression a été largement reprise par Alain Finkielkraut, Caroline Fourest, Jacques Julliard, Elisabeth Badinter, Pascal Bruckner, Bernard-Henri Lévy, ou encore par Michel Onfray. Ce dernier écrit en 2013 qu'il ne communie pas « dans l'islamo-gauchisme d'un Nouveau Parti Anticapitaliste dont le héraut intellectuel est Tariq Ramadan ». Franz-Olivier Giesbert déplore quant à lui une « collaboration d’une partie de la gauche avec l'islamo-fascisme, donnant naissance à un islamo-gauchisme qui a des relais partout ». Pour Jacques Julliard, l'islamo-gauchisme est le fait d’une poignée d'intellectuels d'extrême gauche, « très influents dans les médias et dans la mouvance des droits de l'homme, qui ont imposé une véritable sanctuarisation de l’islam dans l'espace politique français ». D’après lui, les hérauts de l’islamo-gauchisme « s’angoissent des progrès de la prétendue “islamophobie” alors qu’ils ignorent délibérément le sort des millions de chrétiens victimes des persécutions dans le monde musulman ».
En mai 2016, lorsqu'il était à Matignon, Manuel Valls avait accusé la gauche radicale de « capitulation intellectuelle » et avait dénoncé les « discussions entre Mme Clémentine Autain et Tariq Ramadan » puis les « ambiguïtés entretenues par Benoit Hamon qui forment le terreau de (la) violence et de (la) radicalisation ». L’ex-fondateur et président de SOS Racisme, Malek Boutih, déclarait ainsi dans 20 Minutes : « La théorie [de Benoît Hamon] est claire : il est normal qu’il y ait du communautarisme car les musulmans sont maltraités. [...] Benoît Hamon est en résonance avec une frange islamo-gauchiste », allusion à l’ex-porte-parole de Hamon, Pascal Cherki, qui avait soutenu une réunion “interdite aux Blancs”. Boutih reproche également un deux poids deux mesures en matière de laïcité : « Hamon et ses amis considèrent qu'on peut critiquer l'Église catholique mais pas les musulmans. Vous ne les verrez jamais utiliser le terme christianophobie par exemple. »
CNRS, EHSS et Science Po Paris gagnés par l'islamo-gauchisme : de la convergences des luttes au "Hijab day"
Pour revenir à la polémique autour de Mme Vidal, on comprend pourquoi des chercheurs du CNRS se sont sentis visés par les propos fort lucides de la ministre : dans les années 2000, l'universitaire d’extrême-gauche qui a le plus défendu l'islamisme radical sous couvert de lutte contre "l'islamophobie", a été Vincent Geissler (chercheur au CNRS), auteur de la Nouvelle islamophobie, suivi dix ans plus tard par Thomas Deltombe, auteur de L'islam imaginaire : la construction médiatique de l'islamophobie en France (1975-2005). Ces deux "chercheurs" ont essayé de faire de "l'islamophobie" pour l’équivalent de l’antisémitisme et ils ont en partie réussi à diaboliser l’idée-même de combattre l’islamisme. Dans son pamphlet de dénonciation des "islamophobes", Vincent Geisser classe dans cette catégorie non pas uniquement la critique des musulmans, mais aussi celle de la religion musulmane et de l’islamisme. Geissler accuse de « facilitateurs d’islamophobie » les associations laïques comme Ni Putes ni Soumises, les moqueurs de Charlie Hebdo, les imams modérés comme Souheib Bencheikh, Dalil Boubakeur, des militants beurs laïques comme Rachid Kaci, le leader antiraciste et ancien président de France Plus, Arezki Dahmani, coupable d’avoir dénoncé le "lobby islamiste", et même l’ex-président SOS Racisme et ex-député PS, Malek Boutih. Conformément à la vulgate révolutionnaire marxiste, Vincent Geisser accuse Dalil Boubakeur et Souheib Bencheikh de défendre une « conception tutélaire de l’islam » et surtout de « légitimer une gestion sécuritaire de la communauté musulmane, appelant à une collaboration avec les services policiers, comme si la masse des musulmans de France, par naïveté ou immaturité, était susceptible d’être manipulée par des organisations ‘islamo-terroristes’ », ce que l’auteur écarte d’emblée. Est également mis en pâture le journaliste-reporter à Marianne, Mohamed Sifaoui, accusé lui aussi d’être lié aux « cercles du pouvoir de l’État algérien » anti-islamistes.
Outre des membres du CNRS comme Geisser, d'autres instances de la recherche universitaire ont été perméables à des militants islamistes, tel le leader du Collectif de Lutte contre l'Islamophobie (CCIF), Marwan Mohammad, militant Frère-musulman devenu chargé de recherche à l’École de Hautes Études de Sciences sociales (EHESS). M. Mohammad se sert de cette étiquette pour donner un vernis "scientifique" à la négation du problème islamiste, vu comme une "construction islamophobe". Dans un autre registre, on peut mentionner l'infiltration islamiste de Science Po Paris: l'association Salaam Science Po Paris, présidée par Yacine Benmohammed et créée en septembre 2012 (qui « a pour but de promouvoir la culture musulmane dans l’enceinte Sciences Po Paris et de contribuer à faire découvrir et à donner l’image la plus juste de la culture musulmane »), a été à l’origine, en avril 2016, du "Hijab Day" qui dénonce « la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France »… Salaam Sciences Po Paris relaie des publications de la galaxie féministe musulmane, du CCIF ou encore et Havre de Savoir (site islamiste frères musulman). En avril 2013, le CCIF et Salaam Sciences-Po ont d'ailleurs organisé un colloque à l'EHSS intitulé « L’islamophobie en questions », qui présentait le « rejet de l’islam » comme une « négation occidentale de l’altérité »... Malgré cela, les signataires de la pétition du Monde contre Frédérique Vidal continuent de s'indigner que l'on puisse remettre en question "l'objectivité" de leur "communauté scientifique"!
Face à “l’islamo gauchisme” qui gangrène les universités françaises, la ministre Frédérique Vidal “fait le job” ! (….) J’ai été très choqué, l’autre matin, en entendant sur France Info, le théologien et prêtre Michel Deneken, Président de l’Université de Strasbourg, attaquer la ministre Frédérique Vidal, alors que le même président de l’Unistra Deneken n’a pas réussi, malgré mes nombreux signalements, à mettre fin aux usurpations de fonctions d’un frère musulman salafiste, Omar El Katab Erkat, et a laissé ce dernier représenter l’université de Strasbourg à des rencontres internationales, alors que ce prédicateur musulman n’a jamais été enseignant, ni même étudiant, à l’université de Strasbourg, et que le dénommé Erkat n’a aucun diplôme universitaire.
Pour mémoire, j’ai alerté plusieurs fois Monsieur Deneken, qui n’a pas réagi, en ces termes : “Au niveau de l’université de Strasbourg, que Mme Nathalie Gettliffe prétend représenter aux conférences RENACLES du 24 novembre 2016, je suis extrêmement surpris que votre collaboratrice ait inscrite le salafiste Omar Erkat parmi les intervenants, au nom de l’université de Strasbourg, le 24 novembre à 15 h 30, sous le libellé, “Comprendre l’impact d’un dispositif d’enseignement sur l’engagement des étudiants dans leurs apprentissages en centre de langue”, alors que le dénommé Omar Erkat parle à peine et comprend à peine le Français, et alors que le même Omar Erkat n’est pas enseignant à l’Unistra, ni dans aucune autre université !”.
Et on pourrait multiplier les exemples de dysfonctionnements d’infiltrations islamistes couverts par Michel Deneken à l’université de Strasbourg. Et je pense très sincèrement que c’est Monsieur Deneken “qui est très fatigué”.