Renvoyer dos à dos le terrorisme d’extrême droite et le terrorisme islamiste est un exercice périlleux. Beaucoup l’ont découvert à leurs dépens. C’est à dessein qu’Estrosi a imaginé le concept d’islamo-fascisme : il s’agit de compromettre la droite nationale avec les islamistes, dans l’esprit du public. Il semble pourtant que, depuis 1945, et de façon plus évidente depuis le 11 septembre 2001, le terrorisme soit assez peu répandu côté fascisme, nettement plus côté islamisme.
Périodiquement les droitologues tentent néanmoins de reconstituer la symétrie. Ainsi le droitologue d’extrême gauche Laurent Mucchielli nous avait-il magistralement démontré, dans Les Inrocksdu 19 mars 2012 et au micro de radios complaisantes du service public, que les assassinats de sept personnes, à Toulouse et Montauban (quatre militaires et trois enfants d’une école juive) étaient typiquement néo-nazis : « Le meurtrier n’est pas un islamiste ou un banlieusard – cibles favorites du débat public – mais une personne apparemment issue d’un groupuscule néo-nazi. Or ce thème de violence d’extrême droite est peu présent en France, à la différence d’autres pays comme l’Allemagne » (cité par le criminologue – sérieux, lui – Xavier Raufer, sur Atlantico le 27 octobre).
Jouant sur les mêmes ressorts, Le Journal du dimanche du 1er novembre prétendait nous révéler que deux proches de Marine Le Pen faisaient partie de l’entourage d’un islamiste, Sefrioui, lui-même proche d’un parent d’élève islamiste de Conflans dont les messages sur internet ont motivé le tueur. Mais la base de l’accusation repose sur une photo de manifestation pro-palestinienne (et pas pro-islamiste)… prise il y a 12 ans… Bonjour l’amalgame, pour le coup ! Or en 2014, le 23 juillet très exactement, Clémentine Autain, député LFI, participait à une manifestation strictement identique (« pro-Gaza »), organisée par les mêmes personnes. Curieusement cette proximité physique et idéologique-là n’a pas suscité la critique du JDD.
Lors de la tentative d’assassinat d’un prêtre orthodoxe à Lyon, ce samedi, un militant de Debout la France, lui-même moine orthodoxe, avait été interrogé par la police car il était en procès avec la victime. Mélenchon avait aussitôt twitté : « On apprend que le tir sur un prêtre orthodoxe vient d’un moine d’extrême droite. Alors Dupont Aignan ? » La photo de la personne en cause a été diffusée sur tous les réseaux d’extrême gauche, et dans la presse locale, l’homme étant présenté comme l’assassin. Mais depuis lors, cette personne a été mise hors de cause. Mélenchon, menacé de procès, a retiré son tweet « jusqu’à vérification ». Ce qui ne l’empêche pas de soutenir qu’« aujourd’hui, le plus grand nombre des attentats qui sont commis en Europe ne sont pas des attentats islamistes mais des attentats d’extrême droite » (France Inter, 26 octobre).
Pour en revenir à l’islamo-fascisme, il serait intéressant qu’Estrosi nous donne les références historiques de ce qualificatif, les noms des mouvements et des personnalités ayant revendiqué cette appartenance hier, la revendiquant aujourd’hui. •
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