Journaliste basé et natif de Gao, au Mali, Cheick Amadou Diouara est le coauteur de l’enquête « otages d’Etat », qui avait fait l’objet d’un reportage sur Envoyé spécial. Il raconte à Paris Match les conditions de la libération de Sophie Pétronin.
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Elle a eu des mots très complaisants envers ses ravisseurs. Elle a refusé de les qualifier de « djihadistes », alors qu’ils sont affiliés à Al-Qaeda… Cela a été perçu ici comme une insulte pour ceux qui se battent, se sacrifient dans cette guerre contre AQMI. Qu’en pensez-vous ?
Quand je l’entends parler maintenant, je ne reconnais pas la Sophie que je connaissais. Sa vie c’était son travail, son gros cœur, c’est apporter la joie, sauver des vies et faire la fête. Elle aimait bien sortir, boire, fumer des cigarettes… Le djihad, elle n’en avait rien à faire. Si elle revient aujourd’hui avec des mots comme ça, c’est que quelque chose s’est passé. Il faut comprendre l’état d’âme de quelqu’un qui a passé quatre ans en captivité… Je connais très bien Sophie et je peux vous dire qu’elle a subi un choc.
Est-ce que les habitants de Gao aimeraient la voir revenir aujourd’hui ?
Si Sophie nous lit quelque part, il faut qu’elle sache que, si loin et si près, elle a toute l’admiration, l’estime et la reconnaissance des populations de Gao, mais elle ne peut pas revenir ici. Si elle revenait, elle serait sans doute enlevée. C’est un No Man’s Land ici. Personne ne peut assurer sa sécurité : il n’y a plus un seul Occidental à Gao.
Elle s’est convertie à l’islam, elle a été épargnée.. l
La bâloise Béatrice Stockly a été exécutée.. elle était évangélique…elle ne s’était pas convertie.. .