De notre correspondant en Suisse. – Au lendemain des votations et de ses résultats catastrophiques pour les conservateurs suisses, un constat s’impose : la gauche s’est mobilisée sur des sujets qu’elle combat de longue date (préférence nationale, défense armée, famille) et sur ceux qu’elle défend (libre circulation, congé paternité, biodiversité sacralisée et salaire minimum à Genève). A l’inverse, la droite n’a pas resserré les rangs, montrant sa faiblesse principale ; elle n’est pas imperméable à la trinité salvatrice : le marché, l’individu, l’Europe telle que l’a dénoncée Philippe de Villiers. La droite helvétique est comme honteuse de son succès économique et de son confort. Elle en a marre de sa banalité de petit pays sans histoire qui a pourtant fait sa force.

Mais relever que la gauche s’est mobilisée ne saurait tout expliquer. Les votations de dimanche ont clairement démontré que la droite prise dans son ensemble marque le pas dans notre pays comme elle le marque dans tous les pays avoisinants. Ce ne sont pas simplement ses rangs qui diminuent, ce sont ses valeurs qui disparaissent. Le capitalisme planétaire postnational qui louera et vendra tout – à commencer par la vie, selon la formule de Michel Onfray a converti des pans entiers de la nouvelle génération. Face aux divagations d’une gauche transformiste, toujours révolutionnaire dans son rapport avec l’ordre et l’autorité, pernicieuse avec les mœurs et la morale, cette nouvelle génération se couche lamentablement faute de connaître correctement son passé et surtout de l’aimer. Ce week-end est annonciateur d’une société nouvelle, à la sauce Soros, qui s’impose en Suisse jour après jour.

L’UDC mène un combat qui semble d’arrière-garde et que le conformisme ambiant rend aberrant malgré la véracité des chiffres de l’immigration. Les Suisses s’en satisfont ; ils ressemblent enfin au reste du monde. Après l’immigration, l’accord-cadre avec l’UE ne sera que la bataille suivante. Mais la guerre, la vraie, elle se déroule entre mondialistes et identitaires. Eric Zemmour, lors de la Convention de la droite française en 2019, avait affirmé que le combat devait se porter au niveau de l’identité, pas de la souveraineté – à quoi il sert d’être souverain si l’on a perdu notre identité ? Une République française islamiste souveraine, je n’en veux pas ! avait-il dit en substance.

C’est la question que l’UDC doit se poser et elle doit y répondre rapidement. Quelle est pour ce parti l’identité suisse qu’elle défend, l’immigration n’étant qu’un des aspects du problème ? Une identité qui passe par le mariage pour tous. Une partie des élus UDC soutient ce dossier, comme elle a soutenu celui du congé paternité, si chère aux féministes et à leur vision de l’égalité homme-femme. Voilà une introspection nécessaire : savoir quelles valeurs sont à défendre pour notre pays qui s’est dilué ce dimanche, encore un peu plus, dans le mondialisme, le marché unique et la pensée unique. •

Eric Bertinat

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