Ecologie

La dérive verte :

Les partis écologistes ont été les grands vainqueurs des dernières élections fédérales. Les Verts réussissent une percée impressionnante et deviennent la quatrième force politique du pays, avec 28 sièges. Cette progression a été nourrie par un soutien sans faille d’une certaine presse, qui a alimenté au quotidien nos écrans et journaux. Chaque jour, la catastrophe climatique nous a été décrite par son menu, comme dans les meilleurs films américains.

Mais comment ne pas soutenir ceux qui veulent sauver notre climat ? Comment ne pas aimer les défenseurs des arbres, des fleurs ou les rivières ? Même ces quelques orignaux critiquant notre modèle consumériste n’auraient-ils pas malgré tout un visage sympathique ? Demandez à nos petites têtes blondes nourries à souhait sur les bancs de nos écoles par ces nouveaux dogmes verts, ils vous diront l’importance de sauver la planète et leur crainte face à la fonte des glaces.

C’est dès lors avec envie que nous regardons nos voisins français avoir le plaisir d’expérimenter depuis les élections municipales de mars dernier, la gestion de certaines villes par Europe Ecologie Les Verts (EELV). Le résultat en a surpris plus d’un.

Quelques jours avant l’arrivée en septembre dernier de la 14e étape du Tour de France dans sa ville, Grégory Doucet, nouveau maire EELV de Lyon, qualifiait cette compétition mythique de "machiste et polluant ". Cette fête populaire n’est ainsi plus la bienvenue. Nombre de lyonnais s’étonnèrent qu’un écologiste s’en prenne à cette grande messe du vélo, oubliant les vocations qu’elles suscitent le long de nos routes. Pour ce maire écologiste, ces grandes manifestations sportives appartiennent à l’ancien monde. Interviewé par Le Progrès, Grégory Doucet explique que le Tour de France "continue à véhiculer une image machiste du sport", le vainqueur étant accueilli sur le podium par deux jeunes femmes charmantes. Pour cet élu écologiste, cette tradition semble être un crime impardonnable.

Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Grégory Doucet s’est encore fait remarquer le 8 septembre dernier en boycottant la cérémonie du Vœu des Echevins. Ce nouveau maire explique sa décision comme une "interprétation des règles de la laïcité". Cette nouvelle a réjoui sa majorité. Cette tradition remonte pourtant au 12 mars 1643. Pour conjurer la peste, le maire de Lyon remet depuis lors un écu symbolique à l’archevêque de la ville lors d’une cérémonie à la basilique de Fourvière. Habituellement, de nombreux élus de tous bord s’y pressent.

L’incohérence écologiste s’est affichée au grand jour dès le lendemain. Ce même Grégory Doucet posait la première pierre de la mosquée de Gerland dans l’agglomération lyonnaise. Il ne fit pas mystère de sa présence. Il twitta une photo de lui truelle à la main, avec le message : "La liberté de conscience ne devrait plus souffrir d’aucune attaque. L’autorité publique a le devoir de protéger les fidèles qui veulent pratiquer leur religion, comme elle doit protéger ceux qui ne veulent pas pratiquer ou qui ne veulent pas croire".

De l’autre côté de l’hexagone, lors de sa conférence de rentrée du 10 septembre 2020, le maire EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, a annoncé qu’il s’opposait aux sapins de Noël. Il explique cette étonnante posture par le fait que "nous ne mettrons pas d’arbres morts sur les places de la ville", précisant qu’il ne s’agissait "pas de notre conception de la végétalisation". Nombre de bordelais se sont indignés : "Ce sapin était magnifique. Les enfants adoraient venir le voir tous les ans. Ça faisait partie de la magie de Noël. C’est bien triste de le supprimer".

Le maire écologiste de Bordeaux indique en revanche vouloir adopter une "charte des droits de l’arbre d’ici fin 2020". Il s’agira d’une "règlement de protection des arbres". Grégory Doucet va-t-il interdire les bancs publics en bois, les chalets de montagne pour ne pas "tuer" de nouveaux feuillus ?

Des "illuminés" et des "intégristes" : Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti avait créé la polémique en août dernier déjà, en qualifiant les défenseurs de la cause animale et autres "d’ayatollahs de l’écologie". Le très modéré Alain Juppé s’est dit également très méfiant face à ces "ayatollahs", précisant sur France Inter que leur "façon de voir l'écologie est totalement réactionnaire, anti-progrès".

Le député LR Éric Ciotti a dénoncé quant à lui "les pseudos écolos", de "vrais extrémistes de gauche" qui "sous couvert de sauver la planète" s’attaquent à Noël. Même la très progressiste ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, en a tiré sa conclusion: "En fait, les maires EELV, c’est tout ce qui amène un peu de joie ou de fête qu’ils interdisent ! Ils sont pires qu’idéologues : ils sont rabat-joie".

Confronté à la multiplication des débordements des élus verts, Isabelle Saporta, journaliste et compagne de Yannick Jadot, un des seuls députés européens modérés d’EELV, est entrée dans une colère noire, dans les Grandes Gueules sur RMC. Elle s’en est violemment prise aux nouveaux maires EELV, déclarant : "Qu’on arrête de faire chier les Français avec une idée à la con par jour. Ils sont caricaturaux, c’est de la petite communication de merde. Ils viennent d’être élus, il y a des milliards de choses à faire et ils vont un jour sur deux à la télé pour parler du tour de France et des sapins, mais fermez vos gueules et travaillez ! ".

Nos écolos suisses - en pleine expansions – commencent également à sortir du bois. Les jeunes verts n’ont pas eu de mots assez durs pour condamner le jugement du 24 septembre 2020 du Tribunal cantonal vaudois sanctionnant fort logiquement à quelques jours-amende avec sursis des activistes d’Action Climat qui s’étaient introduit illicitement le 22 novembre 2018 dans les locaux du Crédit Suisse. Ces derniers s’étaient en outre opposés à la police lorsqu’ils furent invités à quitter les lieux. Pour ces écologistes, le réchauffement climatique permet de violer la loi, précisant que la "légalité ne rime pas avec légitimité". Ces verts ne cachent également pas leur sympathie pour le groupuscule "extinction rébellion".

Quelques jours plus tard, c’est notre icone nationale Roger Federer qui fut cloué au pilori pour avoir l’outrecuidance de figurer dans des publicités du Crédit Suisse, dont les investissements déplaisent à cette nouvelle bienpensance.

Nos verts se montrent encore à la pointe du mouvement immigrationniste. On les voit pour exemple soutenir activement la manifestation Stop Isolation du 22 septembre 2020 à Berne, composée selon eux de "migrants et de personnes sans-papiers revendiquant leur droit à l’asile et leur droits humains fondamentaux". Les jeunes verts dénoncèrent au passage "la répression et les violences policières" qu’auraient subi ces manifestants et ceci prétendument en raison de leur origine. Pour eux, le système de l’asile actuel serait une criminalisation institutionnelle. Ces écologistes demandent d’ailleurs au Conseil fédéral d’accueillir toujours plus de clandestins.

Bien loin des soucis environnementaux, les Verts suisses se qualifient encore de "parti pionner" dans la "défense des droits des lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou encore intersexes". Outre le droit pour ces derniers au mariage, à l’adoption, à la filiation, à la naturalisation facilitée, les écologistes veulent encore que l’Etat "garantisse aux personnes transgenres le libre choix de leur sexe officiel administratif", sans la moindre condition, "seul un certificat médical pouvant être éventuellement exigé". Cette minorité doit encore avoir – en cas d’incarcération – le choix de l’univers carcéral qui leur est le mieux adapté. Tout un programme.

De notre côté des alpes, le réveil risque également d’être cruel : Sous des couleurs vertes bien sympathiques, semblent dès lors se dessiner de façon de plus en plus visible un rouge écarlates, bien loin de légitimes préoccupations environnementales de nos concitoyens. Affaire à suivre.

Nos lecteurs, 29.09.2020