Orbán mobilise contre le Grand Remplacement

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« Il est impossible, sans méconnaître les lois de la mathématique, de ne pas voir la lente mais sûre accélération du remplacement des populations », a dénoncé le Premier ministre hongrois Viktor Orbán en parlant de l’Europe occidentale. C’était le 21 septembre dernier dans un essai publié par le grand quotidien conservateur hongrois Magyar Nemzet.
Plus largement, l’essai publié par l’homme d’Etat hongrois porte sur l’opposition entre libéraux et conservateurs, entre démocratie libérale et démocratie illibérale. Il faut comprendre ici « libéral » au sens américain de progressiste et libertaire, qui a aussi cours en Europe centrale. Une démocratie illibérale pour Viktor Orbán n’est pas une démocratie autoritaire mais une démocratie où règnent les valeurs du conservatisme et de la démocratie chrétienne. Une démocratie attachée aux libertés, et notamment à la liberté de pensée et d’expression mise à mal par « l’oppression intellectuelle libérale ». Une oppression qui se traduit, pour les dissidents, en « exclusion de la vie académique, perte d’emploi, stigmatisation, humiliation universitaire ». Ainsi, pour Orbán, « ceux qui prétendent que la séparation des pouvoirs, les libertés publiques et politiques, la protection de la propriété privée et les limites apportées à l’exercice du pouvoir, autrement dit la suprématie du droit, l’Etat de droit, ne peuvent s’envisager que dans le cadre intellectuel du libéralisme et ne peuvent se réaliser qu’au travers des instruments de la démocratie libérale se trompent ».

Le dirigeant hongrois est plutôt optimiste puisqu’il estime aujourd’hui que « le lit de la rébellion contre le politiquement correct, c’est-à-dire contre les diktats de la doctrine, du langage et du style des gogos libéraux ne cesse de s’élargir. De plus en plus nombreux et de plus en plus courageux sont ceux qui se dégagent de l’étouffement de la pensée correcte unique, du sens unique à donner à la démocratie, du carcan de l’interprétation correcte unique de l’Europe et de l’Occident. » Assurant que « les partis et les mouvements politiques conservateurs et chrétiens-démocrates sont désormais capables de se dégager de l’étreinte mortelle des libéraux », il met toutefois en garde « ceux qui cherchent à pousser le conservatisme sous le grand parapluie du libéralisme » car « le libéralisme et le conservatisme représentent deux positions opposées de la théorie politique ». Si conservateurs et libéraux ont pu joindre dans leur passé leurs efforts dans la lutte contre le national-socialisme et le communisme, cette alliance ne peut plus tenir quand « les attaques des libéraux se concentrent précisément sur ce qui est pour nous le plus important, sur les pierres angulaires de l’ordre politique que nous considérons comme souhaitable, sur le cœur de la tradition conservatrice et chrétienne-démocrate que sont la nation, la famille, la tradition religieuse. »

En politique étrangère, Orbán dénonce la volonté des libéraux « de contraindre tous les pays, y compris ceux qui aujourd’hui ne sont pas gouvernés sur la base de la démocratie libérale, à adopter cette forme de gouvernement », apportant « l’effondrement et le chaos ». « C’est aussi pour cette raison que nous souhaitons la victoire de Donald Trump », précise-t-il, « parce que nous connaissons bien la politique étrangère d’impérialisme moral des administrations démocrates. »

En ce qui concerne l’UE, pour Orbán – et on peut difficilement le contester –, les libéraux voudraient transférer vers Bruxelles une partie croissante des souverainetés nationales pour imposer à tous leur propre conception des « valeurs européennes ». Or, à mesure que leur pouvoir s’accroît, les institutions bruxelloises « ont une inévitable propension à l’arbitraire, une tendance à appeler état de droit ce qui n’est qu’état de chantage ».

Mais c’est bien en matière d’immigration que « la politique libérale et la politique conservatrice […] mènent un combat à la vie et à la mort », car, « pour les gogos libéraux, il n’y a rien à craindre de l’immigration de masse, même lorsqu’elle prend la forme d’un tsunami. Le fait que les traditions nationales et religieuses de ces invités non sollicités s’écartent sensiblement des nôtres, et s’opposent même à elles, ne compte pas pour eux. Le terrorisme, la criminalité, l’antisémitisme, les organisations sociales parallèles ne seraient que des désordres transitoires, éventuellement les douleurs de l’enfantement du merveilleux nouveau monde qui verra incessamment le jour ». Les conservateurs, eux, refusent « cette expérimentation à l’issue douteuse sur l’homme et sur la société » car « le risque d’une tension interculturelle chronique est trop grand pour pouvoir être assumé ».

C’est indiscutable, on n’en voit que trop bien les effets aujourd’hui en France. •

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