De notre correspondant permanent à Varsovie. – Le Parlement européen votait jeudi à Bruxelles sur une résolution contre la Pologne dans le cadre de la procédure de sanction de l’article 7 du Traité sur l’Union européenne lancée en décembre 2017 par la Commission. C’est au Conseil européen (la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement des 27), c’est-à-dire aux Etats membres, de se prononcer à une majorité des trois cinquièmes sur « la constatation d’un risque clair de violation grave, par la République de Pologne, de l’Etat de droit ». En l’absence d’une telle majorité, la procédure stagne et cette stagnation déplaît à une majorité d’eurodéputés : 513 d’entre eux ont voté en faveur de la résolution appelant à sanctionner la Pologne, 148 ont voté contre et 33 se sont abstenus.
A de rares exceptions près, ce sont les groupes de l’extrême gauche (GUE/NGL – où siège La France Insoumise – et Verts/ALE, le groupe d’EELV) au centre-droit (PPE – le groupe des LR –, mais sans les Hongrois) en passant par la gauche sociale-démocrate (S&D, où siègent les députés français PS et Génération.s) et le centre libéral (Renew Europe, le groupe des LREM) qui ont voté massivement pour ce rapport, tandis que les conservateurs (CRE, où siège le PiS polonais) et les souverainistes (I&D, où siège le RN français) votaient contre.
La fausse droite française a donc voté comme un seul homme en faveur d’une résolution contenant le rapport du socialiste espagnol López Aguilar dans lequel les questions d’Etat de droit ont été reléguées au second plan, comme l’a très bien montré le « débat » sur ce rapport qui s’était tenu trois jours plus tôt en session plénière (voir « Nouveau “débat” au Parlement européen contre la Pologne » dans Présent du 16 septembre), au profit des questions sociétales comme les droits et privilèges LGBT et l’accès à l’avortement. Des questions sociétales dont l’UE n’a pas normalement à se mêler si l’on s’en tenait aux traités signés et ratifiés par les 27, mais quand les institutions européennes parlent de respect de l’Etat de droit dans des pays comme la Pologne et la Hongrie, elle est la première à s’asseoir sur ce beau principe. Car la résolution votée jeudi par le Parlement européen appelle non seulement le Conseil et la Commission à sanctionner la Pologne pour son refus de se soumettre à l’idéologie LGBT et de laisser endoctriner et sexualiser les enfants à l’école et pour son refus de libéraliser l’avortement, elle exige aussi la création de nouveaux instruments permettant de sanctionner les pays politiquement non conformes en contournant les traités. Et le pire, c’est que même des députés LR comme Nadine Morano et François-Xavier Bellamy ont voté pour, même si ce dernier se défend en mettant en avant ses votes négatifs sur les parties idéologiques du rapport. Il n’empêche que, pour le vote final, Bellamy le « conservateur » a lui aussi voté pour l’ensemble de cette résolution ultra-libertaire, eurofédéraliste et antidémocratique.
Réaction du ministre de la Justice polonais, Zbigniew Ziobro, au vote du Parlement européen concernant son pays : « C’est une tentative de remise en cause de la démocratie. N’étant pas d’accord avec les décisions démocratiques de la société polonaise, l’UE sort l’artillerie lourde et conduit une guerre d’usure contre la Pologne, en agitant toute une série de reproches déplacés et absurdes ». •
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