Les terroristes ont gagné car ils n’ont pas « eu notre haine »

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Une tribune libre de Jordan Bardella, vice-président du Rassemblement national, député français au Parlement européen.


Le procès qui s’est ouvert hier ne condamnera pas les auteurs de l’attaque qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo. S’il jugera quatorze de ceux qui en ont facilité l’exécution, il est surtout un procès pour l’histoire, un procès devant placer au cœur des débats la responsabilité d’une idéologie, l’islamisme, source d’un combat tous azimuts mené contre l’Occident, et défendre sans condition la liberté d’expression et son droit au blasphème. 

En cinq ans, il faut le dire, ces deux libertés, constitutives de l’ADN français, n’ont eu de cesse de reculer. Et cette régression peut compter sur un allié de taille : une partie de la gauche, devenue allergique à la laïcité, ici par accointance avec la cause communautariste et indigéniste, là par calcul électoral quitte à faire taire ou à criminaliser tout débat autour de l’islam. Cette même gauche qui, jadis républicaine, prenait le plus grand plaisir à « bouffer du curé », mais qui n’hésite pas aujourd’hui à se mettre à genoux devant les représentants de l’islam politique, comme lors de la « marche contre islamophobie » organisée par le CCIF le 10 novembre dernier.

Notre nation, qui a certainement poussé l’anticléricalisme plus loin que toutes les autres, a pourtant été incapable de faire bloc derrière une jeune fille de seize ans, Mila, menacée de mort et harcelée de toute part après avoir osé parler de la religion musulmane en des termes familiers – et qu’aucun établissement scolaire n’a d’ailleurs accueillie depuis. Comment expliquer qu’une journaliste et ex-collaboratrice de Charlie Hebdo, Zineb El Rhazoui, soit obligée de bénéficier d’une protection policière parce qu’elle refuse de se soumettre à la fatwa imposée par les islamistes sur nos libertés ?

Il y a derrière ceci la progression du salafisme par des réseaux ancrés et la diffusion de ses thèses par une jeunesse en sécession, mais il y a aussi la lâcheté et les reniements d’une partie de la classe intellectuelle et universitaire française qui se complaît dans le gauchisme culturel. Comment ne pas pointer du doigt la responsabilité de toux ceux persuadés que donner son amour et sa compassion plutôt que sa haine aux djihadistes, suffirait à les remettre dans les bras de la République ? De tous ceux qui, faux sociologues et vrais militants, n’aident en rien à comprendre mais cherchent à excuser ? De cette extrême-gauche enfin qui, prisonnière d’un schéma « dominants-dominés », n’en finit plus de faire transformer les coupables en victimes ? C’est parce qu’ils n’ont pas eu notre haine et parce que leurs victimes n’ont pas reçu un soutien inconditionnel que les terroristes du 7 janvier 2015 ont gagné à titre posthume.

Il est plus fondamental que jamais de reprendre du terrain aux dépens des censeurs et des intimidateurs. Nous devons refuser systématiquement que l’accusation d’ « islamophobie » serve à empêcher de dire, décrire et voir la réalité. Nous devons réaffirmer que critiquer une religion, subtilement ou non, ne doit jamais être confondu avec l’attaque de ceux qui en partagent la foi. Enfin, nous ne devons accepter aucun accommodement raisonnable avec ceux qui, galvanisés par la progression mondiale de l’islamisme, voudraient faire de leur religion un code politique, juridique et social et supprimer ceux qui ne les suivraient pas.

Être Charlie est à ce prix.

 

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