Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans le mot "dangereux" ? Voici la question qu'on pourrait se poser au vu de l'actualité judiciaire. A Zurich, un requérant d'asile marocain, délinquant sexuel réputé dangereux tout particulièrement lorsqu'il ne prend pas ses médicaments, a obtenu une sortie non accompagnée. Il devait être expulsé, il a choisi de prendre la poudre d'escampette. Etonnant !

A Neuchâtel, un violeur multirécidiviste vient d'avoir gain de cause après s'être plaint de n'avoir ni soins ni sorties. Il est vrai que les psychiatres le jugent trop dangereux pour lui rendre la liberté tandis que les instances carcérales voient en lui un personnage ingérable. Faisant preuve d'un rare courage, sans doute en mémoire du criminel Jean-Louis B. parti dans la nature au cours d'un pique-nique, le chef du service pénitentiaire neuchâtelois a jugé utile de garder le criminel au frais. L’Autorité neuchâteloise de recours en matière pénale lui donne tort. Selon elle, "ces sorties ne sont pas un simple confort du recourant, c’est aussi l’occasion d’observer sa capacité à interagir avec la société."

Il y a eu Marie, il y a eu Adeline. On disait qu'elles n'avaient pas été assassinées en vain, que les violeurs, les tueurs ne sortiraient plus aussi facilement. Hélas, l'histoire apprend à l'homme que l'homme n'apprend rien de l'histoire. C'est si loin tout ça, sept ans déjà, qui se souvient ?

Plus loin encore, il y a eu en Suisse une votation au sujet d'une initiative réclamant l'internement à vie des délinquants dangereux et non amendables. Le peuple et les cantons ont accepté le texte, préférant protéger les victimes plutôt que leurs bourreaux. Hélas, le monde politique a fait majoritairement le choix inverse, de sorte que l'internement à vie reste une très rare exception. Ce qui permet de remettre des individus dangereux sur rue pour observer leur capacité à interagir avec la société. Ce qui permet à ces individus dangereux de faire de nouvelles victimes. A qui le tour ?

Yvan Perrin 4.07.2020