Mis régulièrement en cause depuis des années par plusieurs organismes internationaux, le président kosovar Hashim Thaçi a fini par se voir inculper mercredi de « crimes contre l’humanité et crimes de guerre, y compris le meurtre, la disparition forcée de personnes, la persécution et la torture » par le tribunal spécial pour le Kosovo basé à La Haye.
« Le serpent » rattrapé par son passé
Rappelons d’abord que Hashim Thaçi, surnommé « le serpent », est l’ancien chef politique de l’Armée de libération du Kosovo (UCK), qu’il a fondée au milieu des années 1990 avec son bras droit, Kadri Veseli, actuel chef du Parti démocratique du Kosovo, accusé des mêmes crimes par le tribunal spécial. Chef des négociateurs kosovars albanais à la conférence de paix de Rambouillet en 1999, puis Premier ministre en 2008 du Kosovo dont il a proclamé l’indépendance, il a été élu président en avril 2016, malgré une image ternie par plusieurs rapports mettant gravement en cause son action pendant le conflit du Kosovo entre 1998 et 2000. Dès 2011, en effet, un rapport du Conseil de l’Europe l’accusait d’avoir dirigé un trafic d’organes pendant et après cette guerre qui a fait près de 13 000 morts. En même temps, certains pays de l’OTAN devaient présenter Thaci comme « le plus dangereux des parrains de la pègre » de l’UCK. Des accusations qu’il a toujours rejetées, se disant même prêt, en 2018, à comparaître devant le tribunal pour le Kosovo. Des accusations, aussi, qui n’ont pas empêché Macron de le recevoir en grande pompe à l’Elysée en mars 2018, ni de l’inviter la même année à participer à ses côtés aux commémorations du 11 novembre en France…
Empêcher une éventuelle amnistie
Bref, autant dire que son inculpation mercredi par le procureur des Chambres spécialisées pour le Kosovo n’aura pas vraiment été une surprise. Elle est cependant tombée au pire moment pour Thaçi, puisque lorsqu’elle a été officiellement annoncée, celui-ci et son Premier ministre Avdullah Hoti étaient en route pour Washington, où ils devaient rencontrer ce samedi le président serbe, Aleksandar Vucic, et l’émissaire de Donald Trump pour les négociations Serbie-Kosovo, Richard Grenell, pour des négociations visant à normaliser ses relations avec Belgrade. Un moment toutefois choisi volontairement par le procureur qui, dénonçant dans un communiqué les « efforts répétés de Hashim Thaçi et de Kadri Veseli pour entraver et miner le travail » du tribunal spécial, craignait qu’un accord avec l’ancien ennemi serbe inclue une amnistie et annule ainsi son travail. Une crainte qui tend à se dissiper puisque, le sommet de Washington ayant aussitôt été annulé, l’initiative américaine semble désormais fortement compromise. •
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