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Une guerre turco-égyptienne en Libye ?
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Michel Garroté -- Petit rappel pour commencer : j'avais signalé, en substance, sur lesobservateurs.ch (voir le lien vers la source ad hoc au bas de la présente analyse), en décembre 2019, que le dictateur intégriste Erdogan annonçait que la Turquie allait envoyer des troupes en Libye pour soutenir le 'Gouvernement d'Union Nationale' du frériste Fayez al-Sarraj (le GNA : concrètement, des islamistes, soutenus par la Turquie, et ce, aux termes d'un accord militaire, signé entre les deux parties (le GNA est soutenu par le Qatar également). De son côté, le maréchal libyen Haftar, un laïc, était, et, est encore, soutenu par les Émirats Arabes Unis (EAU), l’Égypte, les Etats-Unis, la Russie, l’Arabie saoudite et la France. (...) Nous sommes donc exposés au risque de possibles interventions militaires - égyptienne et turque - en Libye, à une guerre turco-égyptienne sur sol libyen, avais-je ajouté, en substance.
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Dernière escalade à ce stade, l’Égypte prévient que toute avancée des forces islamistes en Libye entraînera de sa part une intervention militaire directe (voir les liens vers les sources ad hoc au bas de la présente analyse) : et c'est au Caire que d'intenses tractations diplomatiques se jouent. La présence turque en Libye constitue, à juste titre, un danger létal aux yeux de l'Egypte. Et les relations de l'Egypte avec la Turquie du président-dictateur islamiste Erdogan sont très mauvaises depuis que le président laïc Abdel Fattah Al-Sissi est au pouvoir. Celui-ci avait, fort heureusement, déposé, en 2013, le président intégriste Mohammed Morsi, membre de la confrérie djihadiste et crypto-terroriste des Frères musulmans.
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L'organisation frériste, qui est donc considérée, avec raison, comme terroriste, par l'Egypte et les Emirats, est, à l'inverse, protégée et soutenue par Erdogan-la-brute et par les électrons libres djihadiques au pouvoir au Qatar. Et l'échec du laïc Haftar avec l'avancée des islamistes en Libye apparaît donc comme une menace pour Le Caire, menace qui s'ajoute à celle de la frontière égyptienne du sud, face à l'Ethiopie dans le dossier du barrage de la Renaissance. Abdel Fattah Al-Sissi a voulu protéger son pays du gouvernement islamiste libyen, et voici que la Turquie, une puissance militaire membre de l'OTAN, et dirigée par un despote proche des Frères musulmans, vient aux portes de l'Egypte.
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Consciente de ne plus avoir la maîtrise du terrain, l'Egypte s'est donc résolue à coordonner sa riposte, notamment avec la Russie. La question est de savoir si Haftar va être maintenu, ou, s'il faut lui chercher un remplaçant pour sécuriser l'est et le sud libyen. Une affaire à suivre de près. A noter que la situation libyenne rappelle plus que jamais celle du conflit syrien, où la Russie et la Turquie se trouvaient déjà en opposition frontale, notamment sur la question d'Idlib, et ont fini par trouver un modus vivendi. Très clairement, la Libye se trouve plongée dans une guerre dite "civile" (entre laïcs et intégristes) qui apparaît sans fin.
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A noter également les nombreux navires de l’OTAN qui patrouillent dans le secteur maritime proche de la Libye, et, qui ont observé, sans broncher, le ravitaillement militaire, par cargos sous divers pavillons, escortés par la marine militaire turque : on ne se cache même pas (voir les liens vers les sources ad hoc au bas de la présente analyse) : le 10 juin dernier, une frégate française, le Courbet, sous commandement de l’OTAN, s’est intéressée de trop près à un cargo battant pavillon tanzanien et qui, au lieu d’aller en Tunisie comme annoncé, a changé de route en direction de la Libye. Une des frégates turques qui l’accompagnaient a alors actionné son radar de tir, "illuminant" longuement la frégate française.
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C’est une intimidation inédite entre navires de deux pays membres de l’OTAN. Les protestations de la France auprès de l’organisation ont eu un certain écho en Europe, mais l’OTAN n’a pas cillé. Son secrétaire général, l’ineffable socialiste islamophile Stoltenberg, a éludé, n’a rien dit à la Turquie, mais, pour comble, a rappelé que l’OTAN devait renforcer sa vigilance face au "comportement déstabilisateur et dangereux de la Russie". L'OTAN est donc dirigée par un individu qui est à la fois un traitre et un collabo. Erdogan peut ainsi avancer, en Libye et ailleurs, car pour l'instant, toutes les voies sont libres.
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Michel Garroté pour lesobservateurs.ch, 26.06.2020
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Sources :
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L'échec d'Haftar en Libye signe la victoire – temporaire ? - de la stratégie d'Erdogan
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Pour l’OTAN, un seul ennemi : la Russie. Erdoğan peut être tranquille !
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https://www.bvoltaire.fr/pour-lotan-un-seul-ennemi-la-russie-erdogan-peut-etre-tranquille/
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La Turquie entend devenir la première puissance militaire en Méditerranée et en Afrique
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https://strategika51.org/2020/06/23/la-turquie-entend-devenir-la-premiere-puissance-militaire-en-mediterranee-et-en-afrique/
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Une guerre turco-égyptienne sur sol libyen ?
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https://lesobservateurs.ch/2019/12/20/une-guerre-turco-egyptienne-sur-sol-libyen/
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Qui bottera le cul d'Erdogan-la-brute ?
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https://lesobservateurs.ch/2020/03/13/qui-bottera-le-cul-derdogan-la-brute/
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Qui sait, peut-être que les égyptiens auront un peu de courage et stopperont ce serpent, il ne faut pas compter sur les européens qui lui servent de paillasson, il s’essuie les pieds dessus quand il a envie, des vrais mauviettes qui se rangent la queue entre les jambes a chaque fois qu’il éternue.
Pauvre europe, seul la Russie désormais peut nous sauver.