En Italie, les journées de dimanche et lundi ont suscité l’espoir de voir enfin les mesures de confinement faire effet : pendant deux jours de suite, le nombre de nouveaux cas diagnostiqués porteurs du coronavirus SARS-CoV-2 était en baisse, à la fois au niveau national et en Lombardie, épicentre de l’épidémie de l’autre côté des Alpes.
Pendant ce temps en Espagne, la situation ne fait qu’empirer. Lundi était le 27e jour de l’épidémie en Espagne, et celle-ci compte plus de malades et de morts que n’en comptait l’Italie au même moment ! Mardi matin, on dénombrait déjà du côté espagnol 35 136 cas confirmés et 2 411 morts dont plus de 500 personnes décédées au cours des dernières 24 heures. Environ 4 000 personnels médicaux sont déjà eux-mêmes contaminés. Pour pallier le manque de place dans les hôpitaux, la région de Madrid, qui est une des plus touchées, installe un hôpital de fortune dans les pavillons de la Foire de Madrid, où il devrait bientôt y avoir pas moins de 5 500 lits. Dans tout le pays, des hôtels sont médicalisés afin d’accueillir des malades. On manque de tests, de masques et autres équipements de protection.
Le Palais de Glace, centre commercial madrilène abritant une patinoire de 1 800 m2, a été transformé en morgue dans la nuit de lundi à mardi, car les entreprises de pompes funèbres n’arrivent plus à suivre le rythme des décès et les morgues de la ville sont pleines. Le virus chinois a frappé particulièrement durement dans les maisons de retraite, où des soldats envoyés en renfort depuis le week-end pour contrôler ces établissements après des décès par dizaines ont découvert des gens morts dans leur lit.
Un confinement généralisé de la population a été décidé et l’état d’urgence décrété le 14 mars, et cet état d’urgence devrait être prolongé mercredi de deux semaines par un vote au Parlement, ce qui a été annoncé dimanche aux présidents des communautés autonomes (régions), dont certains demandent même des mesures de confinement plus strictes et la mise à l’arrêt des industries non vitales.
Comme en France, la légèreté du gouvernement durant la première phase de l’épidémie n’est pas pour rien dans sa progression exponentielle. Le 8 mars, l’Espagne comptait officiellement un demi-millier de cas confirmés de Covid-19 localisés surtout à Madrid. Il s’est toutefois avéré plus tard que le gouvernement de Pedro Sánchez était déjà ce jour-là en possession de chiffres nettement plus importants pour la capitale, ce qui ne l’a pas empêché non seulement d’autoriser mais même d’encourager les manifestations féministes de cette Journée de la femme. A Madrid, plus de 120 000 femmes ont ainsi défilé serrées les unes contre les autres, avec à leur tête le ministre de l’Egalité, Irene Montero, du parti d’extrême gauche Unidas Podemos, qui a été testée positive au coronavirus quatre jours après. Après avoir caché les vrais chiffres à Madrid, le gouvernement a refusé d’empêcher les gens d’en partir en masse quand les autorités régionales ont fermé les écoles, ce qui a favorisé une large diffusion de l’épidémie alors que le nombre de malades après le 9 mars augmentait plus vite à Madrid qu’à Milan. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’Espagne se trouve aujourd’hui dans la même situation que l’Italie. •
Photo : La progression de l’épidémie en Italie (à partir du 21 février), en France (à partir du 26 février), en Allemagne (à partir du 25 février), en Espagne (à partir du 26 février), en Grande-Bretagne (à partir du 27 février) et en Pologne (à partir du 6 mars). Chiffres pris en compte à partir du moment où le nombre de cas diagnostiqués s’est mis à augmenter quotidiennement dans chaque pays.
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