Publié le 28 février 2020 - par Richard Mil
On ne peut exterminer la mémoire ! ♦ Grafika patriotyczna ou Graphisme patriotique
La Pologne commémorera sous peu le 80e anniversaire de l’un des épisodes les plus sombres de l’an 40 avec une intelligentsia polonaise décimée en quelques semaines. Les faits eurent lieu un mois avant l’invasion de la France. Ironie du sort, en polonais kat signifie bourreau.
Katyn est l’éponyme d’un carnage en cinq localités. Méthodes des envahisseurs d’un État totalitaire comme l’URSS et l’Allemagne nazie ? Terreur policière, déportations massives et génocide industriel. Le bloc arabo-musulman a connu et connaîtra ses mini-Katyn à échelle locale.
1/8 Contexte géographique
Pologne 1939
Frontières post Première Guerre mondiale
Pologne 1940
Après mise en service du pacte Ribbentrop-Molotov
L’URSS accapare 51,4% du territoire
Katyn se situe en Russie, à 20 km à l’ouest de Smolensk.
2/8 La genèse : le pacte Ribbentrop-Molotov
Le point de départ de cette sinistre mise à mort est l’annexe secrète du Ribbentrop-Molotov du 23 août 1939 ou liquidation et partage de la nation polonaise. Ainsi débute la planification du quatrième démantèlement de la Pologne après ceux de 1772, 1793 et 1795.
Lorsque l’Armée rouge entre en Pologne le 17 septembre 1939, l’URSS n’a pas au préalable déclaré la guerre à la Pologne. Staline justifia cette agression par la nécessité de rétablir l’ordre public après la chute de l’État polonais et de protéger Ukrainiens et Biélorusses de l’est de la Pologne contre les attaques allemandes : une agression préventive dans toute sa splendeur qui aura fait plus de victimes que l’assaut de la Wehrmacht en logiciel Blitzkrieg.
En d’autres termes, et ceci est décisif dans la logique du processus criminel stalinien, les Polonais des territoires de l’Est furent reconnus comme citoyens soviétiques et non comme prisonniers de guerre. En conséquence, les Polonais se sont vu refuser la protection accordée aux prisonniers de guerre en vertu de la Convention de Genève.
Ayant servi dans une « armée capitaliste », les prisonniers de guerre polonais furent traités comme des criminels, accusés d’avoir participé à des activités contre la classe ouvrière et le prolétariat. Fin 1939, ils sont considérés comme des ennemis féroces du pouvoir soviétique, qui plus est catholiques dans la majorité des cas alors que seul Staline est Dieu.
Après le chaos général de septembre 1939 et le manque de directives claires face à cette occupation germano-soviétique, 125.000 prisonniers – dont 10.000 officiers – sont aux mains du NKVD et non du commandement militaire, ce qui représente une violation du droit international.
3/8 Lieux d’internement : Ostachkov, Kozelsk, Starobilsk
Les officiers capturés furent d’abord internés dans des camps de transit de l’Armée rouge situés près de la frontière polono-soviétique. En novembre 1939, ils furent transférés plus profondément en URSS, cette fois dans des camps sous tutelle NKVD.
Du nord au sud. Ostachkov : internement des policiers. Kozelsk, Starobilsk : internement des officiers. À Kozelsk et Starobilsk, les sbires NKVD épluchaient le passé des officiers et sondaient leur moral. À Ostachkov, les officiers de police furent traités bien plus sèchement, surtout ceux ayant poursuivi des communistes polonais avant la guerre. Pour eux, la déportation équivalait déjà quasi à la peine de mort.
Au sein de ces camps, la vie religieuse restait intense et des messes étaient célébrées parfois en catimini.
Avril 1940
Transfert des camps d’internement vers les lieux d’exécution (flèches rouges)
4/8 Le déclencheur 794/B
En dépit de l’internement, le NKVD constate la fibre patriotique toujours vivace de prisonniers ne rêvent que de se battre pour la restauration de la souveraineté polonaise. Ce patriotisme inquiète le Kremlin qui y voit là une source de troubles intérieurs potentiels. C’est ici qu’intervient Beria : il faudra discrètement faire taire des ennemis des Soviets ne rêvant que du retour d’une Pologne indépendante.
Le 5 mars 1940, le patron du NKVD Beria écrit à Staline : Dans les camps de prisonniers de guerre et dans les prisons des régions occidentales de l’Ukraine et de Biélorussie, un grand nombre d’anciens officiers de l’armée polonaise, d’anciens employés de la police polonaise et des services de renseignement, des contre-révolutionnaires nationalistes polonais actuellement détenus sont tous des ennemis féroces du pouvoir soviétique, remplis de haine envers le système soviétique.
Beria présente son projet de solution finale au Politbureau et obtient le feu vert suivant la décision secrète P13/144 signée par Saline et de hauts dignitaires. Elle relève de la liquidation de 14.700 personnes détenues à Ostachkov, Kozelsk et Starobilsk, sans autre forme de procès. Beria ordonne également l’expulsion vers le Kazakhstan de familles de prisonniers de guerre polonais internés dans ces trois camps.
Document 794/B de Beria à Staline, 5 mars 1940
Conséquence : décision secrète P13/144
5/8 Une balle dans la nuque
L’action débute le 3 avril 1940. Le NKVD procède à la liquidation des camps de Kozelsk, Starobilsk et Ostachkov. Durant six semaines, les officiers de l’armée, du renseignement, du contre-espionnage et de la police d’État seront véhiculés vers leur destin, de même que d’autres Polonais internés sur les territoires annexés par l’URSS.
Durant la tragédie, le gouvernement polonais émigré est interné en Roumanie et aucune instance n’est en mesure de protéger les droits des Polonais.
Les dernières études menées par un groupe d’historiens polonais mentionne 21.892 victimes (dont plus de 14.000 prisonniers de guerre et près de 7.500 prisonniers civils) de cette folle industrie administrative stalinienne de la mort.
Lieu et nombre des exécutions sur fond de carte actuelle
Kalinin 6287, Katyn 4404, Minsk 3870, Kharkov 3896, Kiev 3435
6/8 Tout n’est que rapport de forces internationales
Après Katyn, de sombres nuages s’accumulent sur le Kremlin et les Soviétiques ont vent dès mars 1941 du Plan Barbarossa alors que la « soviétisation » de l’est de la Pologne se poursuit. Même après l’invasion par la Wehrmacht, la population continue d’être massivement déportée toujours plus profondément en Union soviétique. Le NKVD poursuivra ses actions de purification jusqu’au son des bottes allemandes.
L’Occident n’a évidemment plus d’autre choix que d’aider l’URSS à combattre le nouvel ennemi commun. Le lendemain de l’invasion allemande, le Premier ministre polonais et commandant en chef Sikorski salue dans un discours radio le combat de l’URSS et « la lutte conjointe contre l’Allemagne ». Il évoque également la restauration de la frontière polono-russe d’avant septembre 1939.
Sans rien savoir de Katyn, il demande la libération des prisonniers de guerre et civils déportés vers l’URSS. Malheureusement, environ 15.000 Polonais manquent à l’appel.
En 1943, des troupes allemandes stationnées dans les forêts de Katyn découvriront un peu accidentellement les fosses communes de Katyn. Une nouvelle tombant à pic pour l’Allemagne nazie propagandiste : après la défaite de Stalingrad, la révélation du massacre fut l’occasion d’attirer l’attention sur les crimes commis par un membre de la coalition antihitlérienne. Les nazis espéraient ainsi diviser les partenaires de cette coalition, conscients entre autres des nombreuses divergences entre le gouvernement polonais en exil et les autorités soviétiques.
7/8 1943 : étouffons l’affaire d’un commun accord
Cela s’appelle la raison d’État, plus précisément des États.
13 avril : la radio allemande diffuse le premier bulletin accusant l’Union soviétique d’avoir assassiné des officiers polonais peu de temps après l’invasion germano-soviétique de 1939. En réponse, les Soviétiques rapportent qu’il s’agit de prisonniers de guerre polonais employés dans des travaux de construction et tombés entre les mains de tortionnaires allemands.
15 avril : le gouvernement polonais en exil charge son représentant en Suisse d’approcher la Croix-Rouge pour l’ouverture d’une commission d’enquête. Le lendemain, Hitler et Goebbels font de même tandis que la Pravda accuse les Polonais de collaborer avec l’Allemagne nazie.
21 avril : Staline envoie un message secret à Churchill et Roosevelt, accusant Sikorski de collusion avec Hitler et le gouvernement polonais d’hypothéquer toute alliance avec l’URSS. Étant donné la grande autorité d’un Staline vainqueur à Stalingrad, Roosevelt et Churchill ne souhaitent affaiblir l’unité des Trois Grands et l’on fermera ainsi les yeux sur « l’affaire Katyn »
28 novembre : lors de la conférence secrète de Téhéran, la nouvelle frontière orientale de la Pologne est fixée selon les souhaits de Staline. L’Ukraine et l’ouest de la Biélorussie intègrent les frontières de l’URSS et le gouvernement polonais en exil n’en est point informé. La Pologne géographique de l’entre-deux-guerres ne renaîtra plus…
Le 13 avril 1990, 47 ans jour pour jour après la déclaration radiophonique de Goebbels, Mikhaïl Gorbatchev reconnaît publiquement l’entière culpabilité de l’URSS.
8/8 Pologne souveraine
En Pologne d’après-guerre, Katyn fut un sujet entièrement tabou et quitte à l’évoquer, les médias polonais adhéraient fidèlement à la Grande Encyclopédie soviétique attribuant la responsabilité à l’Allemagne nazie. Les censeurs avaient également pour tâche d’empêcher la publication des identités des victimes.
Aujourd’hui, la droite (ultra)nationaliste et les nombreux cercles patriotiques polonais entretiennent la mémoire de ce qu’ils considèrent comme un génocide à l’encontre de la patrie. Seuls quelques internautes agités complotistes pro-russes entretiennent encore le mythe de la responsabilité nazie.
On a beau acclamer Poutine pour sa fermeté mais lorsqu’il se lance dans ses superbes envolées historiques, il omet systématiquement Katyn. Comme tous les grands chefs d’orchestre, Vladimir n’aime pas les fausses notes.
Dans son malheur, la France 1940 n’a pas connu de telle décimation de son intelligentsia. Mais la France a connu Verdun et aucun clavier ne saura jamais définir ce charnier, certains Poilus considérant la balle dans la nuque comme la délivrance suprême. Honneur à leur sacrifice et honneur à un Zemmour né pour qu’ils ne soient pas morts pour rien.
Richard Mil+a
Manifestation des ultras à Cracovie, 2014
À quand nos banderoles POITIERS 732 ?
Mémorial au cimetière de Powazki, Varsovie
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Attention, images sensibles!
https://www.youtube.com/watch?v=tRivergNCh8&has_verified=1
Comment ce fait il que les feuilles d’ordre officiels de 1940 d’execute ces officiers,et sortis sois disant des archives sovietiques ,ont des tampons du PCUS.Parti creer en 1952 ( parti communiste d’union sovietique).et qu’avant depuis 1925 les tampons officiels etaient PCb (parti bolchevique) de l’union sovietique….?
Ben oui! Ce XXème siècle aura été l’avance inexorable des 3 clans bolcheviques. Et les tueurs de Staline portaient de longs, jolis tabliers en cuir (j’ai vu ça dans un documentaire sur Arte, la chaîne franco-allemande)
Comme l’intelligentsia locale STALINE AURAIT FAIT EXÉCUTER L’UDC. N’attendons pas trop pour la soutenir sans faille aux votations et élections. Cet ULTIME REMPART SUFFISAMMENT FORT ET ADAPTÉ A LA DÉFENSE DE NOS LIBERTÉS, sans être totalement parfait, comme se plairaient à le faire remarquer nos trop excellents ennemis de l’intérieur, qui savent bien que nous souhaitons la perfection qui leur fait sérieusement défaut alors qu’ils ne se repaissent que d’anarchies pour tous et partout, propre à cacher leurs exactions et leurs pillages.