Romaine Morard en lévitation

On ne perdait pas son temps ce matin en écoutant la Première. Romaine Morard avait invité Kelmy Martinez, trésorier des deux associations vaudoises de la grève pour le climat et membre du comité directeur des Jeunes socialistes vaudois. Le personnage était appelé à prendre position quant au financement des structures qu'il gère à la suite d'une enquête révélant que les grévistes n'étaient non seulement pas aussi pauvres que leur dégaine pouvait le laisser penser mais qu'ils avaient un gros souci de transparence quant à la provenance des fonds. On rappelle ici que parmi les généreux sponsors, on trouve l'Etat de Vaud à hauteur de CHF 10'000.--. Kelmy Martinez a fait face à une journaliste pertinente, posant de bonnes questions auxquelles il apporta de bien pauvres réponses.

Lorsque Romaine Morard a mis en évidence le fait que l'identité des plus gros sponsors, CHF 80'000.—et CHF 20'000.— quand même, restait secrète alors que les grévistes portaient la transparence en bandoulière, le jeune homme a expliqué que tout s'était passé très vite et que le mouvement travaillait sur la question afin de mettre ses actes en cohérence avec ses revendications. Kelmy Martinez a tenu à préciser que les protagonistes étaient tous des bénévoles, tous jeunes, tous amateurs dans le domaine et qu'ils faisaient tous ça à côté de leurs études, à côté de leur travail. Evidemment, dans ces conditions, le péché est véniel mais on lui fera remarquer que ce qui lui sert d'excuse, c'est juste le principe de milice appliqué à la politique. Cette méconnaissance des joies et des peines de notre système démocratique surprend de la part d'un individu pourtant membre du comité directeur des Jeunes socialistes vaudois.

Pour ce qui est de la transparence, ce sont les bénévoles qui ont vérifié à l'interne que les sommes proposées provenaient bien de personnes ou d'organismes favorables au climat, refusant tout don dans le cas contraire. Fort bien ! Mais cela ne renseigne guère quant à l'identité des donateurs acceptés. On relèvera avec Romaine Morard que les grévistes sont antisystème mais ne crachent pas sur l'argent public. En clair, ils prennent les billets avant de remordre la main qui les tend. C'est beau. On peut aussi s'interroger quant au cerveau qui commande la main en question. Est-il utile de fournir la munition à celui qui vous tire dessus ? Manifestement, le Conseil d'Etat vaudois pense que oui.

Ce très intéressant échange matinal a clairement mis en évidence que Kelmy Martinez et ses amis exigent des banques et des partis politiques une transparence dont ils s'exonèrent, estimant que leurs "contrôles internes" suffisent. Il serait bon que Kelmy Ramirez, cadre du Parti socialiste vaudois en parle à Ramirez Kelmy, trésorier opaque de la grève pour le climat. Cela éviterait qu'un satellite du PS pratique une politique de brouillard financier alors que la maison mère passe son temps à faire de la vertu un argument de vente. On aimerait bien entendre la présidente du Parti socialiste vaudois sur cette dichotomie voire le Grand Chef suisse, celui qui dénonce les milliardaires zurichois à longueur de journée. Manifestement, les milliardaires pro-climat l'incommodent moins mais vu leur beau geste, on se demande tout-de-même pourquoi ces généreux altruistes tiennent tant à rester anonymes. Celui qui fait le bien n'a pas à se cacher. A moins qu'il se nomme Soros.

Yvan Perrin, 27.2.2020