On vient enfin de publier en français le livre de David Reich “Who we are and how we got here” de 2018 = “Comment sommes-nous devenus ce que nous sommes? : ce livre ne va pas faire plaisir aux créationnistes, féministes, genristes, antiracistes & Co.
Contrairement à ce qu’on dit d’habitude : non ceci n’est pas un livre qu’on lit comme un roman ! Si comme moi vous croyiez que « il y a 7 000 000 d’années notre ancêtre Tumaï vivait aux bords du Lac Tchad et ses descendants sont partis coloniser le reste de la planète », rangez cette belle histoire à cote de Blanche Neige et Chaperon Rouge et préparez-vous pour un embrouillamini plus complexe que la toile ferroviaire dans la gare centrale de New York… C’est compliqué parce que le thème est compliqué. Reich jongle avec le charabia du super spécialiste en génétique, des millions d’années par ci et des génomes par là… des migrations par ci et des va et viens par là… et des semblants comme ci et des réalités comme ça… Mais, c’est un livre capital parce qu’il tord le cou au politiquement correct et aux folles dingueries qui nous étouffent.
Pour simplifier, lisez cet article, qui rend compte du livre beaucoup mieux que je pourrais le faire, justement parce que ni la préhistoire, ni la génétique ne sont ma tasse de thé…
en voici quelques extraits
<< Ceci étant dit, notre auteur désapprouve le discours politiquement correct qui vise à imposer l’idée selon laquelle les différentes grandes familles humaines contemporaines ne présenteraient pas de différences parfaitement identifiables. Dans un article publié par le New-York Times le 23 mars 2018, il a écrit : ‘’ On peut être préoccupé par une éventuelle mauvaise utilisation des données pour justifier le racisme, mais en temps que généticien je sais aussi qu’il n’est simplement plus possible d’ignorer les différences génétiques moyennes entre les « races ».
Des avancées révolutionnaires dans la technologie de séquençage d’ADN ont été faites au cours des deux dernières décennies. Ces progrès nous permettent de mesurer avec une précision parfaite quelle fraction de l’ascendance génétique d’un individu remonte, par exemple, d’Afrique de l’Ouest. Avec l’aide de ces outils, nous apprenons que, bien que la race puisse être une construction sociale, les différences d’ascendance génétique qui sont corrélées à de nombreuses constructions raciales actuelles sont bien réelles.
Des gens bien intentionnés qui nient la possibilité de différences biologiques substantielles entre les populations humaines se recroquevillent dans une position indéfendable, qui ne survivra pas à l’assaut de la science.
Alors que la plupart des gens conviennent qu’il est important de trouver les explications génétiques de certaines maladies, ils rechignent lorsqu’il s’agit d’influences génétiques sur le comportement et la cognition.
Est-ce que le Q.I., l’intelligence ou le nombre d’années d’éducation est influencé par l’éducation ? Bien sûr. Mais est-ce que cela mesure également des caractéristiques cognitives et comportementales ? Presque certainement. Et comme tous les caractères influencés par la génétique diffèrent d’une population à l’autre (les fréquences des variations génétiques étant rarement identiques d’une population à l’autre), les influences génétiques sur le comportement et la cognition varieront également d’une population à l’autre.
Dans les années à venir les études génétiques montreront que de nombreux caractères sont influencés par des variations génétiques, et que ces traits diffèrent en moyenne entre les populations humaines. Il sera impossible – en effet, anti-scientifique, idiot et absurde – de nier ces différences’’.
Nous devons nous préparer à faire face aux résultats que les études génétiques nous apporteront ces prochaines années. Car elles risquent bien de révéler que les traits comportementaux et cognitifs sont influencés par la variation génétique, et que ces traits diffèrent en général entre les populations humaines, tant du point de vue de la moyenne que de la variation ? Même si nous ne connaissons pas encore ces différences, nous devons être prêts à envisager leur existence et à revoir notre conception des choses, plutôt que de les nier en bloc, au risque de nous retrouver pris au dépourvu lors de leur découverte.
. Il semble que nous ne soyons pas au bout de nos surprises et que le discours politiquement correct va être sérieusement malmené dans un avenir proche. >>
Faut-il être un super généticien pour voir qu’il y a des différences entre des gens comme Catherine Deneuve et Sibeth Ndiaye ? ou entre les Ballets du Bolchoï et ceux de Kiddy Smile ? ou les danses tribales bantoues ? ou entre le Requiem de Fauré et du gospel ? ou entre les estampes japonaises et Daumier ? Ou bien pour savoir que si les gens ont la peau sombre c’est pour se protéger contre le trop de soleil sous les tropiques et s’ils ont la peau claire c’est pour capter le plus de soleil possible là où il y en a trop peu. Tout le monde sait que quand on range les géraniums dans le galetas ils palissent.
Non, il ne faut pas être un Nobel, mais aujourd’hui il faut pouvoir s’appuyer sur des preuves scientifiques pour oser dire des évidences. Il faut être capable de jongler avec des chromosomes, des X et des Y pour oser affirmer que « la différence entre les sexes est plus profondes que celles qui existent entre les populations humaines reflétant plus que cent millions d’années d’évolution et d’adaptation. Males et femelles diffèrent par d’énormes parties de matériel génétique, un chromosome Y que les males ont et que les femelles n’ont pas. »
Quand j’étais au lycée, années 1960, on disait bien qu’il y avait eu les Neandertal et les Cro-Magnon, mais cela était trèèès loin… dans les brumes de la pré histoire en compagnie des dinosaures… La nouveauté de David Reich, c’est que, depuis ces toutes dernières années, très récemment, on parvient à analyser l’ADN qui se trouve dans les ossements préhistoriques et que ces découvertes ouvrent grand des portes et des fenêtres sur notre passé !
Ah, mais, parler de races nous ramène aux heures plus sombres de notre histoire… Reich (qui répète qu’il est juif) répond que ce n’est pas parce que certains font un mauvais usage de données scientifiques qu’on peut les ignorer/cacher et qu’en fait le plus dommageable ce sont les préjugés et les stéréotypes du genre « Vous êtes black donc vous êtes musicien » ou bien « vous êtes juif donc vous êtes intelligent », mais il n’empêche que l’on constate que parmi les Africains de l’Ouest il y a de sacrés sprinteurs. Il y en a aussi autre part ? Oui, sans doute, mettez-les sur une piste et enclenchez un chrono…
Anne Lauwaert, 23.1.2020
MERCI pour ce texte clair, vrai et utile!
Reich ne jongle pas avec le charabia du super spécialiste en génétique, il explique le plus clairement possible (la génétique est difficile d’accès) une histoire complexe , beaucoup plus complexe que celle qui nous fut servie au cours des dernières décennies. Ce livre réduit à néant l’idée de “race pure”; tous les Européens sont issus de mélanges entre chasseurs-cueilleurs du Paléolithique, agriculteurs anatoliens du Néolithique et éleveurs nomades yamnayas de l’âge du bronze. Ces derniers, qui introduisirent sans doute les langues dites indo-européennes, étaient grands mais ils n’étaient pas blonds (la blondeur est apparue au sein des populations de chasseurs-cueilleurs sibériennes), n’avaient ni yeux bleus, contrairement aux chasseurs-cueilleurs, ni peau blanche, contrairement aux agriculteurs venus d’Anatolie (la peau blanche serait apparue avec l’agriculture qui a créé un déficit en vitamine D). Quant à l’origine des langues indo-européennes, elle se situerait du côté du Caucase et du nord de l’Iran où vivaient une partie des ancêtres des Yamnayas lesquels étaient eux aussi issus d’hybridations. Selon Reich, ces trois populations fondatrices différaient entre elles autant que diffèrent de nos jours les Européens et les Asiatiques de l’est. Pour plus de détails, lisez l’article suivant : http://www.adoxa.info/livre-le-dernier-livre-revolutionnaire-de-david-reich-comment-sommes-nous-devenus-ce-que-nous-sommes