Les problèmes multiples posés par la succession exponentielle d’immigrations extra-européennes depuis cinquante ans ne puisent leur source ni dans un prétendu racisme commode, ni dans une xénophobie stigmatisée.
Non plus dans le fait d’avoir installé les migrants au fil des années dans des zones dites défavorisées et qui se sont peu à peu ghettoïsées. Ces zones la plupart du temps suburbaines ne connaissaient pas, avant l’apport immigré, l’ampleur des violences et des trafics qu’elles connaissent aujourd’hui.
Pourquoi d’ailleurs les immigrations précédentes d’origine européenne (Italiens, Espagnols, Polonais, notamment) n’ont-elles pas posé les mêmes problèmes que ceux d’aujourd’hui, ou en tout cas à un niveau très inférieur et limité dans le temps à une génération au plus ?
La question posée porte en elle-même la seule réponse possible que personne ne veut aborder tant elle remet en cause tout un système de valeurs politiques devenu intouchable.
En effet, la seule solution à l’immigration, lorsque le principe du communautarisme n’est pas celui retenu, comme au Royaume-Uni ou aux USA par exemple, repose sur l’intégration qui est donc l’autre réponse à l’immigration. Intégration qui doit déboucher au plus tôt sur une assimilation à la population indigène, lorsque le communautarisme organise à l’intérieur des valeurs d’un peuple, d’autres identités, d’autres conceptions et modes de vie. Des communautés se juxtaposent quand l’assimilation fond (ou est censée fondre) les nouveaux arrivants aux anciens.
La question de l’intégration est donc clairement posée comme étant le motif essentiel aux problèmes de l’immigration.
Or, intégrer et assimiler postule, par définition, l’existence de valeurs et d’identités de référence, c’est-à-dire de codes et de règles de vivre-ensemble fortes, acceptées et respectées de tous, de fierté culturelle et historique. En bref, d’un attachement à une communauté nationale –ou régionale- aux racines puissantes. Mais les modes de vie d’un peuple ne sont pas seulement constitués de grands principes souvent abstraits, même s’ils sont essentiels. Ils sont aussi constitués des petits faits quotidiens, des rapports d’altérité intégrés au fil des siècles, des convenances d’habillement, de forme de politesse, c’est-à-dire les manières de se respecter en fonction des habitudes culturelles locales.
La vie d’une société tourne autour de références sans lesquelles la communication entre les personnes n’existe plus.
Le grand problème de l’intégration à la française git dans la disparition, souvent volontaire au nom des idéologies libertaires et généreuses, du système de référence identitaire de la France. Ce n’est pas d’ailleurs pour rien qu’il semble impossible après la tentative avortée de Nicolas Sarkozy, de définir une « identité française », et encore moins européenne. C’est même un sujet qui exaspère les idéologues progressistes de la mixité et du rejet des valeurs européennes. Nous ne sommes même plus capables de définir un système de valeurs et de références sociétales. Mieux, nous ne le voulons plus. Il faut noter que ce phénomène est beaucoup moins marqué dans les autres pays d’Europe (sauf l’Allemagne traumatisée peut-être).
L’explication repose dans le fait que la France se considère comme la championne de la démocratie des droits de l’homme, de la générosité, fière de sa « terre d’asile » tous azimuts de toutes les misères du monde, et d’une mixité généralisée. Tels sont nos idéologues depuis un demi-siècle qu’ils méprisent en réalité une identité européenne et française en glorifiant valeurs et cultures extra-européennes. Le traumatisme de la décolonisation –propre à la France aussi- avec pour corollaire le devoir de repentance et d’excuse, renforce encore la honte d’être Français, au sens de ses valeurs et identité.
Dans ces conditions comment intégrer des masses d’immigrés lorsqu’on a soi-même discrédité ses propres références ? À quoi les immigrés vont-ils s’intégrer ? À qui vont-ils s’assimiler ? Aux messages de laxisme sociétal, d’individualisme débridé, de son mépris culturel, de sa honte d’être européen? Lorsque l’on ne croit plus à soi-même et à ses valeurs, comment ne pas excuser les comportements d’immigrés arrivant avec leurs propres références et découvrant le vide sidéral d’une société démantelée et sans convictions ? Leur culture, assumée, est devenue plus forte que la nôtre, méprisée et détruite sciemment.
Le problème de l’immigration est celui en réalité de la perte des jalons et des fiertés identitaires d’un certain nombre de pays européens dont la France est le triste fleuron. Là où l’intégration devrait imposer ses valeurs aux arrivants, ce sont les immigrés qui imposent peu à peu les leurs.
Encore faudrait-il ajouter que l’Europe reçoit des immigrés extra-européens à titre individuel et non comme des communautés organisées dès le départ. L’incapacité identitaire européenne ne justifie pas la création structurée de communautés qui n’ont pas besoin de cela pour imposer leurs propres comportements. Car dans les pays où le communautarisme est institutionnel, cela renforce des identités fièrement assumées par les pays d’accueil.
Les identités communautaires ont pour corollaire une forte identité originelle, ce qui n’est donc pas le cas des pays qui ont privilégié l’assimilation qui n’est en réalité que la porte ouverte, pour des sociétés sans consistance, à un remplacement culturel pour les plus forts. Surtout lorsque leur nombre les rend finalement de toute manière, inassimilables.
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