De notre correspondant permanent à Varsovie. – En Pologne, l’avortement n’est autorisé que dans certains cas de figure : grossesse faisant courir un risque pour la santé physique ou la vie de la femme enceinte, enfant à naître atteint d’une maladie ou malformation grave ou incurable, ou grossesse due à un viol, inceste ou autre acte interdit par la loi. C’est ce qu’on appelle ici le « compromis sur l’avortement ». Un compromis atteint en 1993 après plusieurs décennies d’avortement légal et banalisé sous le régime communiste.
Pour les élections législatives du 13 octobre dernier, le seul parti qui avait dans son programme de libéraliser la législation sur l’avortement était le SLD postcommuniste qui se présentait avec deux partis d’extrême gauche. Mais les listes de la gauche n’ont recueilli que 12,56 % des voix.
Car en Pologne, même les libéraux de la Plate-forme civique (PO), le parti dont est issu l’actuel président du Conseil européen Donald Tusk, ne sont pas favorables à une libéralisation plus poussée de l’avortement sur le modèle de l’Europe occidentale. Cela a été redit il y a quelques jours par le nouveau président du Sénat (où le PiS a perdu sa majorité absolue), Tomasz Grodzki, dans un entretien avec le journal libertaire Gazeta Wyborcza. Tomasz Grodzki est chirurgien de profession, et c’est donc à la fois en tant que médecin, politicien de la PO et président du Sénat polonais qu’il s’exprimait.
« Je suis favorable au fait de préserver le compromis, c’est-à-dire les dispositions de la loi actuelle », a déclaré Grodzki au risque de décevoir ses interlocuteurs de Gazeta Wyborcza. Et d’expliquer : « A notre époque où nous avons l’éducation sexuelle, des moyens pour se protéger et aussi un développement de la médecine qui permet de sauver et assurer de bonnes conditions de vie pour des cas de plus en plus compliqués, un acte aussi dramatique [que l’avortement, N.D.L.R.] ne devrait pas être réalisé sur simple demande. »
Pour le président du Sénat polonais, se faire avorter est « une terrible tragédie pour la femme, pour la famille » et « les dirigeants politiques doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour qu’il n’y ait pas ces avortements ». Sans toutefois aller jusqu’à une interdiction complète, ajoute-t-il en référence aux initiatives citoyennes de ces dernières années qui souhaitaient restreindre les cas où il est possible d’avorter en Pologne, notamment pour protéger les enfants atteints de la trisomie ou d’autres anomalies compatibles avec la vie. •
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