Le Temps: Pascal Broulis sur la «santé» des médias: «La situation est critique»
Michel Guillaume, 17 novembre 2019
Le conseiller d’Etat vaudois plaide pour une aide indirecte aux médias, passant par exemple par le renforcement de l’agence Keystone-ATS dans les régions
Ce lundi, la Fondation ch pour la collaboration confédérale, un organe créé en 1967 pour valoriser la pluralité linguistique et défendre le fédéralisme, se penche sur l’avenir des médias. Quelque 150 spécialistes et professionnels des médias y rencontreront des conseillers d’Etat. Président de cette fondation, Pascal Broulis estime que les cantons doivent aussi envisager une aide aux médias.
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Le Temps: Qu’attendez-vous de cette conférence nationale?
Pascal Broulis: Le but de cet événement est d’examiner les défis que pose le bouleversement du paysage médiatique suisse du point de vue du fédéralisme. La prise de conscience existe, mais il faut la fédérer. Nous voulons tous conserver une presse de qualité, diverse et plurielle. [...]
Quel constat dressez-vous de la santé des médias?
La situation est critique. Il y a 30 ans, en 1989, on comptait en Suisse 275 journaux payants pour un tirage quotidien de 3 millions d’exemplaires. Aujourd’hui, il en reste le tiers (92) pour un tirage inférieur à 2 millions d’exemplaires, alors que, dans le même temps, la population a crû de 6,7 à 8,5 millions d’habitants. Nous vivons une période complexe, beaucoup de gens ayant le sentiment que l’information est gratuite. Mais une information de qualité ne peut pas être gratuite, c’est inconcevable.
Craignez-vous une perte de diversité?
Oui! Les éditeurs n’investissent plus, mais raisonnent en fonction d’un modèle économique segmenté en des centres de coûts et de profits. Ils ont mis en place des rédactions centrales ayant débouché sur une perte marquée de diversité concernant la couverture de la politique nationale et internationale, de l’économie et de la culture. Cet appauvrissement des contenus préoccupe le fédéraliste que je suis et la Fondation ch que je préside. Car la Suisse n’est pas une nation, mais une Confédération de micro-Etats, diverse par nature. Ce fédéralisme demande des explications et un approfondissement, alors qu’on assiste à une uniformisation des idées.
La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga planche déjà sur des mesures concrètes pour soutenir les médias. Est-ce vraiment la tâche des cantons?
Tout à fait! La culture, l’éducation et la formation ne sont pas des politiques dévolues à la Confédération. Elles sont d’abord du ressort des cantons, qui sont donc légitimés à s’interroger sur leurs possibilités d’action. J’estime ainsi qu’il faut débattre de l’avenir de Keystone-ATS, cela de manière à garantir l’existence même d’une agence de presse distillant la même qualité de contenus dans les trois régions linguistiques du pays. Pour que le modèle suisse fonctionne, il faut se connaître d’un bout à l’autre du pays, être au courant des pratiques des uns et des autres pour pouvoir en débattre. Ce que permet une telle agence.
Les cantons pensent-ils vraiment à soutenir financièrement cette agence?
Pourquoi pas? Le canton de Berne est en train d’examiner cette question. Il réfléchit à un soutien financier de l’agence Keystone-ATS à condition qu’elle renforce sa couverture régionale, cela à l’intention des médias locaux, que ce soit des journaux, des radios, télévisions ou sites en ligne. Je pense que c’est justifié dans l’idée de renforcer la cohésion nationale. Cela entre d’ailleurs dans les réflexions que mène le gouvernement vaudois pour répondre à un postulat sur l’aide aux médias.
Le défi de tous les médias, c’est la transition numérique. A quelles mesures pensez-vous?
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Pourriez-vous envisager de soutenir des sites d’information uniquement en ligne, comme Bon pour la tête ou heidi.news en Suisse romande?
L’aide directe me paraît délicate. Elle n’est pas saine, car elle suscite un problème d’indépendance des médias qui la toucheraient.
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article complet:
La seule chose vraie, écrite dans un journal, est la date.
On est déjà forcé de payer la redevance pour la Radio/TV, cela ne fera ”qu’une” taxe/redevance supplémentaire.
On ne regarde plus les programmes TV tellement que c’est nul, le niveau a chuté drastiquement après la votation No Billag.
Lorsqu’on paiera pour des navets de journaux soit disant pour garantir la diversité, on ne les lira tout simplement pas ! Cela a commencé par les journaux soi-disant gratuit comme le 2Minutes (2 minutes c’est déjà trop pour ce chiffon de papier …)
”La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga planche déjà sur des mesures concrètes pour soutenir les médias” :
On est sûr que ce sera un fiasco de plus, tout cela payé par NOS impôts …
Etonnant que l’aide directe à la presse pose un problème d’indépendance selon M. Broulis alors que l’aide directe à la RTS ne semble pas le déranger?
Plus d’un tiers de la population est allophone et ne s’intéresse guère à la presse locale, pour les personnes qui peuvent lire la langue vernaculaire.