Des militants féministes opposés à la diffusion de J'accuse de Roman Polanski, visé par une nouvelle accusation de viol, ont perturbé, dans la soirée du 16 novembre, une séance de cinéma du Théâtre national de Bretagne (TNB) à Rennes, qui a été annulée.
TNB évacué, AG dans la salle. Tentative de dialogue avec le directeur du TNB, Arthur Nauzyciel. Fin de l'action 23h. La séance de ce dimanche matin, 11h, a été déprogrammée mais Arthur Nauzyciel ne s'est pas engagé à déprogrammer l'intégralité des séances comme il était demandé. pic.twitter.com/PRLcbrdBk1
— Martha🐉 (@marthmax91) November 17, 2019
On a envahi le TNB à Rennes pour exiger la déprogrammation de J'accuse !!!
Des centaines de personnes ont été évacuées, on attend de rencontrer le directeur qui a expliqué dans une lettre que projeter J'accuse c'était ouvrir le débat.— Le-Sel-de-Bretagne 🌈 (@jeanne_la_rouge) November 16, 2019
«On a envahi le TNB à Rennes pour exiger la déprogrammation de J'accuse ! Des centaines de personnes ont été évacuées, on attend de rencontrer le directeur qui a expliqué dans une lettre que projeter J'accuse c'était ouvrir le débat», a posté sur Twitter «Jeanne La Rouge», militante féministe et syndicaliste étudiante. Après une longue discussion avec les militants, la direction a décidé de déprogrammer les trois séances prévues ce 17 novembre mais a maintenu les suivantes.
Rennes, 2019
Aller au @tnbrennes pour voir un film entre amis.
Devoir sortir de la salle et subir la censure de militants d'extrême gauche.
Mépriser ces ennemis de la liberté et aller au @Gaumont : personne ne m'empêchera de regarder un chef d'œuvre, Polanski ou pas. pic.twitter.com/QfrsPu9hMx
— Antoine Esneault (@AntoineEsneault) November 16, 2019
Dans une lettre publiée sur le site du TNB, le directeur Arthur Nauzyciel explique les raisons de son choix. Ce film «traite d’un sujet brûlant et d’une page d'histoire honteuse de notre pays et dont le scandale se perpétue encore aujourd’hui», rappelle-t-il. «Cependant, son réalisateur fait l’objet depuis des années de plaintes pour viols et de demandes de réparation en justice. Et depuis des années, notre société est engourdie jusqu’à la surdité quant aux questions de harcèlements sexuels et de violences faites aux femmes», poursuit-il.
Déprogrammer le film serait évacuer le débat
A la question de savoir si l'on peut «dissocier l’œuvre de l’homme», il répond : «Ne désirant pas penser seul cette expérience inédite, je prends le risque de maintenir les séances du film pour que cela ouvre une brèche dans la compréhension de ce que nous traversons.» «Déprogrammer le film serait évacuer le débat, sa complexité, et nous ferait rater une chance de conscientiser ce que nous traversons en apprenant de nos erreurs, si ce choix, car c’en est un, s’avère en être une», conclut-il.
Une nouvelle action prévue le 18 novembre
Interrogée par l'AFP, la militante féministe rennaise a jugé que le TNB «posait beaucoup de questions, sans apporter beaucoup de réponses comme pour se dédouaner de programmer le film». «Le TNB a un pouvoir sur les films qu'il programme et déprogrammer un film serait un acte fort. Diffuser ce film est une manière de construire une forme d'impunité à travers la renommée, la position de pouvoir que confère à Roman Polanski sa notoriété», a ajouté Jeanne, précisant qu'une action serait reconduite le 18 novembre.
Valentine Monnier, photographe française, ancien mannequin qui a joué dans quelques films dans les années 80, accuse Roman Polanski de l'avoir frappée et violée en 1975 en Suisse alors qu'elle avait 18 ans.
La situation de Roman Polanski sera discutée le 18 novembre par les responsables de l'ARP, organisation comprenant plus de 200 cinéastes, lors d'une réunion qui devrait établir de nouvelles règles pour les membres condamnés ou poursuivis pour des violences sexuelles.
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