Comme en France, une taxe de trop a fait descendre des centaines de milliers de Libanais dans la rue avec la volonté ferme de renverser le gouvernement. Son retrait n’y a rien changé, le vase n’a pas débordé, il a explosé.
Depuis quelques années, les Libanais sont devenus la vache à lait servant à combler le déficit budgétaire chronique des différents gouvernements et surtout à réduire la dette abyssale de l’Etat qui depuis un an commence à mettre en danger la stabilité de la monnaie créant par là même une panique et une paralysie de l’économie aggravant encore plus la situation.
La fiscalité réduite n’était pas un cadeau fait aux citoyens libanais. Ils payaient peu de taxes et d’impôts mais n’avaient et n’ont toujours pratiquement aucun service public. L’Etat ne dépense presque rien pour l’éducation nationale, et encore moins pour la santé (toutes deux presque entièrement assurées par le secteur privé).
Le salaire des fonctionnaires ne justifiant en aucun cas un tel déficit, l’argent est en grande partie détourné par les gouvernants et dépensé dans la reconstruction des destructions provoquées par des guerres commandées par les puissances régionales comme l’Iran et exécutée unilatéralement par une milice telle que le Hezbollah.
Attendant une aide financière internationale sous condition de réformes économiques, le gouvernement a cru bon d’augmenter les taxes et d’en inventer de nouvelles abracadabrantes comme celle qui a mis le feu aux poudres. La crise économique, l’augmentation de la TVA, le risque de dévaluation, l’inflation galopante avaient déjà vidé le portefeuille des Libanais et les avaient mis dans une situation précaire et angoissante.Le Hezbollah et ses alliés (le CPL chrétien de Michel Aoun) sont dépassés par l’ampleur de la contestation dont ils sont la cible, pour la première fois, par leurs propres partisans (Inédit : des chiites ont osé attaquer des permanences du Hezbollah). Après les menaces lancées aux manifestants leur demandant de rentrer chez eux, des miliciens chiites sont même aller jusqu’à les bastonner dans la rue.
Richard Haddad reçoit Maya Khadra, journaliste libanaise et professeur à l’IPAG à Paris, pour analyser cette crise sans précédant et nous éclairer sur ses conséquences politiques et les changements qu’elle pourrait provoquer au Liban et dans la région.
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