Elections législatives imprévisibles au Canada : Justin Trudeau sera-t-il réélu ?

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Ce 21 octobre, les Canadiens sont appelés à voter pour les élections fédérales. Le chef du parti politique qui obtiendra le plus de sièges à la Chambre des communes deviendra le chef du gouvernement. Le libéral Justin Trudeau, successeur du conservateur Stephen Harper, sera-t-il reconduit dans ses fonctions de Premier ministre ? Celui qui, lors des précédentes élections législatives en 2015, créait la surprise, remet cette année son poste en jeu.

Après 40 jours de campagne électorale, c’est donc l’heure des choix : réélire Justin Trudeau et son équipe libérale ? Redonner le pouvoir aux conservateurs d’Andrew Scheer ? Voter vert ou Nouveau Parti Démocratique ? Au Québec, choisir le Bloc Québécois ? L'incertitude demeure...

Hostilités et polémiques 

A 47 ans, Justin Trudeau n'a plus l'atout de la jeunesse et de la nouveauté qui avaient contribué à le porter au pouvoir, à la surprise générale, en 2015 face au conservateur Stephen Harper. Tout au long de cette nouvelle campagne, Justin Trudeau a défendu son bilan : économie solide, cannabis légalisé, taxe carbone, accueil de dizaines de milliers de réfugiés syriens, accords de libre-échange signés avec l'Europe d'un côté, les Etats-Unis et le Mexique de l'autre...

En face, le chef du Parti conservateur du Canada Andrew Scheer promet un retour à l'équilibre budgétaire, des baisses d'impôts, avec un objectif simple : «remettre de l'argent dans la poche des Canadiens». Le jeune conservateur, père de cinq enfants aux valeurs catholiques assumées, a tenté de compenser une image un peu terne par des attaques en règle contre Justin Trudeau. Cependant, il n'a pas échappé à son lot de polémiques : hostilité personnelle à l'avortement, révélation tardive de sa double nationalité canadienne et américaine ou encore soupçons d'avoir commandité une campagne de dénigrement envers son rival Maxime Bernier.

Autre élément survenu durant la campagne, le scandale des photos et vidéo montrant l'actuel Premier ministre canadien grimé de noir («blackface») à plusieurs reprises entre les années 1990 et 2001, a récemment écorné l'image de celui-ci. Cette polémique n'a toutefois pas été abordée lors du premier grand débat politique entre les leaders des partis. Et elle semble avoir un poids modeste dans les intentions de vote. Ainsi, d'après un sondage publié le 2 octobre par le journal québécois Le Soleil, six pour cent des électeurs canadiens répondaient qu’ils ne voteraient «certainement pas [...] pour les libéraux précisément à cause de cet incident».

Enfin, une autre affaire pourrait, elle, impacter plus fortement la campagne de Justin Trudeau et le choix des électeurs canadiens : le scandale SNC-Lavalin. Le 14 août dernier, un rapport cinglant du commissaire canadien à l'éthique avait en effet estimé que Justin Trudeau avait enfreint la loi sur les conflits d'intérêts en faisant pression sur son ex-ministre de la Justice pour éviter un procès à une société québécoise poursuivie pour corruption, SNC-Lavalin. Cette affaire, qui avait éclaté en février dernier, avait provoqué un scandale retentissant au Canada, entraînant la démission de deux ministres et ternissant l'image de probité de Justin Trudeau. Pendant plusieurs mois, les Libéraux ont plongé dans les intentions de vote pour ces élections législatives, avant de revenir à hauteur des conservateurs à la fin de l'été. Justin Trudeau a toujours nié toute faute dans cette affaire, et a affirmé avoir tenté de préserver les quelque 9 000 emplois du géant québécois du BTP, qui aurait été menacé de faillite en cas de condamnation pénale pour corruption.

Des élections au destin incertain

A l'issue d'une campagne électorale souvent tendue, les électeurs canadiens pourraient choisir de mettre fin à la majorité absolue dont dispose le Premier ministre sortant, Justin Trudeau. La campagne s'est en effet achevée comme elle avait commencé 40 jours plus tôt, soit sur une égalité quasi-parfaite dans les intentions de vote entre les deux grands partis qui s'alternent au pouvoir depuis 1867. Du jamais vu depuis des décennies. En effet, le parti libéral réaliserait entre 31 et 34% des intentions de votes, contre 32 ou 33% pour le parti conservateur. 

Ces chiffres, s'ils venaient à être confirmés par les urnes ne permettraient à aucun de ces deux partis de franchir la barre des 170 sièges qui garantit une majorité absolue.

Une majorité synonyme de coalition ?

En cas de gouvernement minoritaire, le futur Premier ministre, libéral ou conservateur, devra compter sur l'appui des plus petits partis pour obtenir une majorité à la Chambre des communes.

Le Nouveau Parti Démocratique (NPD), de Jagmeet Singh, l'une des révélations de ces élections, crédité de près de 20% des intentions de vote, pourrait être l'un de ces acteurs incontournables. De même pour le Bloc québécois, formation indépendantiste dirigée par l'autre révélation de la campagne, Yves-François Blanchet, qui a su mettre les grandes problématiques québécoises au cœur du débat fédéral. Ce parti ne présente des candidats que dans la «Belle province», mais celle-ci compte à elle seule près d'un quart des élus (78) à Ottawa. Dernier grand parti en lice, le Parti Vert d'Elizabeth May a peiné à faire passer son message d'urgence climatique, même si l'environnement a été l'un des thèmes dominants des débats.

A quelques heures des résultats des législatives, le suspense est total. D'autant que le système électoral canadien prévoit qu'un Premier ministre sortant peut rester en poste même si son parti n'obtient pas la majorité des sièges, tant qu'il réunit une majorité lors des votes de confiance à la Chambre des communes.

Andrew Scheer s'est insurgé par avance contre une telle perspective, accusant Justin Trudeau de négocier en coulisses avec le NPD pour se maintenir au pouvoir même si son parti perd dans les urnes.

Lire aussi : Flop ? Trudeau moqué après son appel à «monter le son» pour la chanson de campagne de son parti

 

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