De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. – Le président Donald Trump joue-t-il la carte de sa propre destitution ? Possible. Rien ne doit surprendre chez ce combatif qui a pour principe que du positif doit toujours émerger d’un affrontement et que celui qui, en apparence, dérape devant son adversaire peut souvent se rétablir et remporter la dernière manche. Pour lui, c’est une question de nerfs. Il se sait suffisamment solide pour profiter de la moindre faiblesse de ceux qu’il cherche à neutraliser. Les démocrates veulent l’éjecter du Bureau ovale pour – officiellement – obstruction à la justice. N’importe quel président à la place de Trump se serait défendu sur le plan strictement juridique en accumulant les preuves susceptibles de l’innocenter. Que fait Trump ? Le contraire. Ou plus exactement, il riposte en mélangeant le juridique et le politique dans une proportion qui caractérise son tempérament de joueur : 20% pour le premier et 80% pour le deuxième. C’est un mélange explosif. Le plus hardi des conseillers de la Maison Blanche lui a, sans doute, suggéré que moitié de juridique, moitié de politique serait une bonne mesure. On voit d’ici la moue de l’intéressé. Cette moue, c’est toute l’affaire.
La stratégie de la Maison Blanche se déroule en deux temps. D’abord, il lui a fallu affirmer, preuves à l’appui, que Trump n’avait exercé aucune pression sur son homologue ukrainien dans le but d’obtenir une rapide inculpation pour corruption du fils de Joseph Biden, celui-ci étant son principal rival démocrate dans la course à la présidence. La conversation entre les deux chefs d’Etat a été rendue publique. On a pu constater l’absence de chantage afin d’écarter définitivement et par ricochet l’ex-Vice-président. Mais ces preuves, les démocrates s’en moquent. Ce n’est pas leur problème. Ce qu’ils veulent, c’est intégrer Trump dans un processus déstabilisateur capable de corroder son image, de désorienter sa base, de réduire ses chances pour 2020. C’est ainsi que l’on passe sans transition au deuxième volet de l’affaire. On abandonne la loi, on enlève les gants et on plonge dans le chaudron politique, la mare aux serpents où Trump attend ses assaillants.
De l’audace, encore de l’audace. Trump en a plus qu’il n’en faut. Alors il fonce et refuse de coopérer avec le Congrès dans la machination dirigée contre lui. Raisons : manœuvres illégales, opération injuste, procès politique, chasse aux sorcières, sabotage. Une lettre vitriolique a été envoyée aux chefs de la gauche. Ils l’ont reçue comme une gifle. Du jamais vu. L’exécutif dans tous ses états et Trump au mieux de sa forme. Il tend l’atmosphère au maximum. Non à Nancy Pelosi ; non à Adam Schiff. L’un des avocats de la Maison Blanche a précisé qu’un vote de la Chambre était indispensable et que les droits du président d’imposer ses propres témoins est bafoué. Juridisme que tout cela. Il est très possible que Trump veuille se laisser carrément enfermer dans la cage de fer démocrate. La victime d’un ignoble complot de régicides ; la main de l’étranger qui cherche à tuer le défenseur du peuple. Quelle meilleure affiche pour une élection ? Les démocrates passeront pour des subversifs acharnés à la disparition du vainqueur d’Hillary Clinton. Le mauvais rôle : celui du haineux qui, à la fin, perd toujours. L’essentiel : le choc psychologique. Le débat proprement juridique s’estompera. Peu de lecteurs iront soupeser les arguments des uns et des autres. D’autant que les efforts de Trump pour enlever toute légitimité aux démarches actuelles portent déjà leurs fruits. La politique contre la loi. Dans ce cas, cela marche. Avec au bout, deux atouts pour Trump, un dans chaque domaine : la Cour suprême, terminus des procès (politiques). Et le Sénat, défenseur du statu quo (politique). Trump a des fidèles dans les deux cénacles. •
Cet article « Mon procès est illégitime » : Trump refuse de coopérer avec le Congrès est apparu en premier sur Présent.
Extrait de: Source et auteur
Et vous, qu'en pensez vous ?