Fatiha Agag-Boudjahlat : mères accompagnatrices voilées, pourquoi il faut être ferme

La comparaison est saisissante. D’un côté, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) communique sur une grande victoire : le rectorat de Créteil désavoue la direction d’un établissement scolaire en autorisant une mère voilée à accompagner une sortie scolaire. De l’autre, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, qui incarne la défense de la laïcité dans un gouvernement multiculturaliste, dans une réponse orale au Sénat le 19 avril 2018, « recommande » aux directeurs d’école et chefs d’établissement de « recommander » aux parents accompagnateurs la neutralité, s’appuyant « sur un avis du Conseil d’État de 2013 ». La recommandation n’a aucune valeur juridique, contraignante, mais correspond à l’air mièvre et lâche ambiant. […]

Assumer la fermeté, quitte à supprimer les sorties

[…] « l’accompagnement des sorties scolaires par les parents d’élèves ne constitue pas un droit ». C’est une opportunité. Or les activistes islamistes en font un casus belli pour normaliser le port du voile comme pratique culturelle ordinaire. […]

La réglementation ne vise pas les femmes voilées. La nouvelle orthopraxie islamiste entre en contradiction avec la réglementation et l’intérêt des enfants. Il faut poser comme principe que l’Éducation Nationale est un service public particulier. Et créer un statut particulier pour les parents accompagnateurs.

Il n’est pas anodin que le rectorat de Créteil ait cédé. Quand les territoires sont à ce point devenus des ghettos ethniques et sociaux, exiger des accompagnateurs neutres, c’est compromettre les sorties. […]

Dans ces quartiers, il faut assumer de ne pas faire de sorties scolaires plutôt que de banaliser une ultra-orthodoxie qui subordonne les femmes. […] Une sortie n’est pas une simple promenade : elle est d’abord et toujours pédagogique, et le plus souvent porteuse d’ouverture culturelle.

Rappelons cette idée développée par un penseur du multiculturalisme, Brian Barry : les croyances religieuses et le choix d’une orthopraxie relèvent du libre-choix des individus. C’est ce que ces derniers ne cessent de clamer. Soit : qu’ils en tirent les conséquences : il n’y a pas d’inégalité, de racisme d’État, d’injustice, quand le non accès à une ressource ou à une opportunité (économique, politique, de loisir ou une sortie scolaire) découlent de l’adhésion volontaire à cette ultra-orthodoxie.

« Quel enseignement une maman voilée qui accepterait d’enlever son voile le temps d’une sortie scolaire transmettrait-elle aux enfants ? Que l’on n’en meurt pas. Que l’on est tout autant musulmane sans, et que la foi ne se réduit pas au voilement. »

C’est au pratiquant d’assumer les conséquences de son choix. Ce n’est donc pas à la société de s’adapter à ces demandes particulières. N’inversons pas les responsabilités. Ce sont les orthodoxes religieux qui seront responsables de l’abandon des sorties scolaires. Et pas seulement au nom du respect de la religiosité, mais parce qu’un bras de fer est organisé contre notre modèle d’État-Nation.

Le voile se banalise et se normalise. Une amie directrice d’école primaire a ainsi entendu des élèves de maternelle reprocher à une de leurs camarades le fait que sa mère ne portait pas le voile : « Ta mère n’est pas une vraie maman ». […]

La norme s’installe. La pression s’installe. La primauté du religieux s’installe. Qu’attendre alors de ces enfants ainsi cylindrés, une fois adultes ? Quel rapport au règlement d’une entreprise ?

[…]

[…] une décision intéressante de la Cour Constitutionnelle turque, confirmée par la Grande Chambre de la CEDH dans son arrêt Leyla Sahin contre la Turquieet donnant raison à la fermeté de l’État turc sur la laïcité : « Selon les juges constitutionnels, chacun peut s’habiller comme il le veut. Il convient aussi de respecter les valeurs et traditions sociales et religieuses de la société. Toutefois, lorsqu’une forme de tenue est imposée aux individus par référence à une religion, celle-ci est perçue et présentée comme un ensemble de valeurs incompatible avec les valeurs contemporaines. […]

Tout est dit et clairement dit, notamment sur la contrainte exercée sur les autres femmes. Les islamistes et les indigénistes y verraient un abus de pouvoir islamophobe et colonialiste. Et nous piégeons les enfants dans cette surenchère de la vertu et de la piété, l’alternative entre les bons musulmans et les mauvais. La CEDH met surtout l’accent sur le « signe extérieur fort » que représentait le port du foulard par une enseignante et s’interroge sur l’effet du prosélytisme que peut avoir le port d’un tel symbole sur les enfants, le voilement étant imposé aux femmes « par un précepte difficilement conciliable avec le principe d’égalité des sexes ».

Ces femmes tenant à ce point à leurs voiles me font penser à ces croyants plus sensibles à la promesse de l’ouverture d’une mosquée qu’à celle de formation et d’emplois pour leurs enfants. Ils pensent accomplir un acte de foi. Il se fait aux dépens de l’intérêt de leurs enfants. […]

Source : Revue des deux mondes via Résistance républicaine

2 commentaires

  1. Posté par Antoine le

    NON au voile, NON à la burqa, NON au hijab !
    Que les ”vraies” féministes défendent un position claire et précis face à la femme muzz soumise !
    On ne les entend pas, serait-ce de la soumission !!
    Aucune protestation, aucune manifestation RIEN !

  2. Posté par Bussy le

    Le piège se referme de toutes parts, et la classe dominante bien-pensante est visiblement complètement dépassée, car c’est pas avec des recommandations et des avis qu’ils peuvent faire reculer les musulmans, ça doit même les faire marrer une telle bande de mollachus craintifs.

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