Le 15 septembre dernier, le président intérimaire algérien Abdelkader Bensalah (surnommé « le président poisson d’avril » par les Algériens) est venu annoncer à la télé la date d’une arlésienne à la sauce locale, l’élection présidentielle. Soit, selon lui, le 12 décembre… 2016. Retour vers le futur. C’est bien sûr un lapsus et il voulait dire décembre 2019. N’empêche… Cette bourde traduit bien la confusion d’un régime à bout de souffle.
Du coup, les « épurés », c’est-à-dire les dizaines de personnalités incarcérées par Salah et ses sbires essaient de se faire entendre en en appelant à l’opinion publique. Qui n’en a cure : lesdites personnalités appartenaient elles aussi au système contre lequel les Algériens manifestent.
C’est le cas de la famille du général Toufik, l’ex-patron du DRS (Département du renseignement et de la sécurité). Limogé par Bouteflika en 2015, il a été envoyé le 5 mai dernier dans le pénitencier militaire de Blida. Comme il est gravement malade, sa famille essaie d’obtenir son transfert dans l’hôpital militaire d’Aïn Nadja. En vain. D’où une lettre ouverte pour souligner le mauvais état de santé du prisonnier :
« Au regard de cette grave détérioration physique, dont il est évident que les moyens et les capacités des structures de soins de la 1re région militaire ne sont pas aptes à en juguler la dégradation, et dont il est certain aussi que les autorités judiciaires en banalisent la portée, nous prenons à témoin l’opinion publique sur la responsabilité de ceux qui ont contribué à rendre impossible tout espoir d’une amélioration de la santé d’un homme qui a consacré toute sa vie à la défense de la sécurité des Algériens et à la préservation de l’unité nationale. »
Pour résumer : s’il meurt, Salah et les siens en porteront la responsabilité. Le général Toufik (on n’a pas été des années chef des services sans avoir gardé des biscuits), comme son codétenu, Athmane Tartag, ancien coordinateur des services algériens, arrêté le même jour que lui, garde certaines complicités dans l’état-major de l’armée. Son sort indiffère en revanche les Algériens en général et les Berbères en particulier : ils n’oublient pas qu’il fut le « boucher » du « printemps » kabyle de 2011 (au moins 130 morts et plus de 5 000 blessés).
Pour la première fois depuis le début des manifestations contre le régime militaire (les Algériens disent : « la Horde »), Annaba (Bône) a volé la vedette à Alger. Annaba est la ville natale du général Salah. Il y possède une luxueuse villa familiale. La semaine dernière, alors qu’il y séjournait, les manifestants ont failli prendre d’assaut la maison (et pas pour y siroter un thé à la menthe). Ils en ont été empêchés par les forces de l’ordre qui ont notamment bloqué in extremisle boulevard du 1er-Novembre.
Semaine après semaine, nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire, le mouvement protestataire se radicalise. On a commencé par demander le départ de Gaïd Salah. Puis son arrestation. Aujourd’hui c’est sa tête qui est réclamée. Un ex-officier de la sécurité, Hicham Aboud, appelle les Algériens à manifester désormais chaque jour pour obtenir l’arrestation de ce « dictateur » qui envisage d’interdire Alger à tous les habitants des autres villes qui seraient tentés de manifester dans la capitale.
Une rumeur, parmi tant d’autres qui courent dans Alger, prétend cependant que Salah, conscient qu’il ne s’en tirera pas impunément – sinon en faisant donner l’armée, mais elle est très divisée –, envisagerait un possible exil en Arabie Saoudite ou dans les Emirats arabes unis. Reste à savoir si ce sera avant ou après la très hypothétique élection présidentielle de décembre. •
Photo : Règlements de compte entre anciens complices…
Cet article Algérie : fin de partie pour le général Salah ? est apparu en premier sur Présent.
Extrait de: Source et auteur
Et vous, qu'en pensez vous ?