Contre les illégaux de la frontière sud
De notre correspondent aux États-unis. – Un chef d’Etat est un personnage qui appose sa signature. C’est même surtout à cela qu’on le reconnaît. Il signe les lois, les décrets, les accords, les traités, les lettres à ses homologues étrangers. Son paraphe s’avère omniprésent. C’est le sceau de l’Etat ; la griffe de l’histoire. Chez Donald Trump, cette marque de fonction s’est muée en obsession. Toujours armé de stylos à encre noire et plume épaisse, il est capable de griffonner, durant des quarts d’heure entiers lors de bains de foule, son ahurissante dédicace autographe – d’énormes hachures de dix centimètres de longueur – sur tout ce qui lui tombe sous la main, pourvu que ce soit présenté par ses enthousiastes admirateurs. L’autre jour, Trump apposa sa signature mais d’une manière solennelle, loin des tumultes électoraux, loin de l’impatience des collectionneurs. C’était à l’extrême sud de la Californie, près de San Diego, sur la frontière avec le Mexique. A un moment, il se pencha, sortit un gros feutre noir et signa une tige d’acier. Etrange geste. Il venait de parapher une toute nouvelle section du mur – de « son » mur.
La presse aux ordres se gaussa de l’anecdote qu’elle trouva ridicule et emphatique : le gribouillis du 45e président figurera désormais sur cette construction baroque, inutile et prétentieuse qui aura coûté des milliards de dollars aux contribuables américains. Voilà le credo fielleux qu’on put lire dans les éditoriaux du lendemain. Un credo truffé de mots comme « xénophobie » et « trahison » – la fermeture méprisante des portes à l’étranger et la perversion de la sacro-sainte immigration américaine. En réalité, ces beaux sentiments cachent mal une stratégie destructrice : l’absence de mur, l’ouverture des frontières seraient les prémices du grand remplacement, de la désintégration de la nation blanche, buts ultimes de la gauche et du globalisme. Trump s’y oppose. Le fameux mur, dont on parle depuis les primaires républicaines de l’hiver 2016, constitue pour lui l’axe central de son dispositif anti-illégaux. Il y tient, à son mur. Il y tient comme à une promesse à honorer, une image à protéger, un symbole à sublimer. C’est sa pyramide. Il y a quelque chose de mystique dans cette obstination.
Avant de quitter le sud californien, les officiels en complet veston et les bâtisseurs en gilet orange, Trump annonça que 825 kilomètres de mur seraient construits d’ici à la fin de 2020. La frontière court sur 3 300 kilomètres. Si l’on tient compte des obstacles naturels (montagnes, déserts et le Rio Grande avec ses courants meurtriers), un tiers seulement de cette frontière demande qu’on la verrouille – avec des patrouilles, des drones, des avions, de la haute technologie et, bien sûr, le mur. Les prédécesseurs de Trump ont complètement négligé ce problème. Tous suppôts ou complices du globalisme, ils se sont contentés de construire quelques centaines de kilomètres de barrières dérisoires afin de faire semblant de colmater, en Californie, en Arizona et au Nouveau Mexique, les sas d’infiltration les plus criards. Cette imposture n’a impressionné ni les clandestins, ni les trafiquants, ni les cartels de la drogue. Le premier objectif de Trump fut donc de remplacer l’amateurisme subversif par du professionnalisme national – autrement dit, des fils de fer barbelés par des tiges d’acier farcies de béton. Car c’est ainsi que se présente le mur : des tiges de dix mètres de hauteur fichées en terre et espacées de huit centimètres. De loin, le mur ressemble à un immense grille-pain, de près à un véritable défi.
Second objectif de Trump : les 825 kilomètres dont le coup d’envoi a correspondu avec sa visite sur le terrain. Mais une aussi longue distance à équiper de centaines de milliers de tiges d’acier exige des milliards de dollars. En 2018, Trump en demanda 5,7 au Congrès, soit 0,1 % du budget national annuel. On lui rit au nez. Il décréta alors une « urgence nationale » pour faire face à la situation chaotique sur la frontière sud. Le Congrès haussa les épaules en disant que la ficelle était un peu grosse. Les juristes de la Maison-Blanche eurent une autre réaction. Ils s’ingénièrent à rechercher les « niches » financières que pouvait cacher le juridisme de cette dramatique « urgence nationale ». Ils en trouvèrent pour plusieurs milliards de dollars. C’est le Pentagone qui bouscula un peu ses programmes de logement du personnel afin de dégager le premier magot destiné au mur : 3,6 milliards. Bien sûr, quelques spadassins du globalisme se firent un devoir de traîner l’opération devant la justice. Trump commença par perdre. Il a fallu attendre la Cour suprême pour sortir du tunnel : par cinq voix contre quatre, elle lui donna raison. Réaction de Chuck Schumer, chef des sénateurs démocrates : « On va cannibaliser les fonds destinés aux familles de militaires. C’est odieux. » Pour Nancy Pelosi, speaker de la Chambre, « on a violé le principe de la séparation des pouvoirs. C’est déshonorant. » Devant tant d’hypocrisie, Trump, se penchant vers le mur, se contenta de persister et de signer. •
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C’est le SEUL candidat qui fait ce qu’il a promis ! Chapeau !