Mardi était le jour désigné pour la première tentative du socialiste Pedro Sánchez en vue d’obtenir l’investiture du parlement qui lui permettrait de rester à la tête du gouvernement espagnol. Un pari largement raté puisqu’il n’a obtenu que 124 voix en sa faveur, soit les voix des 123 députés du parti socialiste (PSOE) et la voix de l’unique député du Parti régionaliste de Cantabrie. Pour obtenir l’investiture lors de ce premier vote, il lui aurait fallu la majorité absolue au Congrès des députés, soit au moins 176 voix.
Personne, pas même le principal intéressé, ne s’attendait à ce qu’il soit reconduit à son poste dès mardi, mais l’ampleur de la défaite a surpris les commentateurs en Espagne. Et encore, Unidas Podemos, la coalition des communistes et du parti d’extrême gauche Podemos avec laquelle le PSOE est en négociation pour former un gouvernement, s’est finalement abstenu après avoir annoncé qu’il voterait contre l’investiture. Se sont également abstenus les partis régionalistes dont le soutien sera nécessaire à Sánchez lors du deuxième vote, le parti nationaliste basque PNV et le parti valencien Compromis. La gauche indépendantiste catalane, ERC, a voté contre et il faudra qu’elle s’abstienne pour permettre la constitution d’un éventuel gouvernement de coalition PSOE-Unidas Podemos. Le centre et la droite (Ciudadanos, PP et Vox) ont voté contre comme prévu. Un deuxième vote aura lieu jeudi et il suffira alors à Sánchez d’obtenir une majorité relative pour obtenir l’investiture, faute de quoi le roi Philippe VI pourra confier à un autre la tâche de tenter de former un gouvernement. Si aucun gouvernement ne peut obtenir la confiance du parlement d’ici au 23 septembre, alors il faudra convoquer de nouvelles élections.
L’abstention d’Unidas Podemos laissait toutefois la porte ouverte aux négociations mercredi. Pedro Sánchez, qui refusait il y a peu le principe d’un gouvernement de coalition, a finalement cédé sur ce point à condition que Pablo Iglesias, le leader de Podemos, n’en fasse pas personnellement partie. Condition acceptée par l’intéressé, mais en revanche les ministères proposés par Sánchez à son partenaire potentiel, créés pour l’occasion et pourvus de faibles compétences, tel un ministère de la Jeunesse et de l’Habitat, n’ont pas permis de débloquer la situation. La proposition d’octroyer à Podemos une vice-présidence du gouvernement sans réel pouvoir exécutif a été résumée ainsi par Irene Montero, celle à qui la vice-présidence était proposée : « Nous demandions la chambre d’ami avec le droit d’utiliser la cuisine et de faire partie de la maison, mais le PSOE nous offre la niche du chien et me dit qu’ils m’appelleront ‘vice-présidente’ ».Unidas-Podemos a certes renoncé à demander des ministères régaliens, mais veut en revanche pouvoir mettre en œuvre ses politiques sociales et sociétales.
Pendant ce temps, dans les régions où de nouveaux conseillers ont été élus parallèlement aux élections européennes, la situation s’est débloquée à Murcia où Vox a renoncé à exiger l’abrogation des paragraphes litigieux de la « loi LGBT », jugée totalitaire par les conservateurs, en échange de l’engagement à faire respecter la liberté des parents quant au choix des contenus éducatifs. Les régions espagnoles, appelées communautés autonomes, ont en effet de larges compétences en matière d’enseignement. Un gouvernement PP-Ciudadanos devrait donc être approuvé avec le soutien de Vox. Dans la Communauté autonome de Madrid en revanche, les discussions sont toujours en cours pour la constitution d’un éventuel gouvernement de centre-droit soutenu par Vox.•
Cet article Sánchez n’obtient pas la confiance du parlement espagnol est apparu en premier sur Présent.
Extrait de: Source et auteur
Et vous, qu'en pensez vous ?