Brésil: Jair Bolsonaro n’est peut-être pas le dictateur annoncé

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Macron a rencontré Bolsonaro au Japon lors du dernier G20. Climat et traité économique avec le Mercosur ont été abordés avec la meilleur entente. De leur côté, les électeurs du nouveau président brésilien jugent le bilan des six premiers mois globalement encourageant. Ses partisans voient d’un bon œil les principales politiques entreprises vis-à-vis de l’économie, du port d’armes ou de l’immigration… Sur la répartition des terres, Bolsonaro a en revanche connu son premier revers. A vous Brasília !


Mardi 1er Janvier 2019, le drame que les humanistes, progressistes et démocrates dignes de ce nom craignaient est arrivé : l’investiture de Jair Bolsonaro a eu lieu, faisant du politicien si controversé le nouveau président du Brésil pour les quatre années à venir. Près de six mois plus tard, il semble que le soleil ne se soit pas éteint pour autant de ce côté de l’Atlantique. N’en déplaise à certains, l’avènement d’une nouvelle dictature que tant de visionnaires avaient annoncée des mois avant l’élection ne s’est pas produite. 

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Les critiques pleuvent toujours autant, certes, mais il était peu probable de voir sa cote de popularité monter auprès de l’opposition ; ainsi, il serait peut-être plus judicieux de s’intéresser à l’avis de ceux qui ont osé voter pour le diable en personne lors du dernier trimestre 2018.

Répartition des terres: on attendra

A peine élu, une première mesure phare tombait : le nouveau président entendait réorganiser la manière dont les terres indigènes brésiliennes étaient attribuées et délimitées, car rappelons-le, près de 13,5% du territoire – essentiellement situé en Amazonie – appartient à moins de 1% de la population, le tout géré par la FUNAI (Fondation nationale de l’indien). Si cette gestion a été pendant quelques mois du ressort de Tereza Cristina Da Costa, ministre de l’agriculture, une commission réunie fin mai a décidé que cette responsabilité devait bel et bien continuer de dépendre de la FUNAI…

Du côté des partisans de Jair Bolsonaro, ce revirement de situation déçoit, car même si bon nombre d’entre eux disent comprendre les revendications indigènes, ils considèrent tout de même que certaines terres occupées pourraient être bien mieux employées économiquement parlant. La plupart de ces terres abritent d’importantes ressources naturelles, qui seraient utiles à la création d’emplois d’un pays où un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté (source : Banque mondiale). Mais que valent de tels constats face à des considérations écologiques et ethniques ?

Pacte mondial sur les migrations, rejeté!

Courant décembre 2018, la quasi-totalité des nations membres de l’ONU, Brésil compris, ratifiaient le Pacte mondial sur les migrations, rappelant à ceux qui l’auraient oublié combien il serait misanthrope de ne pas venir en aide à son prochain, au détriment des problèmes nationaux. 

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Aussitôt adopté, aussitôt rejeté par le nouveau président, qui entend préserver la souveraineté nationale du Brésil, et réserver à la nation le droit de fixer ses propres critères quant au nombre et au profil des personnes accueillies. Ce ne sont pas ses partisans vivant au nord du Brésil qui s’y opposeront ! En effet, bon nombre des habitants du Roraima – l’un des états brésiliens les plus pauvres, disposant d’une frontière commune avec le Venezuela – sont situés en première ligne face à la crise migratoire voisine. Ils ont vu cette décision d’un bon œil.

La NRA n’a pas encore infiltré le Brésil

Il s’agit sans doute d’une des réformes ayant fait le plus de bruit, ou du moins, suffisamment pour que bon nombre de médias étrangers s’en soient fait l’écho : à travers le décret Nº 9.685, l’obtention et le port d’arme devaient désormais être facilités au Brésil. D’aucuns reprochent à Bolsonaro de vouloir faire de son pays un « nouveau Far-West ».

Rappelons toutefois que lors d’un référendum en 2005, près de 64% des Brésiliens ne « souhaitaient pas voir le commerce des armes et des munitions être interdit au Brésil », manière détournée de déterminer combien de Brésiliens souhaitent voir le port d’arme autorisé. Par conséquent, le décret de cette année a eu pour seul effet de tenter de répondre aux attentes de la population. Néanmoins, celui-ci venant d’être rejeté par le Sénat, sa mise en place dépend désormais de l’approbation des députés…

Commémoration polémique

Fin mars, tous les défenseurs du politiquement correct s’indignaient contre le projet de « commémoration du coup d’Etat de 1964 » du nouveau président Brésilien. 

Toutefois, si celui-ci a souhaité nuancer l’événement en parlant de « remémoration », sa dénomination et son déroulement font débat entre ses partisans et ses détracteurs. Là où certains parlent d’un coup d’Etat militaire ayant débouché sur deux décennies d’une dictature sanguinaire, d’autres parlent d’une révolution ayant empêché le Brésil de devenir un pays communiste dans un contexte de guerre froide. Mais laissons le débat aux historiens et politologues, en nous rappelant que la perception d’un même événement peut différer selon l’idéologie de ceux qui en parlent. Le fait est que les électeurs de Jair Bolsonaro optent pour le second choix, n’y voyant aucune « apologie à la dictature ».

On lui envoie les gilets jaunes?

Attention, enfin, toute ressemblance avec la situation d’un autre pays serait fortuite mais il semblerait que peu importe l’endroit où l’on se trouve, faire passer l’âge légal de la retraite de 62 à 65 ans dans le but de réduire une dette publique dépassant les 90% du PIB s’avère problématique! 

C’est du moins de ce que l’on constate en observant syndicats et milieux universitaires brésiliens, aussi disposés que leurs homologues français à lutter continuellement contre toute réforme malgré des demandes répétées de changements. Si les manifestations des « anti » ne manquent pas – le 15 mai, 1,5 million de Brésiliens ont manifesté contre une réduction du budget des universités fédérales – les maillots jaunes, de la couleur de l’équipe nationale de football, des partisans de Bolsonaro ont envahi les rues de plus de 150 villes dimanche 27 Mai, faisant ainsi savoir que leur candidat disposait toujours d’un véritable soutien populaire. D’ailleurs, rappelons qu’un sondage récent du journal économique brésilien Exame souligne que près de 80% des sondés sont confiants quant à la mise en place de ladite réforme dès cette année. 

Ainsi, si chacune des décisions du nouveau président brésilien est l’objet de fortes controverses, elles ont au moins le mérite de répondre aux attentes de son électorat. Et si cela déplaît à certains, Bolsonaro n’en a pas moins été élu démocratiquement!

 

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2 commentaires

  1. Posté par Bussy le

    J’ajoute qu’autant les Salvini et Orban sont une grosse épine dans le pied des élites traîtres et des lobotomisés, autant Bolsonaro est une aubaine pour eux, homophobe et destructeur de la forêt amazonienne, il fait du tort à ceux qui supposent qu’il est dans leur camp !
    D’ailleurs, quels sont ceux qui rêvent d’éjecter les indiens de la forêts amazonienne et faire de celle-ci de vastes mines et cultures intensives…. certainement pas le peuple brésilien, par contre, les multinationales prédatrices aux mains des oligarques…..

  2. Posté par Bussy le

    Il a des bons côtés, certes, mais avec lui, on a compris que la forêt amazonienne, un des poumons de la terre, allait être rasée et désertifiée, donc pas de quoi pavoiser !

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