En Allemagne, l’avenir de la Grande Coalition en question

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Après les mauvais résultats aux élections européennes des partis de la Grande Coalition au pouvoir à Berlin (28,9 % des voix pour la CDU-CSU, 15,8 % des voix pour le SPD social-démocrate) et l’excellent résultat des Verts (20,5 % des voix), un nouveau sondage publié samedi est venu jeter encore plus le trouble en Allemagne. Réalisée dans la semaine qui a suivi les élections européennes pour le compte de RTL et de la télévision NTV, cette étude d’opinion de l’institut Forsa est la première depuis la création du parti Die Grünen (Les Verts) en 1980 qui donne les écolos en tête des intentions de vote pour les élections fédérales. Avec 27 % des intentions de vote, les Verts dépassent en effet d’une courte tête la CDU-CSU préférée par 26 % des personnes interrogées. Le SPD ne recueillerait aujourd’hui plus que 12 % des voix, devançant de peu l’AfD à 11 % (ce qui correspond exactement au résultat de ce parti aux élections européennes). Toujours selon ce sondage, 9 % des électeurs voteraient pour un autre parti (libéraux ou extrême gauche) et 17 % sont indécis.

Bien entendu, il ne s’agit là que d’un sondage, et un autre sondage est venu rapidement replacer les Verts à leur niveau des élections européennes. La tendance mise en évidence par l’évolution du baromètre de Forsa est néanmoins très favorable aux Verts et inquiétante pour les partis de gouvernement. Ce baromètre confirme par ailleurs ce qu’on constate dans les urnes : le parti national-conservateur Alternative pour l’Allemagne (AfD) stagne en 4e position. La stratégie de diabolisation-ostracisation mise en œuvre par les autres partis et par l’ensemble des grands médias semble très bien fonctionner outre-Rhin. Un exemple de cette stratégie d’ostracisation, c’est le refus des autres partis au Bundestag d’élire un représentant de l’AfD à un des postes de vice-président de la Chambre basse du Parlement, alors qu’il était jusqu’ici d’usage de confier une vice-présidence à chacun des principaux partis d’opposition. Or l’AfD est le plus gros parti d’opposition à la Grande Coalition, avec 91 députés sur 709. A ce jour, tous les candidats proposés par l’AfD au poste de vice-président se sont heurtés au blocage des autres partis.

Si au niveau fédéral l’AfD n’arrive pas à percer au-delà de son score de 12,6 % aux élections législatives de 2017, le SPD social-démocrate continue donc de s’enfoncer. Le très mauvais résultat des élections européennes du 26 mai a débouché dimanche sur la démission de sa présidente Andrea Nahles dans un contexte d’appels au sein du parti à se retirer de la coalition avec la CDU-CSU. Un tel retrait serait synonyme de nouvelles élections, et il n’est toutefois pas sûr que les députés du SPD veuillent prendre le risque d’une nouvelle débâcle électorale au profit des Verts.

Le sondage de l’institut Forsa a montré qu’Andrea Nahles ne recueillerait que 13 % de votes si les Allemands avaient à élire directement un nouveau chancelier. La CDU-CSU n’a aucune raison de se réjouir de l’affaiblissement de son partenaire au sein de la coalition, puisque son nouveau leader, Annegret Kramp-Karrenbauer, est elle aussi en baisse de six points par rapport à la semaine d’avant les élections européennes, avec seulement 24 % des Allemands qui aimeraient la voir occuper le poste d’Angela Merkel.

Photo principale : Michael Kellner, jovial secrétaire général du parti écologiste

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