Le spitzenkandidat, terme allemand désignant une tête de liste, est un mécanisme mis en place par le Parlement européen après les élections européennes de 2014 pour présenter au Conseil un candidat à la présidence de la Commission. Ce mécanisme était censé démocratiser un peu la nomination du président de la Commission européenne et, ce faisant, celle de l’ensemble de la Commission puisque le président a aussi son mot à dire dans le choix des commissaires proposés par les Etats membres de l’UE. Jean-Claude Juncker, premier président de la Commission désigné par ce mécanisme du spitzenkandidat, se vantait d’ailleurs il y a quelques jours dans un journal polonais d’avoir lui-même bloqué la nomination de plusieurs commissaires et il assurait que, quels que soient les résultats des prochaines élections européennes et les majorités en place dans les différents pays membres, il ne serait pas question de laisser entrer à la Commission européenne des représentants de l’option « populiste ».
Aujourd’hui, les deux principaux spitzenkandidaten sont le candidat des socialistes, Frans Timmermans, un travailliste hollandais qui est actuellement premier vice-président de la Commission européenne, et le candidat du PPE, Manfred Weber, un Allemand de la CSU qui préside le groupe PPE (dont font partie les LR français) au Parlement européen.
En bon représentant de cette droite molle toujours encline à donner des gages aux médias dominés par les idéologies de gauche, Manfred Weber a assuré dans une interview donnée fin avril que, si sa nomination à la tête de la Commission européenne devait dépendre du Fidesz hongrois (suspendu récemment du PPE), il préférait ne pas obtenir le poste.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui gouverne son pays depuis 2010 à la tête d’une coalition du Fidesz et du KDNP chrétien-démocrate (membre comme le Fidesz du PPE) reconduite à deux reprises (en 2014 et 2018) par des électeurs majoritairement satisfaits de leur gestion, a en toute logique déclaré lundi qu’il retirait son soutien à Manfred Weber puisque celui-ci, en insultant son parti, insultait les électeurs hongrois. L’annonce de la décision hongroise a été faite en présence du vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache, du FPÖ, qui était justement en visite à Budapest. La rencontre entre Orbán et Strache a été l’occasion de confirmer leurs convergences de vue, notamment sur l’UE et sur l’immigration, et Orbán a redit que son projet est de former une coalition entre le PPE et les partis à la droite du PPE sur le modèle de la coalition entre l’ÖVP de centre droit et le FPÖ de droite qui gouverne avec succès à Vienne.
Mais avec des gens comme l’Allemand Manfred Weber, de la CSU, ou le LR français Joseph Daul, actuel président du PPE qui assurait le 26 avril dernier dans Le Monde qu’« aucune entente ne se fera avec un parti populiste », il est improbable que le PPE s’allie après les élections avec les partis de droite, et les électeurs qui en France voteront pour la liste LR voteront en réalité pour une probable grande coalition PPE-Socialistes-Libéraux. Finalement, voter LR, En Marche ou socialiste reviendra donc au même.
Plus réaliste que celle d’Orbán est donc la main à nouveau tendue dimanche au Fidesz hongrois et au PiS polonais par Marine Le Pen depuis Bruxelles où elle était venue soutenir ses amis flamands du Vlaams Belang. Et qui sait : si le Fidesz quitte finalement le PPE, il en entraînera peut-être d’autres à sa suite.
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