A l’approche des élections législatives anticipées du 28 avril en Espagne, le parti national-conservateur Vox, qui n’avait obtenu que 0,2 % des voix en 2016, est au centre des débats. Et pour cause, les derniers sondages le donnent à 11 % des intentions de vote. Le parti de Santiago Abascal, surgi à la droite d’un Parti populaire (PP) devenu libéral-libertaire après avoir longtemps été libéral-conservateur, va très certainement faire son entrée pour la première fois au Congrès des députés. Cela veut dire que si la « droite » (au sens large : du parti centriste Ciudadanos au parti national-conservateur Vox en passant par le parti de centre-droit PP) voulait gouverner, elle ne pourrait presque certainement plus le faire sans ce parti Vox qu’elle cherchait jusqu’ici à diaboliser pour mieux l’exclure.
Un parti anti-immigration
Ainsi, ce parti anti-immigration, favorable à une recentralisation des pouvoirs en Espagne et hostile à de nouveaux abandons de souveraineté en faveur de l’UE, pourrait répéter au niveau national ce qu’il a fait entre décembre et janvier en Andalousie. Dans cette région du sud de l’Espagne, c’est son soutien à la coalition de gouvernement du PP et de Ciudadanos qui a permis de mettre fin à des années de gouvernement socialiste corrompu. Cela dit, si l’expérience andalouse est représentative de ce qui pourrait arriver à Madrid, ce n’est pas de très bon augure. En Andalousie en effet, c’est le seul PP qui avait négocié avec Vox. Les centristes de Ciudadanos, professant le même genre d’idéologie libérale-libertaire et européiste que le LREM d’Emmanuel Macron en France, ont pris un air dégoûté mais ont formé quand même leur coalition régionale avec le PP. Le résultat, c’est qu’aujourd’hui le chef de Vox, Santiago Abascal, reproche au centre-droit d’être, en plus d’une « petite droite lâche », une « petite droite menteuse », car elle ne respecte pas l’accord conclu en Andalousie, notamment en ne revenant pas sur l’application de la loi mémorielle révisionniste adoptée par les socialistes, à l’époque de Zapatero, et elle ne transmet toujours pas aux autorités compétentes les données des 52 000 immigrants illégaux présents en Andalousie afin de permettre leur expulsion d’Espagne.
Du reste, les centristes de Ciudadanos pourraient aussi former une coalition avec les socialistes. Leur marque de fabrique, outre le libéralisme libertaire qui ne les distingue pas vraiment du PSOE, c’est l’hostilité aux séparatismes régionaux, notamment catalan. Ciudadanos pourrait obtenir, selon les derniers sondages, un peu plus de 15 % des voix, contre environ 21 % pour le PP. Dans ces conditions, la droite et le centre n’auraient de toute façon pas la majorité absolue, et une coalition du PSOE et de Unidas Podemos serait en revanche envisageable. Si Unidas Podemos a beaucoup baissé dans les sondages (plus que 13,5 % des intentions de vote, contre plus de 21 % des voix en 2016), c’est en effet, outre Vox, le PSOE socialiste de Pedro Sánchez qui devrait sortir gagnant de ces élections, avec près de 30 % des intentions de vote contre moins de 23 % des voix en 2016. Sánchez pourrait donc avoir le choix entre l’extrême gauche et l’extrême centre pour gouverner l’Espagne.Mots-clés :
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