C’est le grand déballage en Italie. Après les affaires de Catiuscia Marini et Nicola Zingaretti, respectivement gouverneurs, elle de l’Ombrie, lui du Latium et tous deux de l’opposition (socialiste et parti démocrate), c’est au tour de deux politiciens de la coalition gouvernementale d’être sur la sellette. D’une part, le sous-secrétaire Armando Siri (Lega) est accusé d’avoir touché, comme d’autres en Sicile, des pots-de-vin de sociétés d’éoliennes. Il nie avec vigueur et est soutenu par Matteo Salvini, alors que l’autre parti de gouvernement, le mouvement 5 étoiles, a réclamé sa démission. Une initiative malheureuse, car c’est maintenant Virginia Raggi, maire 5 étoiles de Rome, qui est dans la tourmente, pour avoir exigé d’un subordonné de manipuler le bilan de la société chargée du ramassage des ordures et de l’avoir licencié après qu’il eut refusé. Un enregistrement a été publié par l’hebdomadaire L’Espresso, dans lequel elle donne cet ordre et avoue qu’elle n’a plus le contrôle de sa ville.
Traduction (Claude Haenggli) : « Lorenzo, tu dois modifier le bilan comme les sociétaires te le demandent ». Confrontée à la résistance exprimée par le manager, qui parle de motif « dégradant », Madame Raggi a répliqué sèchement : « S’il te faut le modifier, tu dois le modifier. Point final. Même s’ils te disent que la lune est plate. » Et une Raggi visiblement en difficulté admet, impatiente, que Rome « est pratiquement hors de contrôle » et que « les syndicats font toutes les conneries qu’ils veulent ». Matteo Salvini n’a pas manqué de se joindre au bombardement de critiques envers le maire 5 étoiles et il a fait presque en temps réel le commentaire suivant : « Si un maire dit qu’il n’a plus le contrôle de sa ville, alors qu’il change de métier, chère amie. »
On est en droit de se demander si gouverner c’est savoir “tromper, masquer, tricher, pour exercer ses fonctions, en Italie. On n’est pas loin de ça en France, aussi.
Si la transparence existait, nous pourrions agir sur ces pratiques. Mais je crois que le mot transparence risque de disparaître du dictionnaire pour les générations futures. Comme la démocratie directe.
A moins que nos enfants se réveillent. Nous ne serons plus là pour le voir, car ça va vraiment prendre du temps. On ne déloge pas facilement ce qui aiment “traiter” dans l’ombre.
Le retour au concret, certains n’aime pas