La manifestation hebdomadaire du 29 mars à Alger, la sixième exigeant le changement du système politique, a été entachée par plusieurs agressions de militantes féministes. Comme le rapporte un manifestant sur Facebook, une première agression a eu lieu aux alentours de 12h30 «devant la Librairie de l’Office des publications universitaires (OPU)». Selon lui, un individu assurant être un riverain aurait commencé à provoquer les féministes devant l’entrée de la Faculté centrale avant de leur arracher leurs banderoles et pancartes avec l’aide de plusieurs autres jeunes individus.
Vous êtes des poteaux, des statues, que faites-vous ?
Une autre agression, cette fois filmée, a également eu lieu devant le Centre culturel Mustapha Kateb. On peut brièvement voir un individu arracher une pancarte des mains d'une femme avant de la déchirer. «Vous êtes des poteaux, des statues ? Que faites-vous ?», hurle une proche de la victime à l’égard des passants et des policiers. Avant de poursuivre dans la même veine : «On ne va pas accepter cela.» Un homme lui rétorque alors sur un ton provocateur : «Qu’'Allah te facilite la tâche.»
Très vite, les réactions d’indignation se sont enchaînées sur la toile. «Inacceptable et condamnable sans réserve», écrit un internaute.
C affreux vraiment affreux surtout en ce moment et surtout parce qu’il y’a ce moment.
— Hakim SOUFI (@mhsoufi) 29 mars 2019
Inacceptable et condamnable sans réserve.. des abrutis malheureusement encore nombreux, il ne faut rien laisser passer.
— Lamine Mahi (@LamineMahi) 30 mars 2019
Si certains regrettent ces incidents, ils ont néanmoins estimé que le moment n’était pas venu pour évoquer ce thème de société. «Le chemin de la révolution est long. Il faut l'accepter et continuer son chemin. Arrêtons de nous lamenter. Nous devons d'abord libérer le pays. C'est la priorité. Après nous ferons le travail nécessaire pour éduquer et libérer les mentalités», estime l’un d’entre eux.
Le chemin de la révolution est long. Il faut l'accepter et continuer son chemin. Arrêtons de nous lamenter. Nous devons d'abord libérer le pays. C'est la priorité. Après nous ferons le travail nécessaire pour éduquer et libérer les mentalités. Tahya El-Djazair.
— Zouj (@Zouj10) 30 mars 2019
Contre l'agression. Oui mais au moment où l'Algérie a réussi à rassembler tt le peuple avec tte sa diversité & ses différentes mentalités sur une cause majeure: "Un pays libre & démocratique", faut éviter de susciter des querelles. Tt viens à bout à qui sait attendre
— Houda Henniche (@HoudaHenniche) 29 mars 2019
Aujourd’hui, j’ai eu le sentiment que ce pays n’est pas le mien
Quelques heures après la manifestation, plusieurs militantes féministes ont décidé dans une vidéo publiée sur Facebook, de revenir sur les agressions dont elles disent avoir été victimes. «Aujourd’hui, j’ai eu le sentiment que ce pays n’est pas le mien», déclare d’emblée l’une d’entre elles.
«Toute la société souhaite un changement et la démocratie mais dès que nous demandons nos droits de femmes, nous ne sommes plus algériennes pour eux», renchérit une autre. Malgré leur mésaventure, elles affirment qu’elles manifesteront de nouveau pour la promotion des droits de la femme au sein de la société algérienne.
Depuis l’officialisation de la candidature du chef de l'Etat algérien à l'élection présidentielle à la mi-février, les mouvements de protestation se sont multipliés en Algérie, contraignant Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans, à renoncer à un cinquième mandat. Dans leur grande majorité, les manifestants ont fait preuve de calme et de civisme. Un comportement salué au-delà des frontières du pays.
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