La paternité partielle de Darbellay

Ndlr. L’article du Walliser Bote publié ci-dessus sur LesObservateurs.ch reprenant tous les points essentiels de l’article de la Weltwoche nous publions également une traduction en français faite pour nous de ce dernier article, avec l’autorisation de l’auteur Alex Baur.

La paternité partielle de Darbellay

 

En 2016 Darbellay Christophe admit publiquement une relation adultérine avec des conséquences. Le peuple était attendri. Mais lorsqu’il fallut payer, le défenseur de la famille et conseiller d’état valaisan ne se révéla pas aussi généreux qu’annoncé, comme le démontrent des documents judiciaires.

 

Le petit n’avait pas encore une semaine lorsque Christophe Darbellay se confessa publiquement dans le Sonntagsblick : « Après avoir passé une nuit avec une femme, en décembre dernier, juste avant la fin de mon mandat bernois, j’ai commis une grave erreur. »

Le politicien démocrate-chrétien valaisan déclara en pleurnichant que la confession de sa galipette à son épouse lui avait été si difficile qu’il n’avait pu s’y résoudre que peu de temps avant la naissance de l’enfant. Mais il affirma qu’ils allaient vaincre cette « difficile épreuve » en commun avec son épouse : « avant sa naissance déjà, j’ai reconnu officiellement l’enfant et j’ai réglé toutes les obligations financières. »

« Je serai là pour l’enfant », ajouta-t-il le lendemain dans le Blick. La Schweizer Illustrierte, qui avait déjà plusieurs fois publié des articles sur l’intimité familiale des Darbellay et sa progéniture traita le sujet avec beaucoup de compassion. Darbellay y assura qu’il serait là pour son fils, « pas seulement financièrement ».

Ce qui rendait l’affaire particulièrement délicate : les élections cantonales étaient toutes proches en Valais. Cependant, la confession médiatique n’eut pas de conséquences fâcheuses pour le candidat Darbellay. Il fut élu sans difficultés au conseil d’état valaisan en mars 2017, en ayant soigneusement évité le sujet durant la campagne. Au décompte final, le canton du Valais, bien qu’ultraconservateur, semblait pardonner son écart au courageux pécheur.

« Que celui qui est sans faute jette la première pierre », déclara Darbellay le 3 février 2017 au journaliste de la Schweizer Illustrierte sur un air de défi, pour insister encore une fois : « je porte l’entière responsabilité de ce qui est arrivé et je l’assumerai. » Il n’était apparemment pas conscient, à ce moment-là, de ce que ça signifiait réellement.  Car le même jour où parut la Schweizer Illustrierte », en ce 3 février 2017, Christophe Darbellay transmit une déclaration écrite (unsworn declaration) au tribunal du comté de Dallas, où la reconnaissance du nourrisson âgé entre-temps de six mois était débattue selon la loi texane. La Weltwoche dispose des protocoles de ces débats judiciaires.

La maman de l’enfant de Darbellay est américaine. Elle était retournée aux USA quelques semaines après la naissance de l’enfant. Le 15 novembre 2016, elle déposa dans le comté de Dallas une plainte en paternité contre Darbellay et exigea le paiement d’une pension alimentaire pour l’enfant. Fin 2016, la justice américaine transmit cette plainte au domicile du politicien par le biais de l’entraide judiciaire.

Dans sa déclaration à l’adresse du tribunal américain du 11 juillet 2017 – entretemps, il était devenu membre du gouvernement valaisan – Darbellay « remet en question la paternité selon le droit texan » de manière générale (I deny that a father-child relationship has ever been established between me and the child). Il y affirme aussi que la mère de l’enfant a quitté la Suisse sans son assentiment. Comme preuve, Darbellay joint au dossier un e-mail datant du 28 avril 2017, dans lequel la mère de l’enfant déclare qu’elle est retournée aux USA parce que la vie en Suisse était trop chère pour elle. Le 20 juillet, le tribunal de Dallas se prononce en faveur de Christophe Darbellay et rejette la plainte.

 

1400.- de pension alimentaire par mois.

 

Où est donc la vérité ? Christophe Darbellay a refusé de prendre position dans la Weltwoche à ce sujet. Par son avocat, qui menaça immédiatement de déposer plainte, il fit savoir ce qui suit : « Comme vous le savez, mon client a reconnu officiellement son fils illégitime devant l’état civil de Berne avant sa naissance. L’enfant possède un passeport Suisse et un acte de naissance. La déclaration de septembre 2016, que vous mentionnez, est toujours d’actualité et se passe de tout commentaire. » Tout le reste serait du domaine privé, selon l’avocat.

Selon l’entourage de la mère de l’enfant, Christophe Darbellay paierait « depuis plusieurs mois » 1400.- par mois pour son fils âgé actuellement de deux ans et demi. Darbellay n’a pas voulu confirmer ou infirmer ce montant.

Comment en est-on velu à cette vilaine dispute, alors que Darbellay prétend, dans ses déclarations publiques, avoir reconnu l’enfant et pris entièrement ses responsabilités, déjà avant la naissance de l’enfant.

L’e-mail du 28 avril 2017, joint par Darbellay au dossier, livre peut-être une clé. Dans ce message, la mère de l’enfant se plaint du fait que Darbellay ait pris pour la dernière fois des nouvelles de son fils trois semaines après sa naissance.  Les « moins que 5000.- » qu’il lui aurait versés en tout jusque-là ne lui suffiraient pas pour subsister en raison de la cherté de la vie en Suisse. Elle explique avoir compris qu’il ne voulait plus entendre parler de son fils. Elle lui explique avoir déposé sa plainte à Dallas pour disposer de la garde unique. Elle ajoute qu’il serait convenable qu’il paie sa pension alimentaire. Et aussi qu’en raison du litige, l’argent allait hélas finir dans la poche des avocats. Dans un allemand approximatif, la femme adresse de lourds reproches à Darbellay. Elle l’accuse de ne pas même subvenir à la caisse maladie et l’éducation de son fils et de ne pas vouloir le reconnaître comme héritier légitime. Elle écrit aussi que si elle ne parvenait pas à régler le différent au Texas, elle chargerait son avocate à Berne de déposer une plainte en Suisse.

D’après nos recherches, l’APEA a été impliquée dès le début. Impossible de savoir, cependant, quels furent les arrangements convenus. Un blog dans lequel l’américaine s’exprime concernant sa maternité permet de conclure que les tensions ont commencé déjà avant la naissance. Selon ce qu’elle écrit, elle aurait pris conscience « au troisième mois de la grossesse » que l’enfant grandirait sans père. Cependant, un avortement n’était pas envisageable pour elle en tant que méthodiste. Ce qui l’a mise en rage fut la déclaration officielle de Darbellay après la naissance de l’enfant, lorsqu’il parla d’une « grave erreur. » « Mon fils est un cadeau », dit-elle, « et en aucun cas une erreur. »

En août 2017, peu après le rejet de la plainte au Texas, l’ex-amante se lâche sur son blog. Elle déclare en avoir eu assez des mensonges. En dehors du fait de n’avoir plus été en mesure de payer son appartement, elle dit avoir quitté la Suisse pour offrir à l’enfant une famille qui lui donnerait de l’amour – ce qui ne fut pas le cas en Suisse. C’est pour cette raison qu’elle serait retournée chez ses parents au Texas.

 

Contournement de sa propre loi

 

La Texane espérait-elle une plus grande pension alimentaire aux USA ? Plusieurs avocats consultés doutent que les pensions alimentaires pour un enfant illégitime soient plus élevées aux USA qu’en Suisse. En 2015, sous l’impulsion du PDC qui se profile en tant que « parti de la famille », une nouvelle loi fut introduite. Selon celle-ci, les enfants illégitimes ont droit – au même titre que les autres – non seulement à une pension alimentaire, mais également à une contribution pour les frais de garde. D’après le protocole des séances, Christophe Darbellay – qui était alors membre du parlement ¬– vota, pour autant qu’il fût présent, pour ce projet de loi lors de toutes les étapes législatives.

D’après les calculs de l’avocate bernoise Anna Murphy dans la Berner Zeitung du 10 Janvier 2017 (« pour les pères non mariés, la facture sera plus élevée »), cette nouvelle loi a pour conséquence que des géniteurs aisés, qui jusqu’alors payaient 1400.- mensuels de pension alimentaire pour un enfant illégitime devront désormais payer 3900.- par mois.

Ce qui n’était pas mentionné dans l’article : Murphy est par hasard la représentante juridique de la mère de l’enfant illégitime de Darbellay. Nonobstant cela, la Berner Zeitung a interrogé l’avocate au sujet du cas Darbellay. La réponse de Murphy : « N’importe quel juge dirait dans ce cas : voilà un politicien démocrate-chrétien qui veut empêcher que son enfant aille dans une crèche. » Mais apparemment, un tel juge ne s’est pas trouvé dans ce cas.

Alex Baur

 

Ndlr. Source : traduction en français pour LesObservateurs.ch de l’article en allemand de Alex Baur, Darbellays Teilvaterschaft paru dans la Weltwoche, Nr 13.19, 28.3.2019, avec l'autorisation de l'auteur. Suite dans la prochaine édition de la Weltwoche.

 

9 commentaires

  1. Posté par Marco le

    Mais comment peut-on encore suivre Christophe Darbellay…? Cela me parait irresponsable et, grotesque! Lui qui, en plus, pour semble-t-il se dissimuler, intimide la presse… Je crois qu’il va vraiment nous falloir toutes et TOUS aller faire la grève avec les femmes le 14 juin…Il en va de l’écologie de nos rapports avec elles et de l’écologie des rapports que nous pouvons légitimement exiger avec ceux que nous élisons en toute confiance! Monsieur Darbellay continue à défendre une politique et des valeurs qu’il contredit sans scrupule et avec beaucoup de mépris.

  2. Posté par toyet le

    Bon pour une place au CF ça semble rappé pour Roger Köppel

  3. Posté par toyet le

    C’est assez étonnant selon une Fakes News, Christophe aurait été condamné à verser 1 millions de $ comme pension alimentaire unique. Encore des commérages dégueulasses

  4. Posté par Pierre-Alain Tissot le

    @Madame Anna, je vous suis entièrement.
    Cette femme n’est certainement pas “seulement” une oie blanche, victime d’un affreux machiste…
    Une Américaine qui sait calculer et tirer profit de la loi, au détriment de l’enfant et de son père.

  5. Posté par Pierre le

    Mais jusqu’à présent rien ne prouve qu’il s’agit de cet enfant, je me pose la question sans porter d’accusations, y’a t’il d’autres enfants ?

  6. Posté par Antoine le

    Le fric et encore le fric !
    On a toute la collection :
    – Femme cocu
    – Mari adultère
    – Peuple valaisan roulé dans la farine …
    – Maîtresse éplorée et grippe-sous
    – Fils illégitime
    – Avocats aux abois
    – Des journalistes qui se pourlèchent les babines ….
    – etc …
    Un vrais feuilleton américain (texan ?)

  7. Posté par Anna le

    Mais quand même, les torts sont partagés : cette dame semble bien avoir envie de toucher de l’argent tout en s’assurant que son fils ne connaisse pas son père, puisqu’un océan les séparera. Darbellay sera seulement un père tirelire, et quelles que soient les circonstances, ce n’est pas un cadeau à faire à son enfant. Elle se dit “méthodiste” et couche avec un homme marié…mais riche….pas dingue la dame. Comme je suis une femme, je peux le dire sans me faire traiter de macho.

  8. Posté par Le Bagnard le

    Ça fait vraiment chaud au cœur d’être représenté par ce genre de personne… Quand est-ce que dans ce canton on en finira avec ce parti enfin?

  9. Posté par Bussy le

    Triste pour cet enfant, mais le plus grave, et qui n’a apparemment jamais été soulevé dans les médias, c’est l’exemple que cet homme politique donne aux jeunes en matière de prévention des maladies sexuellement transmissibles…. vous savez… mettre un préservatif…. d’autant plus quand on trompe son épouse qui risque de ce fait d’être contaminée pour le restant de ses jours….
    Et les remords n’ont semble-t-il pas été assez fort pour avouer tout de suite sa galipette à son épouse, et se protéger en attendant les résultats du test……

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