Loi sur les armes. La brochure de votation

Frank Leutenegger
Journaliste, retraité RTS,  www.swissguns.ch

 

Comme toujours, le Conseil fédéral publie une petite brochure rouge, pour présenter les votations à venir (la plupart des Romands n'ont pas encore reçu celle qui concerne la révision de la loi fédérale sur les armes, mais elle se trouve sur le site du gouvernement). L'ensemble tient sur une vingtaine de pages, dont la moitié (celle consacrée au point de vue du gouvernement) est truffée de mensonges.

 

Analysons le texte.

 

On commence par nous expliquer que la loi fédérale sur les armes est là pour nous protéger et que, dans sa grande sagesse, l'Union européenne a décidé d'améliorer l'efficacité des mesures. Un travail de plusieurs années, nous dit-on, alors que Bruxelles reconnaît que tout cela a été vite ficelé après les attentats de Paris, Bruxelles et Copenhague.

 

Le projet suisse vise à lutter contre le marché noir, en

imposant notamment un marquage de toutes les armes légales. En outre le projet est censé améliorer - comment ? on ne nous le dit pas - l'échange d'informations policières avec les autres Etats. Amélioration qui permettra à la police suisse de savoir quelles personnes se sont vu refuser une arme à l’étranger pour des motifs de sécurité. Ces personnes ne pourront obtenir aucune arme dans notre pays.

 

C'est le premier mensonge, si ce n'est pas de la stupidité. En effet, ce système d'échanges d'informations existe déjà et aucune modification n'en est envisagée. Par ailleurs, le système existant a déjà montré ses limites. En effet - et les témoignages des policiers concernés sont éloquents - l'information passe très bien de la Suisse vers l'Europe et très mal, de l'Europe vers la Suisse.

 

Peut-être que Fedpol (la police fédérale) espère que ça ira mieux à l'avenir ?

 

En entrant dans le détail, on comprend que:

  • Le système d'autorisation ne changera pas, même pour les armes devenues interdites… sauf que le permis passera de 50 à 150 francs et qu'il sera soumis au bon vouloir des cantons.

 

  • Qu'il n'y aura pas de registre central de armes, mais qu'il faudra les enregistrer.

 

  • Que rien de plus ne changera… sauf qu'on sait déjà que les développements "dynamiques" du droit européen sont planifiés tous les 5 ans et que les examens psychiatriques, évités pour le moment, reviendront en 2022, avec en outre une proposition au parlement européen d'une interdiction totale des armes semi-automatiques (les événements de Nouvelle Zélande apporteront des arguments imparables). Et on se rappelle aussi, qu'en 2005 on nous avait promis qu'il n'y aurait aucune modification de la loi induite par Bruxelles.Qui a menti une fois, continuera de mentir.

 

  • Que rien ne changera pour le tir et que les modifications des formalités administratives sont minimes, etc. Le tir ne changera peut-être pas pour ceux qui le pratique assidument actuellement déjà, mais pour les jeunes qui commencent, pour les vieux qui arrêtent un temps pour raison de santé ? Et les formalités changent quelque peu, quand elles comprennent des visites domiciliaires (entendez: perquisitions).

 

Finalement, l'allusion à Schengen, qui disparaitrait automatiquement et ferait instantanément de la Suisse un pays du quart monde, elle ne mérite même pas la lecture.

 

Une brochure de votation doit présenter les arguments des référendaires. Celle-ci n'y manque pas. Mais elle se contente de recopier la page de garde du site du comité référendaire.

 

Une brochure pour rien. Des arguments pour rien.

 

Un mensonge pour beaucoup.

 

Frank A.Leutenegger 21 mai 2019

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