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Alexandria Ocasio-Cortez, le socialisme made in USA

Alexandria Ocasio-Cortez, la nouvelle figure de proue de l'extrême gauche américaine, bouscule l'establishment. Elle veut radicaliser le Parti démocrate et révolutionner son pays.

Sur la couverture du comic book, Alexandria Ocasio-Cortez parade triomphalement dans son costume de Wonder Woman, une épée à la main, prête au combat. À ses pieds gît un éléphant, symbole du Parti républicain, terrassé. Derrière elle, un âne démocrate inquiet attend son tour. Trois mois après sa victoire aux midterms, la nouvelle élue, socialiste autoproclamée, figure déjà au panthéon des superhéros de la gauche américaine. Adulée par les médias, la jeune femme de 29 ans d’origine portoricaine a juré de s’élever pour « la dignité sociale, économique et raciale » des travailleurs et des minorités face au pouvoir vieillissant de Washington. Mais c’était compter sans son amateurisme, ses gaffes en série et les critiques de son camp.

Il y a un an encore, « AOC » était barmaid dans un obscur restaurant de tacos à Manhattan. Désormais, un seul de ses tweets suffi t à déclencher un scandale national. « Une rock star politique instantanée », louait ainsi le progressiste New York Times, le 27 juin dernier. La veille, Alexandria Ocasio-Cortez avait largement emporté la primaire démocrate dans le 14e district de l’État de New York (quartiers du Bronx et du Queens) face au candidat en poste depuis vingt ans et potentiel speaker de la Chambre des représentants. Aujourd’hui, l’ex-activiste des campagnes Sanders et Obama est devenue la bête noire des conservateurs. Elle est « effrayante », constate l’animateur de Fox News Sean Hannity. « Alerte rouge », avait même prévenu le New York Post avant lui.

Il faut dire que son programme extrémiste a de quoi faire peur. Alexandria Ocasio-Cortez défend, entre autres, la nationalisation du système de santé, des limites strictes au second amendement sur les armes à feu et la suppression de l’ICE, l’agence fédérale de police douanière et de contrôle des frontières chargée de lutter contre l’immigration clandestine. Son opinion sur le projet de Donald Trump de construire un mur à la frontière mexicaine ? « C’est une abomination morale. C’est comme le mur de Berlin. » D’ailleurs, argumente-t-elle, « demander à être considéré comme réfugié et postuler au statut n’est pas un crime. Ça ne l’était pas pour les familles juives fuyant l’Allemagne… » Et puis, de toute façon, les migrants latinos « sont des descendants des Amérindiens » sic).

Plus délirant encore, AOC a déposé au Congrès une résolution pour obliger le gouvernement fédéral à mettre en place un Green New Deal (« Nouvel Accord vert ») pour éliminer les émissions de carbone en dix ans, sans énergie nucléaire, grâce à une mobilisation digne de la « Seconde Guerre mondiale ».

Taxer les Américains les plus riches à 70 %

La résolution entend notamment « améliorer ou remplacer chaque bâtiment aux États-Unis pour une efficacité énergétique » à la pointe de la technologie, « construire un réseau de trains à grande vitesse » à une échelle où le transport aérien cessera de devenir nécessaire et « garantir à tous les habitants des États-Unis un emploi rémunéré, un congé familial et médical approprié, des congés payés et une sécurité de la retraite » . Des documents internes ont même souligné l’importance de « planter beaucoup d’arbres » et de « se débarrasser des vaches péteuses » !

Le « green new deal », un plan pharaonique à 93 000 milliards de dollars, soit 600 000 dollars par ménage.

En outre, Alexandria Ocasio-Cortez envisage de couper les dépenses militaires d’au moins la moitié et de taxer à 70 % les Américains les plus riches. Soutenu par la plupart des candidats gauchistes à la présidentielle de 2020, son projet divise profondément le parti. Sans avion, « ça serait assez difficile pour Hawaï », a même plaisanté une sénatrice démocrate de l’archipel. Un plan pharaonique à 93 000 milliards de dollars, soit 600 000 dollars par ménage, selon une étude ! Quant à la question du financement, AOC n’a jamais répondu. Résultat, même le Washington Post y est allé de sa condamnation : « Les bonnes intentions ne suffi sent p as. Nous ne pouvons pas nous permettre de mauvaises idées », a tancé le journal de gauche.

Mi-janvier, à un journaliste qui l’interpellait sur les accusations de « racisme » lancées à son encontre par Alexandria Ocasio-Cortez, également favorable à son impeachment, Donald Trump avait répondu : « On s’en fout. » Quelques mois plus tôt, son charisme et son charme ne lui avaient pourtant pas échappé. « Je regardais la télévision, et je vois cette jeune femme. Je me suis dit : « Qui est-ce ? Oh, elle fait campagne contre Joe [Joseph Crowley, son adversaire dans les primaires démocrates, NDLR]  » », racontait ainsi le président américain à la presse. « « Laisse-moi la regarder une seconde.  »Merveilleux. « Hum, dites-lui qu’il va perdre.  » » Depuis, à propos du Nouvel Accord vert, Donald Trump a ridiculisé le projet d’une « folle » qui « ressemble à un texte de fin d’études secondaires, qui a eu une mauvaise note » et proclamé que « l’Amérique ne sera jamais un pays socialiste ».

Piquée au vif, AOC n’a pas tardé à réagir au feu des critiques. « Les gens disent « Oh, c’est irréaliste. Oh, c’est vague. Oh, ça ne règle pas ce petit problème.  » Et je me dis : « Vous essayez. Vous le faites. Parce que vous n’agissez pas. Parce que vous n’agissez pas. Donc, en attendant que vous le fassiez, je s u i s le boss. Qu’est-ce que vous dites de ça ? »», déclarait-elle, le 22 février, avec son ton arrogant habituel. Auparavant, l’élue mégalomane avait déjà expliqué que « seuls les radicaux ont changé ce pays », comme Abraham Lincoln avec la proclamation d’émancipation et Franklin D. Roosevelt avec la Sécurité sociale. « Si c’est ce que radical signifie, appelez-moi radicale », ajoutait-elle, en se comparant aux deux anciens présidents.

Car Alexandria Ocasio-Cortez est susceptible. Surtout quand les fact-checkers corrigent ses bourdes à répétition. Il y a eu son erreur sur le chômage, bas « parce que tout le monde a deux emplois » (elle est diplômée d’économie de l’université de Boston). Celle sur les « trois chambres du gouvernement : la présidence, le Sénat et la Chambre » (en fait, les branches exécutive, judiciaire et législative). Ou celle sur « l’occupation de la Palestine » par Israël ( « Je ne suis pas experte en géopolitique sur cette question » , a-t-elle reconnu). Sauf que pour l’élue socialiste, la vérité est toute relative : « Beaucoup de gens sont plus soucieux d’être précisément, factuellement et sémantiquement corrects que d’avoir raison moralement. »

Elle « risque de nuire au Congrès, à l’Amérique et au parti »

En fait, son extrémisme a suscité dès le départ la méfiance à gauche. La future speaker de la Chambre, Nancy Pelosi, avait relativisé sa victoire à la primaire, limitée à un « phénomène local ». Une autre représentante a noté que «les météores ne font que passer ». L’ancien gouverneur et candidat à la Maison-Blanche Michael Dukakis a pensé que « c’est une erreur d’exagérer l’importance de ce qui s’est passé dans le Bronx. Ce n’est pas le pays ». L’ex-sénateur Joe Lieberman a dit qu’elle « risque de nuire au Congrès, à l’Amérique et au parti ». Enfin, a observé l’analyste de CNN Chris Cillizza, « les démocrates devraient peut-être refréner leur tendance à faire d’Alexandria Ocasio-Cortez leur prochaine grande star ».

Les démocrates vont vers la gauche dure. Cela leur posera un problème à l’élection générale, car les Américains ne veulent pas vivre dans un pays socialiste européen.

Membre des Socialistes démocrates d’Amérique, AOC symbolise en effet la dérive de son parti vers l’extrême gauche. La plus jeune élue au Congrès ringardise aussi son mentor de 77 ans Bernie Sanders et creuse la fracture avec l’establishment, alors que 57 % des démocrates ont pour la première fois une opinion positive du socialisme, selon un récent sondage. Mais les électeurs suivront-ils ? « Les démocrates vont vers la gauche dure , appuie le leader des républicains au Sénat, Mitch McConnell. Cela leur posera un problème à l’élection générale, car les Américains ne veulent pas vivre dans un pays socialiste européen. » Ou comme prédit le Wall Street Journal : AOC pourrait bien être « l’arme républicaine secrète pour 2020 ».

4 commentaires

  1. Posté par wykaaa le

    Enfin une vraie gauche aux US. J’espère qu’elle va finir par réussir et qu’à l’avenir la mondialisation et le capitalisme vont faiblir.

  2. Posté par Antoine le

    La démagogoe sans limite de la gôche :
    ”Le « green new deal », un plan pharaonique à 93 000 milliards de dollars, soit 600 000 dollars par ménage.”
    ”Quant à la question du financement, AOC n’a jamais répondu”
    Projet démesuré, irréfléchi, impossible à déployer et surtout à financer !
    ”taxer à 70 % les Américains les plus riches”, cela me rappelle une promesse (non tenue) de M. Hollande lors des présidentielles françaises, voulait taxer les Français à hauteur de 75% !!
    https://www.lesechos.fr/03/01/2015/lesechos.fr/0204052314589_chronologie-de-la-taxe-a-75—sur-les-tres-hauts-revenus–avant-disparition.htm
    Si vous être riches ou très riches, en trois ”clic” et un bon conseiller d’optimisation fiscal,vous n’êtes presque plus taxé !
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Imposition_en_France

  3. Posté par Dede le

    Les USA peuvent tout réussir et même d’atterrir sur le soleil.
    Il faudra juste le faire pendant la nuit.

  4. Posté par Juan Pablo le

    Dans cette folie, elle, et n’est pas seule, et elle va diviser le parti démocrate. Tant mieux. Je ne peux pas comprendre comment on peut donner la parole à ces personnes disant tant d’inepties et sont encore soutenues par les ténors du parti, par exemple Nancy Pelosi. La presse est aussi débile qu’elle et nuit à la démocratie et la souveraineté du pays. C’est leur but, certainement!

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