Revenu universel en Finlande : l’échec prévisible d’une mauvaise idée

Le revenu universel est une faute morale. Il laisse croire que le simple fait d’exister donne le droit de jouir du travail d’autrui sans son consentement.

Par Laurent Pahpy.
Un article de l’Iref-Europe

Revenu universel, impôt négatif, revenu minimum garanti, allocation universelle… Toutes ces appellations défendent un même principe. Chacun aurait droit à une subvention mensuelle de quelques centaines d’euros, indépendamment de son statut ou de son revenu. Moins contraints économiquement, les plus pauvres pourraient satisfaire leurs besoins de base.

Ils auraient plus de facilités pour trouver un emploi tout en évitant le paternalisme stigmatisant du maquis des aides sociales d’État. Simplification administrative, indépendance de chacun, restauration du libre arbitre, lutte contre le chômage technologique, élimination des effets de seuil, les avantages seraient nombreux et l’idée a fait des émules chez de nombreux politiciens, de Benoît Hamon à Barack Obama.

Pour voir si cela fonctionne en pratique, le gouvernement finlandais a décidé de tenter l’expérience pendant une année sur un groupe de 2 000 chômeurs sélectionnés aléatoirement. Ils ont reçu chacun 560 euros par mois sur la période 2017-2018. Selon Olli Kangas, le coordinateur de l’expérimentation, l’étude préliminaire des résultats montre que le revenu universel n’a pas permis d’augmenter l’emploi des bénéficiaires par rapport au groupe de contrôle. Par ailleurs, parmi les bénéficiaires, un plus grand nombre de personnes déclare un meilleur niveau de bien-être relatif.

Une fausse bonne idée pour lutter contre le chômage

Si l’idée du revenu universel peut paraître séduisante de prime abord, force est de constater qu’elle n’a pas réussi à sortir cette population test de la dépendance. Il est critiqué par de nombreux économistes pour son effet « désincitatif » et le maintien dans l’assistanat d’une partie de la population. Pour Pascal Salin, professeur d’économie, « ceux qui auraient la charge de financer par leurs impôts ce revenu universel seraient moins incités à développer leurs activités productives ».

Prenons Frédéric, un riche rentier, et Charles, un chômeur sans revenu.

– Première possibilité, le revenu universel : l’État prend 500 euros à Frédéric pour les donner à Charles. Certes, ce dernier a un revenu, mais seulement pour un mois, il est maintenu dans l’assistanat, car toujours au chômage. Frédéric n’a rien eu en échange. C’est un jeu à somme nulle, voire négative si on prend en compte le coût de la bureaucratie.

– Seconde possibilité, l’investissement : Frédéric investit ces 500 euros dans l’activité productive. Ce capital permet de créer une entreprise qui va produire de nouvelles richesses. Pour cela, l’entreprise aura besoin de main-d’œuvre et pourra embaucher Charles. C’est un jeu à somme positive, Charles crée de la valeur et gagne un salaire, Frédéric crée de la valeur et gagne un retour sur investissement et le consommateur en profite. Tout le monde y gagne, c’est le principe fondamental de l’économie de marché.

Le revenu universel n’aide pas Charles à sortir de la dépendance, ce que l’expérience finlandaise confirme. Une objection couramment avancée est que le chômage de masse serait désormais une fatalité à cause de la robotisation et de l’informatisation de nos sociétés. Le revenu universel serait alors une réponse pour tous ceux qui n’auraient plus d’espoir de trouver un emploi.

Cette crainte répandue ne résiste pourtant pas à la destruction créatrice de Schumpeter. Les robots et l’intelligence artificielle ne créent pas de chômage dans les pays qui en font le plus l’usage. Les gains de productivité associés à ces technologies permettent de libérer des ressources qui peuvent être réinvesties dans de nouvelles activités créatrices d’emplois.

En Finlande, comme en France, le taux de chômage relativement élevé de 7,4 % (9,2 % en France) s’explique surtout par une inadéquation du système de formation, une indemnisation du chômage souvent trop généreuse et par un marché du travail particulièrement réglementé et peu flexible qui crée des barrières à l’entrée pour les jeunes peu qualifiés.

Une faillite morale dangereuse

Si le revenu universel peut soulager certaines contraintes économiques à court terme, il maintient les plus pauvres dans la trappe à pauvreté de l’assistanat à long terme. Il crée un cycle de dépendance auto entretenu, à l’image des échecs de toutes les politiques de redistribution dans les pays collectivistes. Le progrès social est une question d’incitations que seule une économie de marché compétitive et innovante permet d’atteindre. Le marché du travail doit rester inclusif, ce qui n’est le cas ni en Finlande ni en France. Pour y parvenir, il est urgent de restaurer un régime de libre-concurrence et de liberté contractuelle.

Au-delà d’un échec économique annoncé, le revenu universel ouvre la porte à une dangereuse dérive collectiviste. Ce droit positif permet à l’État de prendre en charge chaque individu du berceau à la tombe et crée une dépendance illimitée à l’administration. Bismarck, initiateur de l’État-providence en Allemagne y voyait d’ailleurs un très bon moyen de contrôler la population : « Je considérerai que c’est un grand avantage quand nous aurons 700 000 petits retraités tirant leurs annuités de l’État, en particulier s’ils appartiennent à ces classes qui, autrement, n’ont pas beaucoup à perdre dans un soulèvement. »

Les dérives politiques d’un tel système ne se feront pas attendre : augmentation électoraliste du montant du revenu universel, instauration de la progressivité, financement par la planche à billets ou la dette (donc par les générations futures) …

Le revenu universel est aussi une faute morale. Il laisse croire que le simple fait d’exister donne le droit de jouir du travail d’autrui sans son consentement. On détruit au passage un fondement de la civilisation, la responsabilité, tout en appelant cette destruction « autonomie ».

Refuser le revenu universel, ce n’est pas refuser la solidarité, c’est la rétablir. Aider son prochain en situation de handicap ou d’infortune nécessite un don sincère, responsabilisant et volontaire. Comme le disait Frédéric Bastiat il y a plus de 150 ans : « Il m’est tout à fait impossible de séparer le mot fraternité du mot volontaire. Il m’est tout à fait impossible de concevoir la Fraternité légalement forcée, sans que la Liberté soit légalement détruite, et la Justice légalement foulée aux pieds. »

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6 commentaires

  1. Posté par kandel le

    @anti bobo: “[…] Le nationalisme doit s’intéresser également aux bien être des démunis, PUISQUE COMME LE FROMAGE IL EST LIMITÉ, il se peut que ceux qui ont plus des mérites arrivent souvent ramasser a peine quelques miettes. […]”

    @anti bobo, MAIS NON,… LE FROMAGE N’EST PAS LIMITÉ, le génie de l’esprit d’entreprise fonctionnait déjà du temps de l’homme des cavernes (il y a tout de même eu deux ou trois inventions techniques depuis), seul l’état peut tuer cet esprit d’entreprise et les inventions INFINIES dont il est capable.

    La grève : Atlas shrugged de Ayn Rand
    […] vous me dites que le fort produit de l’argent au détriment du faible, n’est-ce pas ? Mais de quelle force s’agit-il ? Ce n’est pas celle des armes ni des muscles. Ce qui produit de la richesse, c’est la capacité de l’homme à penser. Pour autant, l’inventeur du moteur gagne-t-il de l’argent au détriment de ceux qui ne l’ont pas inventé ? Est-ce que l’homme doué d’intelligence gagne de l’argent au détriment des sots ? Le capable au détriment de l’incompétent ? L’ambitieux au détriment du paresseux ? Quand il est n’est pas détourné ou pillé, l’argent est le fruit des efforts de toute homme honnête, chacun dans la limite de ses capacités. L’homme honnête sait qu’il ne peut pas consommer plus qu’il n’a produit.

  2. Posté par G. Guichard le

    De toute façon, les gens subtils qui ont compris cette époque de désordres voient bien qu’un revenu universel, c’est le bon moyen de profiter de tous les amis des opinions. Demandez-donc à n’importe qui dans le monde s’il préfère se faire divers activistes pour se faire escroquer à la fin de l’activisme, ou s’il préfère continuer à ne pas avoir d’opinion et aux alentours de 1500 euros par mois. Je demande à voir le résultat du sondage

  3. Posté par Ghata le

    @anti bobo Merci! Ca fait du bien de voir un commentaire intelligent sur ce site.

  4. Posté par Michel Vasionchi le

    L’invention “du revenu universel” n’est après tout ,qu’une façon perfide ,de moraliser pour survivre , une des prédations fantasmée du socialisme en fin de cycle 30 ans après la chute du mur de Berlin , et l’effondrement du paradis des socialistes en URSS….

  5. Posté par anti bobo le

    Que du n’importe quoi. L’auteur défend d’une manière acharnée les intérêts du grand patronat.Comme l’État a perdu toute son implication, grace notamment à la privatisation aveugle de tous les services publics en faveur de plus grands requins, maintenant le lobby ultraliberaliste veut nous faire croire qu’il soit normal laisser les infortunées crever de faim. Mais oui c’est la faute de pauvres que les industries ont délocalisé, que le peu des boulots étatiques soit distribué “généreusement” par copinage, qu’il n’y a pas des formations pertinentes face au marché d’emploi, que le secteur privé pratique le dumping salarial d’une manière atroce. Il n’y a qu’un siècle, dans quelques pays l’État mettait à disposition aux paysans un bout de terrain pour se faire une simple demeure et produire leur bouffe.
    De nos jours nada et selon vous l’état devrait les laisser crever de faim où les installer dans des baraques( dortoirs communs) et les nourrir avec une soupe limpide. Cela rappelle de sinistres époques et régimes d’Europe . Quelle générosité. Vous faites comme Macron: il y a qu’à traverser la rue pour trouver un boulot. Votre site offre la propagande d’un patronat peu soucieux, profondément inhumain qui soutient l’image d’une Suisse aseptique . La devise marches ou crèves. Désolé cela vaut pas la peine de vous lire dorénavant. Il y a que du nationalisme du mauvais goût ( bien caché ) qui défend uniquement les plus riches, éventuellement certains de la classe moyenne. Personne ne parle de la manière honteuse par laquelle des “rentiers riches” arrivent faire leur fortune.
    Ah oui attendre leur générosité. on peut la faire pendant des siècles, il n’arrivera point. Dommage. Le nationalisme doit s’intéresser également aux bien être des démunis, puisque comme le fromage il est limité, il se peut que ceux qui ont plus des mérites arrivent souvent ramasser a peine quelques miettes . Par des articles pareils – encore de la propagande de l’euthanasie des certaines classes sociales. Il n’y a pas de volonté de la part des riches d’aider l’autrui. Les gilets jaunes font bien crier leur haine envers les riches. Ce sont également les riches qui organisent et soutient l’immigration. Le but? DUMPING SALARIAL . merci

  6. Posté par Sergio le

    Encore une stupidité monumentale gauchiste vouée d’avance à l’échec. Quand l’électorat bolchévique va-t-il comprendre que pour que ses idées lumineuses soient applicables, il doit d’abord les rendre obligatoires ?

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