BREXIT, UNE CHANCE À SAISIR POUR LA SUISSE EN 2019.

 

BREXIT, UNE CHANCE À SAISIR POUR LA SUISSE EN 2019.

Michel Piccand

En ce début d’année, la mise en place du Brexit est l’occasion de rappeler quelques vérités sur nos accords commerciaux. La sortie des Britanniques de l’UE nous montre désormais un nouveau modèle de ce que pourraient être nos accords avec les pays d’Europe, si nos autorités, bien évidemment, se décidaient enfin à s’opposer au diktat de l’UE.

Car maintenant les faits sont là pour montrer la vérité. Si nous nous décidions à sortir de nos accords avec l’UE il n’y aurait pas cette crise et ce vide juridique insurmontable qu’on nous a tant raconté, pas plus qu’il n’y aurait destruction de toute notre économie. Ces affirmations n’ont jamais été qu’une vaste supercherie inventée de toute pièce par les partis politiques pro-UE.  Désormais il leur sera impossible de continuer à mentir à nos concitoyens.

Le Brexit entraîne pour nous la fin de nos accords européens avec les Britanniques. Ces accords ne seront plus applicables entre nous. Et le citoyen va alors se rendre compte que ce n’est pas la fin de nos échanges avec le Royaume-Uni, il pourra constater qu’aucun Britannique ne sera repoussé sans droit à nos frontières pas plus qu’aucun de nos compatriotes ne sera jeté dans la Manche. Ces pathétiques histoires d’un autre temps vont maintenant devoir s’arrêter. Le Brexit va faire la lumière sur tout ce cinéma grotesque que les pro-UE nous ont joué depuis deux décennies.

Nous vivons aujourd’hui dans un monde où l’absence d’accords entre nations n’est tout simplement plus possible. Le XVIIIe siècle est terminé depuis longtemps. Dans le cadre de nos relations avec le Royaume-Uni, le Conseil fédéral et les autorités britanniques ont tout simplement été obligés, par les faits et la nature de nos relations, de reconstruire un cadre juridique et des accords autour de nos échanges. Après les États-Unis, la Chine et l'UE, la Suisse est le quatrième marché d’exportation du commerce britannique, et inversement. Le vide n’est ici tout simplement plus possible, ni même pensable, de même que le chaos tant prédit, seuls quelques attardés fantaisistes osent encore le raconter.

Le Conseil fédéral a nommé la stratégie de nos nouveaux accords avec le Royaume-Uni stratégie «Mind the gap», dénomination plutôt mal choisie puisque pour un Britannique elle fait référence à un équivalent « d’Attention à la marche » qui quotidiennement lui demande de faire attention à l’espace vide entre le quai et les wagons dans ses stations de métro. Par « Mind the gap » il faut donc entendre stratégie de « comblement du vide », comblement qui consiste ici à remplacer les accords UE par de nouveaux accords avec le Royaume-Uni.

Le  14 décembre dernier, le Conseil fédéral a déclaré avoir adopté le texte d’un accord commercial pour nos futures relations économiques et commerciales avec les Britanniques qui, je cite, s’organise autour de « la réplication de la grande majorité des accords commerciaux régissant actuellement les relations entre la Suisse et le Royaume-Uni » autrement dit la « réplication » de nos actuels accords bilatéraux Suisse-UE, mais cette fois, et c’est fondamental, dépourvus des clauses abusives que nous impose l’UE et qui nous privent de notre souveraineté migratoire. Il existe donc bel et bien un monde possible sans l’UE.

Vous avez dit progrès en 2019 ? Sans aucun doute. De quoi nous inspirer déjà de bonnes résolutions pour l’année à venir. Comme celle qui devrait nous faire désormais choisir plutôt des produits britanniques que des produits UE. Pour renforcer nos liens. Plutôt travailler et échanger avec ceux qui nous respectent, avec ceux qui respectent notre souveraineté, qui respectent la souveraineté des nations. N’est-ce pas d’ailleurs précisément pour cette raison que les Britanniques ont quitté l’UE.

Dans le même ordre d’idée on ne voit pas pourquoi l’on achèterait nos futurs avions de combat à la Suède, à l’Allemagne ou à la France, alors qu’ils attaquent notre souveraineté et notre système (refus de l’équivalence boursière) pour tenter de nous faire entrer par la force dans leur organisation politique. La provenance de nos avions de chasse doit maintenant être clairement posée comme une question politique. Non pas pour des questions techniques mais pour des questions d’origine nationale. Nous refusons d’acheter des avions à qui nous menace.

Un renouveau du monde européen est peut-être en train de se dessiner. Imaginons ce que serait un accroissement des échanges entre nations souverainistes de l’Europe. Demain un renforcement avec la Norvège, l’Ecosse, l’Islande, le Groenland, et qui sait demain l’Italie, la Hongrie, et ce que l’histoire voudra bien nous montrer. Avec les Britanniques un  modèle nouveau est peut-être en train de naître, un nouveau rapport de force en train de prendre forme.

Ce ne serait pas la première fois que le pouvoir de Londres nous aiderait à résister contre Paris ou Berlin. Les Britanniques et les Suisses ont désormais beaucoup d’intérêts en commun, leurs places financières déjà. On se rappellera – ce que beaucoup ignorent en Suisse du fait de médias aux ordres qui ne font pas leur travail – que si un David Cameron pourtant pro-UE a donné à son peuple le Brexit c’était principalement à cause des attaques de Berlin et Paris contre la place financière britannique. Pour les conservateurs pro-UE de Londres le Brexit a pour origine la tentative des Européens de faire délocaliser par la force les grandes sociétés de clearing britanniques en zone euro. Un marché portant sur des transactions annuelles d’un montant de 200'000 milliards d’euros. Oui, vous avez bien lu [1].

Les attaques actuelles contre la bourse helvétique par l’UE sont motivées par les mêmes buts de relocalisation en territoire euro de tous les grands pôles financiers du continent, et dont la Suisse n’est pas le plus négligeable. Voilà un point qui ne devrait pas laisser Londres indifférent, surtout que ce qui arrivera à la Suisse pourrait bien lui arriver aussi demain.

Londres et la Suisse, parce que ce sont deux centres financiers majeurs en Europe, souverainistes, pourraient ensemble construire des synergies capables de remettre quelques points sur les i face à ceux qui croient que l’on peut faire ce que l’on veut avec la souveraineté des peuples. L’accroissement des synergies et des échanges de toutes sortes, commerciaux, artistiques, culturels entre le Royaume-Uni et la Suisse doivent devenir en 2019 une priorité pour notre pays. Quand un contrecourant se dessine dans l’histoire il faut non seulement savoir le saisir, il faut le nourrir.

MAKE SWITZERLAND SECURE AGAIN.

Oui, en 2019, faites de la Suisse à nouveau un pays sûr.

Voyagez et achetez britannique. Désormais  Londres a les mêmes intérêts que nous.

THANKS FOR BREXIT. Et Bonne année à tous.

Michel Piccand

 

 

N.B. La plus grande différence dans les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni  et la Suisse se trouvera dans la réintroduction de la procédure douanière dite de déclaration d'entrée aux fins de sécurité, ou «déclaration sommaire d'entrée», un formulaire à fournir décrivant les marchandises importées ou exportées qu’exige l’UE pour toutes importations-exportations de son territoire vers ou à partir de pays tiers. Cette déclaration n’est pas exigée dans les échanges entre états-membres et avec la Suisse. Le Royaume-Uni  redevenant un état tiers pour l’UE, la Suisse étant partie à l’exemption de cette déclaration vis-à-vis des états UE, elle devra réintroduire ce formulaire pour ses échanges avec le Royaume-Uni. Mais tout cela ne porte guère à  conséquence, si ce n’est de rajouter un formulaire à remplir qui contient quasiment les mêmes indications que celles qui sont déjà exigées pour des raisons fiscales par la Suisse afin de déterminer si les marchandises bénéficient ou non d’exemption de droits de douane et pour déterminer le montant de la  TVA. Avec les facilités des moyens électroniques de déclaration les professionnels de la branche s’apercevront à peine de la différence. Nous sommes donc loin, très très loin, des montagnes insurmontables que l’on nous a tant prédit.

 

[1] Extraits de « BREXIT suivi de L’ADHÉSION DU Royaume-Uni À LA CEE » Michel Piccand, 2016, chapitre : Un référendum a 200'000 milliards :

« Le Royaume-Uni est la première place financière d’Europe. Les compétences croissantes de la Banque Centrale Européenne montraient ici une ligne d’intérêts divergents, deux destins opposés séparant nettement la finance londonienne de la zone euro. En entrant sous l’autorité de la zone euro les banques ou les filiales domiciliées au Royaume-Uni auraient à verser au moins 20 milliards dans le fond de soutien de la zone euro, ce fond pouvant être appelé au secours de banques grecques ou portugaises, dans une zone où le nombre de banques « zombies » à la limite de la survie est loin d’être négligeable.

On voit ici la nature du conflit annoncé. Un conflit entre une BCE chargée de la stabilité monétaire de la zone euro  mais dont le plus grand financier, la City londonienne, est en dehors de sa juridiction. Parmi les règles du MSU figurait ainsi la capacité pour la BCE de bloquer les mouvements bancaires lors de crise - en cas de crise généralisée les banques ont tendance à rapidement transférer les fonds entre filiales pour se protéger. La BCE pourrait-elle alors aussi donner des ordres à Londres ? La réponse est loin d’être simple. Les rapports juridiques entre zone UE et zone euro sont si complexes qu’aucune certitude n’est garantie. Un tiers des fonds londoniens provenant de banques d’investissement domiciliées aux Etats-Unis ou en Suisse, on comprend le risque qu’il y avait à les faire participer au fond de soutien de la zone euro ou à les soumettre aux règles de blocages de la BCE. Sans garantie de ne pas être prises dans ces mécanismes, ces banques auraient assurément envisagé de quitter  Londres. »

(…)

« Pour le comprendre il faut avoir à l’esprit le fondement de ce rapport de force entre zone euro et Royaume-Uni. On le comprend mieux si l’on regarde cette opposition comme une opposition entre deux monnaies, la livre sterling et l’euro, à l’intérieur d’un même système politique. Deux mondes monétaires concurrents sous un même chapeau politique et dans lequel les membres de la zone euro ont la majorité des voix et donc le pouvoir d’imposer leurs vues et de mener la barque. Avec un Royaume-Uni ayant la deuxième économie d’Europe, le bras de fer était quasiment assuré. C’est un autre procès qui va le montrer.

En janvier 2014, le Ministre des finances et du trésor, le Chancelier George Osborne, en expliquait les raisons d’une manière  aigüe dans son discours sur l’Europe. Il décrivait les problèmes posés au Royaume-Uni par l’intégration de plus en plus poussée de la zone euro. [The Chancellor's speech on Europe, January 2014].

Après avoir rappelé, qu’en vertu du traité de Lisbonne les membres de la zone euro [Eurogroupe] auraient dès novembre 2014 suffisamment de voix pour imposer des lois sur les services financiers à l’ensemble de l’UE, et donc à la place financière britannique, il poursuivait en décrivant les problèmes qu’ils avaient eus avec la Banque Centrale Européenne, qui avait mis en place une directive obligeant les chambres de compensation travaillant en euros à se relocaliser sur territoire euro.

Concrètement, cela revenait à forcer une des plus grandes sociétés mondiales de clearing à quitter Londres pour se relocaliser en zone euro, c’est-à-dire à Bruxelles, Paris ou Francfort… Une société qui traite annuellement autour des 200 mille milliards de £ en dérivés de taux d'intérêt…

L’exemple présenté par le ministre visait la société LCH.Clearnet qui est la deuxième plus grande société de compensation au monde concernant les obligations et les repos. La forcer à quitter Londres revenait à faire de la City une place financière de deuxième ordre pour renforcer celle qui l’accueillerait dans la zone euro. »

Remarque. Une chambre de compensation (clearing house en anglais) est un organisme chargé d’établir les soldes de transactions entre tous les acteurs financiers et d’organiser les paiements finaux. Aucune bourse, aucun marché financier ne peut s’en passer, c’est le cœur de tout le système. Les dérivés de taux d’intérêt sont des instruments financiers essentiels pour garantir les risques.

Le livre est disponible ici :

https://www.amazon.fr/Brexit-Ladh%C3%A9sion-Royaume-Uni-%C3%A0-CEE-ebook/dp/B01GDIQE7U

 

5 commentaires

  1. Posté par Jean-Francois Morf le

    Des juges étrangers nous ont enlevé le secret bancaire, et c’était juste pour le garder aux USA.
    L’UE menace de ne plus reconnaître nos transaction boursières, mais c’est juste pour les garder pour eux. L’UE croit qu’elle tient le couteau par le manche et peut modifier nos accords bilatéraux, mais si l’UE change une seule virgule à nos accords signés, alors nous ne serons plus tenus à aucun accord, et nous leur couperons le courant, car leurs lignes 400 KV traversent la Suisse!

  2. Posté par Jean-Francois Morf le

    Si Juncker a le malheur de modifier la moindre virgule à nos accords bilatéraux, ou même s’il menace de nous supprimer l’équivalence boursière, alors nous couperons sans état d’âme le courant à toute l’Europe. Car le centre de “dispatching” des lignes 400 KV se trouve en Suisse, et si Junker croit tenir le couteau par le manche, il se trompe énormément. Si Juncker ne se tient plus aux accords bilatéraux, alors nous non plus!

  3. Posté par Chatelain le

    BILBOQUET, très bonne ton idée de l’AELE, mais pour ton information, la Suisse bien que membre, n’a pas ratifié son adhésion. D’autre part, les trois aivres pays font partie de l’EEE, antichambre de l’UE.
    En somme, tu nous proposons de relancer une coquille vide qui n’a visiblement aucun intérêt.

  4. Posté par Mezigues de Piogre le

    @Bilboquet, c’est exactement ce que je pense. Pourquoi réinventer la roue? Tout existe au sein de l’AELE. Que le Royaume-Uni réintègre l’AELE et tout est dit. Et pourquoi pas d’autres pays européens une fois qu’ils auront eu l’intelligence de se séparer du diktat de l’UE.
    C’est comme pour le Grand Genève que l’on veut nous imposer. Il suffit de faire respecter par la France les clauses du traité d’annexion de la Savoie, notamment celle de la grande zone franche et de la neutralité helvétique de la Savoie du nord, clauses que la France a supprimé unilatéralement rompant ainsi elle-même l’annexion de la Savoie, et le Grand Genève est là, de fait, plus besoin de bricoler des accords transfrontaliers bancals et coûteux.

  5. Posté par Bilboquet le

    L’AELE (Association Européenne de Libre Echange) a été créée par le Royaume-Uni en 1960 pour faire concurrence à la CEE (future UE) !! L’AELE, qui a compté 10 pays membres, n’en compte plus que 4 (les autres pays ayant rejoint l’UE) : Suisse, Norvège, Liechtenstein, Islande. Le Royaume-Uni pourrait revenir au bercail et l’AELE pourrait constituer la base pour la nouvelle Europe des nations.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Association_européenne_de_libre-échange

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