Entretien avec le vice-Premier ministre polonais et ministre de la Science et de l’Education supérieure, ancien ministre de la Justice : « L’Europe occidentale, de son côté, reste imprégnée de préjugés et de fausses idées à l’égard de pays comme la Pologne ».
Pologne – Jarosław Gowin a été ministre de la Justice de 2011 à 2013 dans le gouvernement de Donald Tusk, aujourd’hui Président du Conseil européen. Expulsé de la Plateforme Civique (PO) car refusant le virage libéral-libertaire du parti, Jarosław Gowin a rejoint le gouvernement du PiS sous Beata Szydło et a été maintenu dans le gouvernement Morawiecki. Catholique, il incarne la figure de l’homme politique centriste en Pologne qui a refusé le virage vers le progressisme à la bruxelloise opéré par la PO, et qui, fervent européen, est un critique de l’Union européenne dans sa forme actuelle.
Nous continuons notre série d’entretiens avec des figures de la vie politique polonaise – après l’ancien correspondant de presse Bernard Margueritte et l’euro-député, artisan de l’intégration européenne de la Pologne Jacek Saryusz-Wolski – avec cet entretien réalisé également en partenariat avec nos confrères de Do Rzeczy.
Nos questions ont été posées directement en polonais par Karol Gac de Do Rzeczy, et l’entretien est sous-titré en français. Dans cet entretien, M. Gowin développe sa vision de la coopération européenne qu’il oppose au projet bruxellois actuel, explique la notion de souveraineté transactionnelle, et parle de l’incapacité de la Pologne a développer une image positive ainsi que de l’importance du christianisme en politique.
Extrait de: Source et auteur
Merci pour cet interview. Ma vision générale de la Pologne vue de l’intérieur – Cracovie – mais aussi de l’extérieur – Suisse – correspond assez exactement à ce que dit Jarosław Gowin.
Je parle bien de ma vision générale. Pour les détails qui n’avaient pas leur place dans cette discussion, notamment vus in situ, tout n’est pas rose, ce qui explique sans doute le fait que si au niveau national, les votes sont allés au parti PIS au pouvoir, par contre au niveau des villes, beaucoup de municipalités de grandes villes ont été reprises pas le parti PO (opposition).
Je dois dire aussi qu’il y a encore des traces de la période soviétique, notamment chez les personnes âgées, mais cela va disparaître naturellement.
L’Eglise joue un rôle important de liant de la société polonaise, mais ne devrait pas, à mon avis, se mêler trop de politique. Ce faisant elle perd une partie de sa crédibilité, et c’est très dangereux (elle est proche du parti PIS, actuellement au pouvoir).
J’espère – sans trop y croire – que la presse bien-pensante internationale se fera l’écho des explications de Jarosław Gowin.