«Une victoire pour Trump, Merkel met le cap sur les importations de gaz américain», titre le Wall Street Journal dans son édition du 22 octobre. Au début du mois, la chancelière allemande aurait ainsi annoncé à une poignée de députés que le gouvernement était prêt à co-financer un projet d’investissement d’un montant total de 500 millions d’euros dans la construction d’un terminal méthanier dans le nord de l’Allemagne.
Plusieurs projets pour la construction, sur l’Elbe au nord de Hambourg, du premier terminal en Allemagne capable d’accueillir des méthaniers transportant du gaz liquéfié depuis les Etats-Unis, étaient jusqu’alors au point mort faute de soutien du gouvernement. D’autant que l’Allemagne est pour le moment avant tout partenaire et premier client européen de la Russie pour les approvisionnements en gaz, notamment via les gazoducs terrestre et sous-marins Nord Stream (déjà opérationnel) et Nord Stream 2, en construction depuis cet été.
Le quotidien américain voit dans le geste de la chancelière «une concession essentielle au président des Etats-Unis ». Il est vrai que Donald Trump tente bruyamment de s’attaquer à la position dominante de la Russie sur le plus grand marché énergétique d’Europe. Lors du dernier sommet de l’OTAN à Bruxelles, en juillet dernier, il avait asséné que l’Allemagne était «totalement contrôlée par la Russie».
Depuis plusieurs années, les Etats-Unis ont d’ailleurs annoncé qu’ils feraient tout pour faire capoter le projet Nord Stream 2 et sont allés jusqu’à menacer de sanctionner les entreprises qui y participent, parmi lesquels le français Engie, déjà partenaire sous le nom de GDF Suez du premier gazoduc Nord Stream.
Une stratégie déjà démasquée publiquement par le ministre allemand de l’Economie et de l’Energie en mai, lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision publique allemande ARD. Peter Altmaier avait alors expliqué : «Ils ont une importante infrastructure de terminal de gaz naturel liquéfié dont ils veulent tirer profit […] mais leur GNL [gaz naturel liquéfié] sera nettement plus cher que celui du gazoduc [Nord Stream 2].»
En effet, le terminal américain de Sabine Pass, dans le golfe du Mexique, administré par la société texane Cheniere est entré en service au début de l’année 2016 et devrait être suivi par plusieurs projets ambitieux qui font le pari de la conquête d’une clientèle européenne.
D’ailleurs, selon les chiffres de l’administration américaine sur l’énergie, les Etats-Unis ont commencé avec succès à vendre en 2016 du gaz à l’Espagne, au Portugal et à l’Italie. En 2017, les ventes aux deux premiers pays ont été multipliées par 10 et les Etats-Unis ont réussi à toucher de nouveaux clients européens disposant de débouchés maritimes comme la Pologne, l’Estonie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et Malte… mais pas l’Allemagne.
Aussi le Walt Street Journal veut voir dans la décision d’Angela Merkel un «choix stratégique», même si on ne sait rien de l’implication réelle que le gouvernement allemand décidera d’avoir dans un projet réputé non rentable. En effet, le gaz américain revient encore environ 25% plus cher que le gaz russe. Enfin, ce projet verrait le jour au plus tôt d'ici une dizaine d'années.
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La Führerin Adolfa veut du gaz ? Aïe, aïe, aïe….