Le point de presse des présidents suisse et iranien s’affranchit curieusement du blabla diplomatique habituel
Par Arthur Grosjean
[…] Tout a pourtant commencé gentiment avec la signature de trois accords sur la recherche, les transports et la santé. […]
Puis les déclarations commencent. Du blabla diplomatique habituel sur la longue amitié entre les deux pays. Dans la bouche d’Alain Berset, cela donne ceci: «Nous sommes vraiment tombés d’accord ce matin avec le président Rohani pour souligner l’importance de relations stables dans un cadre multilatéral et dans le respect du droit international.» Dans la bouche de Hassan Rohani, la langue de bois sonne ainsi: «Mon sentiment personnel après les négociations d’hier et d’aujourd’hui, c’est que les deux pays sont vraiment décidés à surmonter les difficultés éventuelles […] »
Les deux hommes se lancent aussi des félicitations mutuelles sur le parcours de leurs équipes de football respectives dans le Mondial. Mais voilà que Rohani se met soudain à insister sur le fait que l’Iran accueille 3 millions de réfugiés sur son sol. […] Où veut-il en venir? La réponse arrive sous forme de missile anti-Trump téléguidé par l’Iran… et la Suisse. Rohani: «Nous avons ensemble condamné l’attitude d’un certain nombre de gouvernements qui séparent les enfants de leurs parents dans le domaine de la migration et qui installent une discrimination religieuse et confessionnelle pour la délivrance de visas.» Malaise sur le banc suisse […].
Berset […] crée à son tour la surprise. Interrogé sur de possibles sanctions américaines envers les entreprises suisses, il met curieusement sur la table la question des droits de l’homme. «J’ai eu l’occasion de rappeler à M. Rohani la position de la Suisse au Proche-Orient, et notamment la nécessité de reconnaître l’État d’Israël et donc notre soutien à la politique des deux États.»
Alors qu’on s’apprête à prendre une autre question, Rohani intervient pour prendre la parole […]: «Je veux dire très clairement que nous considérons le régime sioniste comme illégitime. Ses activités dans notre région constituent une menace pour la sécurité et la paix.»
[…] Alain Berset coupe court à l’exercice. Les deux présidents se lèvent et se retirent. […]
Source : Tribune de Genève et 24 heures, 4 juillet 2018
Je propose Alain Berset pour la médaille de la diplomatie et de l’efficacité réunions.