Genève, à rebours du bons sens et de l'Histoire
La crise migratoire secoue l'Europe comme jamais depuis que le Ministre de l'intérieur allemand Horst Seehofer, tête de gondole de la CSU bavaroise a fait savoir qu'il ne pouvait plus adhérer à la gentille politique d'accueil pratiquée par Angela Merkel dont elle est le chef. Il a fait une petite crise, promettant de renvoyer les migrants préalablement enregistrés ailleurs, menaçant de démissionner et autres artifices de langages. Cette agitation a eu pour effet un grand branle-bas de combat au sein de l'équipe de la Chancelière. Un sommet européen a été organisé en catastrophe, un accord a été trouvé visant à répartir équitablement les requérants sur l'ensemble du territoire européen, ceci sur une base volontaire. On aurait voulu se moquer du monde qu'on n'aurait pas fait mieux. L'accord précédent avait aussi pour but de faire supporter le poids de la migration à l'ensemble des pays membres de l'UE mais sur une base contraignante. Il n'a jamais fonctionné. La France, toujours dans sa grandeur, fait la leçon aux autres alors qu'elle n'a guère accepté qu'un gros dixième du quota qui lui incombait.
Pour sauver la Chancelière, des mesures visant à renforcer les frontières et à contrôler les allées et venues des migrants vont être prises. L'Autriche et l'Italie ont fait savoir qu'elles allaient renforcer les contrôles à leurs frontières sud. Le groupe de Visegrad trouve dans cette agitation la confirmation qu'il a vu juste dès le début. Schengen agonise, Dublin est mort.
Pendant ce temps, ici, à Genève, on annonce que les requérants déboutés n'auront plus à se présenter au Service d'asile et de rapatriement de la police de l'aéroport. Cette formalité visant à déterminer un tant soit peu à savoir qui est où parmi tous ces gens qui séjournent illégalement chez nous a été supprimée. Les associations d'aide aux migrants évoquaient le surcroît d'anxiété que la mesure provoquait chez les personnes menacées de renvoi. Il n'en est plus question, la tranquillité d'esprit règne désormais.
Alors que l'Union européenne, à reculons et la mort dans l'âme, commence à comprendre que la générosité sans frontière conduit au désastre, Genève fait une fois de plus œuvre de pionnier dans la mauvaise direction. Ailleurs, on cherche à restreindre, chez nous on élargit les prérogatives des migrants. Bonne nouvelle pour ceux qui ne trouveraient plus de place en Allemagne ou dans d'autres pays, la République et canton de Genève leur est ouverte.
Céline Amaudruz, 4.7.2018

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