C’est le relatif «décollage» de l’Afrique qui favorise les migrations

Immigration : les thèses à rebours de Stephen Smith, l'africaniste cité par Macron

DÉCRYPTAGE - Explosion démographique subsaharienne, «misérabilisme aveugle» à l'égard de l'Afrique : dans son dernier ouvrage, le professeur cité dimanche soir par Emmanuel Macron défend plusieurs thèses originales à contre-pied de certains poncifs sur l'immigration.

«Nous sommes face à un phénomène migratoire inédit»: ce sont les mots d'Emmanuel Macron, lors de son interview de dimanche soir face à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. «Nous avons un phénomène migratoire qui est là et qui va durer», a poursuivi le président de la République. Pour appuyer son propos, il a cité Stephen Smith qui a «formidablement bien décrit» le phénomène dans son dernier livre, La ruée vers l'Europe*.

Qui est Stephen Smith, le journaliste chercheur dont les travaux semblent influencer la vision d'Emmanuel Macron sur l'immigration? Journaliste américain francophone, il a dirigé la rubrique Afrique de Libération entre 1988 et 2000, puis celle du Monde entre 2000 et 2005. Depuis 2007, il est professeur à l'Université de Duke aux États-Unis où il enseigne les études africaines. Dans La ruée vers l'Europe, il décrit des transferts migratoires massifs qui n'en sont qu'à leurs débuts, et veut «dépassionner» le débat sur l'immigration en défendant plusieurs thèses à rebours des poncifs habituels.

● La bombe démographique africaine

Pour Stephen Smith, nous ne sommes qu'à l'aube des grands mouvements migratoires du XXIe siècle. Il se base sur des prévisions démographiques implacables: en quelques dizaines d'années, l'Afrique a connu une explosion démographique sans précédent. De 150 millions d'habitants dans les années 1930, elle est passée à 1,3 milliard de personnes aujourd'hui.

 

Et en 2050, Stephen Smith anticipe un nouveau doublement de la population africaine, qui devrait passer à 2,5 milliards de personnes. «Sur un total de 10 milliards d'habitants, 25% seront des Africains», estime-t-il. «Enfin, en 2100, cette proportion aura de nouveau doublé: sur un total mondial d'un peu plus de 11 milliards d'habitants, 40% seront africains ; ils seront, pour l'essentiel, la jeunesse du monde.»

À titre de comparaison, si la population française enregistrait la même progression, «l'Hexagone compterait dans une trentaine d'années plus de 650 millions d'habitants, la moitié de la Chine actuelle».

● C'est le relatif «décollage» de l'Afrique qui favorise les migrations

À cet égard, Stephen Smith décrit un «misérabilisme aveugle à l'égard de l'Afrique». Le chercheur nuance le raccourci fréquent selon lequel les migrants forment un bloc monolithique de «pauvres» qui «fuient» leur pays. «Ne fuit pas qui veut», souligne-t-il. «Les plus pauvres parmi les pauvres n'ont pas les moyens d'émigrer. ils n'y pensent même pas. Ils sont occupés à joindre les deux bouts, ce qui ne leur laisse guère le loisir de se familiariser avec la marche du monde et, encore moins, d'y participer.»

Pour le chercheur, «deux conditions majeures doivent être réunies pour déclencher la ‘ruée vers l'Europe'».

La première, c'est le franchissement «d'un seuil de prospérité minimale par une masse critique d'Africains». Stephen Smith estime que la somme minimale nécessaire au départ se situe entre 1500 et 2500 euros, «soit une ou plusieurs fois le revenu annuel dans tel ou tel pays subsaharien».

La seconde condition est «l'existence de communautés diasporiques, qui constituent autant de têtes de pont sur l'autre rive de la Méditerranée». La diaspora facilite l'installation, l'orientation du migrant, voire l'obtention de son premier emploi. Stephen Smith cite la communauté somalienne de Minneapolis-Saint-Paul dans le Minnesota, la communauté togolaise d'Eschweiler en Allemagne ou les multiples «China town» aux États-Unis. «Après, c'est une question de point de vue: on peut se féliciter d'une aide communautaire facilitant beaucoup de choses ou, au contraire, déplorer des ‘enclaves étrangères' dans le pays d'accueil, qui en compliquent d'autres», écrit-il.

● L'aide au développement alimente la migration

C'est l'une des conséquences du point qui vient d'être évoqué: contrairement à ce qui est régulièrement avancé, l'aide au développement ne limite pas l'immigration. Au contraire, elle la favorise, estime Stephen Smith. Selon lui, «les pays riches se tirent une balle dans le pied. En effet, du moins dans un premier temps, ils versent une prime à la migration en aidant des pays pauvres à atteindre le seuil de prospérité à partir duquel leurs habitants disposent des moyens pour partir et s'installer ailleurs. C'est l'aporie du ‘codéveloppement', qui vise à retenir les pauvres chez eux alors qu'il finance leur déracinement», écrit-il dans son ouvrage.

Très critique à l'égard du codéveloppement, il estime que celui-ci n'a pas provoqué de décollage dans les pays qui en bénéficient, contrairement à d'autres pays comme la Chine ou l'Inde, dont le dynamisme économique ne doit rien à ces politiques. «Les cyniques se consoleront à l'idée que l'aide a rarement fait advenir le développement mais, plus souvent, servi de ‘rente géopolitique' à des alliés dans l'arrière-cour mondiale» note-t-il.

● La «scène de l'épreuve» des migrants en route pour l'Europe

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Décrite comme «un cimetière à ciel ouvert», «la honte de l'Europe» voire le lieu d'un «génocide silencieux», la Méditerranée par laquelle des centaines de milliers de migrants ont rejoint le vieux continent recouvre une réalité plus mesurée, explique Stephen Smith. En 2015, année de la mort du petit Aylan qui avait bouleversé le monde entier, «le risque de périr en traversant la Méditerranée dans une embarcation de fortune était de 0,37%», explique-t-il. «La même année, selon les chiffres de la Banque mondiale, le risque de mourir en couche était de 1,7% pour une femme au Sud Soudan, pire endroit pour mettre un enfant au monde». Soit un risque quatre fois et demi plus grand.

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● L'immigration ne comblera pas le déficit d'actifs en Europe

Stephen Smith conteste aussi l'idée selon laquelle l'«exportation» de main-d'oeuvre africaine puisse «codévelopper» la jeune Afrique et le Vieux Continent.

En Europe, la venue de migrants n'enrayera pas le déclin démographique, et ne sauvera pas le système de retraites et de Sécurité sociale fondé sur la solidarité intergénérationnelle. «Certes, les migrants adultes intégreraient la population active et contribueraient, à travers leurs cotisations, à financer le système des retraites, mais, compte tenu de leurs familles qui sont, en moyenne, plus nombreuses, le gain auprès des retraités serait compensé par le coût pour scolariser, former et soigner les enfants», écrit-il.

Parallèlement, Stephen Smith voit aussi les départs des jeunes Africains comme «une perte nette pour l'Afrique». En effet, ce sont généralement les jeunes les plus éduqués et les plus «débrouillards» qui tentent le voyage: «Pour partir, il faut des diplômes, un petit pactole, un esprit qui permette d'échapper à une vision étriquée. Ce sont donc les forces vives qui s'en vont», explique Stephen Smith.

● Du plus optimiste au plus noir, quelques scénarios possibles:

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Source

Voir aussi: http://www.letelegramme.fr/monde/stephen-smith-la-croissance-demographique-de-l-afrique-est-sans-precedent-dans-l-histoire-29-04-2018-11943903.php

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Stephen Smith : "Nous ne voulons pas être un continent entouré de barbelés"

 

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4 commentaires

  1. Posté par aldo le

    C’est de la même niaiserie que celle d’Alain Berset et nos 20 millions versés aux Rohingyas. Dans cette prose stupide on évite de citer que l’immigration de masse découle aussi des mafias criminelles de tous ces pays qui cherchent à se développer à l’étranger. Et naturellement aussi des criminels en fuite et des “mineurs” délinquants qui veulent vivre l’aventure. Les lois sont interprétées tout en occultant celles qui gênent. Renvoyer les “mineurs” serait aussi appliquer nos lois, puisque les mineurs disparus chez nous et en Europe doivent être remis à leurs familles. Personne ne s’inquiète qu’ils puissent appartenir à des réseaux de pédophiles. Et quand on voit que les ONG sont sous la coupe de pédophiles, on peut craindre ces volontés politiques qui veulent les protéger sous prétexte de lutter contre l’homophobie. C’est bient trop commode pour être vrai !

    Avec les Rohingyas le C.F. soutient des criminels qui prônent l’immigration et l’élimination physique des habitants légitimes des pays occupés. Voir la vidéo Pourquoi les birmans détestent autant les Rohingyas ? rhttps://www.youtube.com/watch?v=9SiX8mxQXU8

  2. Posté par steve le

    Quel est l’intérêt pour l’Europe d’accueillir des gens qui ne savent rien faire? On va avoir droit aux mêmes problèmes de chez eux transposés ici.

    À quand une union africaine? Qu’ils s’aident entre eux déjà avant de venir nous emmerder et nous demander de l’argent.

  3. Posté par G. Guichard le

    Tous ces discours rationalisants masquent le ressenti; c’est comme à la météo

  4. Posté par steve le

    Va falloir se mettre tous à la drogue si on veut leur offrir du travail comme pharmacien ambulant à Lausanne…

Et vous, qu'en pensez vous ?

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