Interview de Me Frédéric Pichon.
Souvenez-vous : lors de la mobilisation contre le « mariage pour tous », le lendemain de La Manif pour tous conduite par Frigide Barjot le 17 novembre, l’Institut Civitas organisait son propre rassemblement. Dès le début de la manifestation, des Femen dénudées intervenaient avec des bombes à gaz et des slogans provocateurs.
Les médias parlaient de l’agression dont elles auraient été victimes de la part du service d’ordre… Dans cette affaire, la justice déboutait l’AGRIF en février 2016, retenant la liberté d’expression plutôt que les injures. Ces jours-ci, c’est Civitas qui se retrouve sur la sellette judiciaire. Questions à Me Frédéric Pichon, avocat de Civitas dans cette affaire.
— Pourquoi une audience plus de cinq ans après les faits ?
— Cela est dû hélas à la lenteur de la procédure d’instruction. Cela n’est pas spécifique à ce dossier. Les juges d’instruction sont débordés et ont plusieurs dizaines de dossiers à gérer dont certains avec des détentions provisoires qui sont prioritaires. Ce qui fait qu’il n’est pas rare de voir des affaires jugées cinq ans voire dix ans après les faits. De surcroît dans ce dossier, ce sont plusieurs parties qui étaient en cause ce qui a alourdi le dossier.
— Qui poursuit qui ? Les Femen sont-elles victimes ou agresseurs ?
— Cette procédure a été engagée à la suite d’une plainte des Femen. Cette plainte a été traitée immédiatement et avec une diligence incroyable par le parquet de Paris qui a demandé au service des investigations transversales de traiter ce dossier prioritairement. A l’inverse, mon client ainsi que d’autres personnes ont porté plainte, mais ces plaintes ont été classées sans suite de sorte que je vais dans mes conclusions dénoncer la partialité évidente du procureur de la République dans le traitement de cette affaire. Pas moins de trois infractions auraient pu être reprochées aux Femen et pas une seule n’a été traitée par le procureur. En revanche une instruction est toujours pendante suite à une plainte de l’AGRIF pour violences.
— Comment la police qui suit de près ces activistes a pu laisser approcher les Femen de la manifestation, avec Caroline Fourest ?
— Vous posez là une question pertinente. D’autant que sur place se trouvaient également une vingtaine de journalistes qui n’étaient pas là par hasard. Il faut rappeler que le rassemblement de Civitas était régulièrement déclaré. On peut s’étonner de cette incroyable carence des services de la Préfecture qui sont censés assurer la sécurité de ces manifestants. Avec Valls comme ministre de l’Intérieur et Mme Taubira comme ministre de la Justice, la question n’en est que plus pertinente.
Propos recueillis par Thierry Bouzard
Photo : Une Femen en action contre Civitas.
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