Le pape a célébré dimanche la « Journée mondiale du migrant et du réfugié ». Une journée ? On a l’impression, à écouter et à lire le souverain pontife, que la journée du migrant, c’est tous les jours. Il est vrai que, selon la Conférence des évêques de France qui a publié dans la foulée propre son propre texte, « la question migratoire est un marqueur fort » du pontificat de François. C’est son originalité. Il y a eu tant de pontifes dont le « marqueur fort » fut la propagation la foi, la lutte contre le modernisme, l’exaltation de l’eucharistie ou la restauration de la liturgie, qu’il appartenait à notre siècle qu’il y en eût un dont le « marqueur fort » fût la question migratoire, sans qu’on voie le rapport direct avec la garde du dépôt sacré dont il a la charge. Mais ce qui nous trouble ce n’est pas la question, c’est la réponse.

Dans son discours, le pape ne distingue pas les réfugiés des migrants et, entre ces derniers, ceux qui le sont légalement et les clandestins. A cette fin, il a changé la définition, internationalement reconnue, du réfugié. Selon la Convention de Genève, il s’agit d’« une personne qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité ou dans lequel elle a sa résidence habituelle ; qui craint avec raison d’être persécutée du fait de son appartenance communautaire, de sa religion, de sa nationalité ». Pour le pape, le réfugié, c’est « l’étranger en quête de sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine ». Ce qui n’est pas la même chose, c’est l’amalgame du vrai réfugié et de l’individu en quête de « ressources ». Cette confusion s’opère au détriment du réfugié cherchant protection, qui, assimilé au pique-assiette, est rejeté par les populations autochtones… ce dont le pape se plaint ensuite.

Pour exhorter les chrétiens à les accueillir, François use et abuse de l’exhortation du Lévitique « L’étranger (l’immigré dit le pape) qui réside avec vous sera parmi vous comme un compatriote et tu l’aimeras comme toi-même. » Mais il omet de rappeler que le texte sacré dit aussi « Il y aura une même loi parmi vous, pour l’étranger comme pour l’indigène » en conséquence, « que l’étranger qui habite chez toi soit circoncis ». Or, l’équivalent de la circoncision dans le christianisme, c’est le baptême. Il serait donc logique et… biblique que le pape appelle les immigrés à la conversion. Ce qui serait aborder par le haut la présence des musulmans sur notre territoire, pour leur bien et le nôtre. Non seulement il ne le fait pas mais, au contraire, il dénonce ce qui serait alors une « assimilation » en ces termes : « L’intégration n’est pas une assimilation qui conduit à supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle » et donc religieuse.

Toutefois, le pape soupçonne que ce qu’il préconise ne va pas de soi pour les indigènes que nous sommes et que nous soyons saisis d’un doute sérieux. Il nous rassure : « Ce n’est pas un péché d’avoir des doutes et des craintes. » Ouf ! C’est la seule fois où, dans son discours, il évoque les sentiments de ceux qui doivent accueillir les « migrants », ces derniers ayant des droits sur nous qui n’avons à leur égard que des devoirs. Il n’est pas sûr que la vertu de justice soit ainsi satisfaite.

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