Et maintenant, Trump est fou.

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Dire que les Démocrates s'emploient à éjecter Trump du pouvoir depuis le jour de son élection serait un euphémisme. Incapables depuis plus d'un an d'avaler le résultat d'une élection contraire à leurs attentes, ils n'ont de cesse de trouver le moyen de le renvoyer de la Maison Blanche avant la fin de son mandat. Complot russe, prétendue obstruction à justice, une page Wikipédia tente même de recenser les diverses manœuvres employées dans ce but.

usa,donald trump,manoeuvres politiques,foliePas un mois ne passe sans que vienne s'ajouter une nouvelle excellente raison de chasser le Président en exercice. Disons plutôt que chaque péripétie sur sa présidence, vraie ou fausse mais toujours montée en épingle par les médias, se conclut invariablement par l'examen d'une possible destitution sur la base de ces nouveaux "faits".

La dernière tentative en date se base donc sur une probable "folie" de M. Trump, qui pourrait comme par hasard mener à sa destitution par le biais du 25e amendement.

Une vingtaine de psychiatres et psychologues - forcément "éminents" pour la presse - franchirent le pas en octobre 2017 en publiant un ouvrage collectif sur la question: The Dangerous Case of Donald Trump ("Le Dangereux Cas Donald Trump"). Il reçut bien sûr un certain succès de la part des anti-Trump, confortés par les descriptions hyperboliques livrés aux médias par la coordinatrice très engagée à gauche de l'ouvrage, la psychologue Bandy X. Lee de l'Université de Yale. Apparemment, il y avait urgence à envoyer M. Trump à l'asile, en camisole de force.

Quelques professionnels du secteur eurent beau objecter que depuis quarante-cinq ans l'Association des psychiatres américains (APA) a établi la "Règle Goldwater", dénonçant comme un grave manquement à l’éthique le fait de dresser le diagnostic d’une personnalité publique sans son autorisation et sans même la rencontrer, personne ne les écouta. Billevesées que tout cela. Les règles de déontologie les plus élémentaires ne sauraient s''appliquer face à Donald Trump!

La nouvelle couche est appliquée ces derniers jours par Michael Wolff et son livre Fire and Fury : Inside the Trump White House ("Feu et Fureur : Dans la Maison Blanche de Trump"). Les médias font leur régal des bonnes feuilles de l'ouvrage. Trump serait un enfant gâté réclamant des "victoires", pris de crises de colère et insultant le personnel de la Maison Blanche et son propre gouvernement ; il s'enfermerait pour ruminer devant plusieurs télévisions en même temps ; il craindrait d'être empoisonné par les repas présidentiels ; il serait quasiment illettré, ou trop impatient, et incapable de venir à bout de textes simples...

usa,donald trump,manoeuvres politiques,folieBien que l'ouvrage soit entièrement à charge et dérive souvent dans le grotesque, les rédactions ne prennent aucune distance lorsqu'elles en parlent. Pour les médias, et Le Temps est en première ligne, Fire and Fury ne représente rien d'autre que la vérité. Comment s'en étonner alors que Michaël Wolff a couché sur le papier, jusque dans des "anecdotes" sur la chevelure de Trump, les fantasmes qu'attendait son public?

Seul problème, une partie au moins du livre est basée sur des affabulations - de l'auteur ou de ses sources - donnant au final un tableau caricatural et mensonger.

Prenons le simple exemple de l'élection. Wolff prétend à de nombreuses reprises que Trump ne voulait "pas vraiment" l'emporter - d'où une promesse faite à son épouse Melania qu'elle n'avait pas à s'inquiéter de devenir Première Dame contre sa volonté, car il n'avait aucune chance. Il aurait de même été parfaitement livide, le soir fatidique, en apprenant finalement sa victoire. Pourtant, Trump s'est battu comme un lion pendant toute la campagne, mettant au point une stratégie novatrice pour arracher aux Démocrates des États considérés comme acquis et enchaînant des dizaines de meetings durant la dernière ligne droite. Pourquoi se serait-il donné tant de peine s'il ne voulait pas gagner? Pourquoi aurait-il lutté avec succès contre seize autres candidats lors des primaires républicaines pour arracher l'investiture du parti s'il ne voulait pas gagner? Pourquoi se serait-il compromis dans l'illégalité avec les Russes, comme l'affirme Wolff, pour arracher un avantage indu dans l'élection, s'il ne voulait pas gagner?

Le récit de Fire and Fury n'a même pas de cohérence interne. Certains intervenants cités par l'auteur ont apporté un démenti cinglant face aux propos qu'on leur prête. Tant que nous n'aurons pas eu le verbatim des enregistrements effectués par l'auteur, nous ne saurons pas où situer le mensonge. Mais Michaël Wolff se couvre lui-même dès l'introduction:

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"Beaucoup des comptes-rendus de ce qui s'est passé dans la Maison Blanche de Trump entrent en conflit les uns avec les autres ; beaucoup, à la mode trumpienne, sont cruellement faux. Ces contradictions et cette souplesse prise avec la vérité, sinon avec la réalité elle-même, forment le fil conducteur du livre. Parfois, j'ai laissé les intervenants exposer leurs versions, permettant en retour au lecteur de les juger. Dans d'autres cas, grâce à une cohérence dans les récits et par le biais de sources auxquelles j'ai fini par faire confiance, je me suis arrêté sur une version des événements que je crois véridique."

Alors, Fire and Fury est-il un récit ou une fiction? Probablement un peu des deux, quoique le point de vue de l'auteur sur Donald Trump ne fasse guère de doute. Comment croire alors que Wolff, coutumier de ces dérives, n'a pas prêté davantage de bienveillance à tous ceux qui disaient du mal de Trump? Et comment s'étonner du résultat?

Nous sommes en pleine construction de narrative, celui-ci visant à préparer l'opinion publique à la prochaine offensive démocrate contre Trump. Les médias qui enquêtent aujourd'hui sur la santé de M. Trump sont les mêmes qui refusèrent avec acharnement de rendre compte de l'évanouissement public de Mme Clinton en 2016.

Mais il n'est pas sûr que la sauce prenne. Donald Trump tweete avec son public, parle un langage simple et direct, n'est pas bardé de diplômes des plus hautes universités du pays. M. Trump est indiscutablement un Président atypique et les Américains le savent. Ceux qui ont voté pour lui l'ont fait précisément pour ne plus être menés dans l'ornière par des élites surdiplômées, sûres d'elles et de leur verbe, et bien plus préoccupées par les cercles mondains que par le devenir de la classe moyenne.

Pourtant, Trump est bel et bien dérangé. Père de grands enfants, marié à un ancien mannequin, entrepreneur richissime, vedette de son émission de télé-réalité, il aurait pu couler une retraite paisible en profitant de la vie. À la place, il choisit de se lancer dans la conquête de la Présidence des États-Unis et tente depuis, avec les plus grandes difficultés, de remettre le pays sur les rails. Clairement, aucune personne saine d'esprit ne ferait tout cela.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 8 janvier 2018

11 commentaires

  1. Posté par rikiki le

    Trump a la faculté d’aller directement au but, de dire qu’un chat est un chat contrairement à tous ses détracteurs sournois qui préfèrent courtiser les manipulateurs, les faux-culs, les grands donneurs de leçons et ceux qui pratiquent la langue de bois sans compter ceux qui parlent pour ne rien dire juste pour le plaisir de s’écouter.

  2. Posté par thierry le

    Cet un acharnement ou plutot une guerre mediatique . Ca en devient ecoeurant . Rts , rsr , couleurs3 . Outil de propagande au frais du contribuable. Peuple suisse reveil toi

  3. Posté par C.-Alain Burnand le

    Et maintenant, la Tribune (de Genève) prétend qu’il ne fait rien.
    Une raison d’impeachment de plus – comment n’est-ce pas encore fait ? La presse mondiale n’est-elle pas omnipotente ?

  4. Posté par Dominique Schwander le

    Non, non et non. Trump n’est pas plus troublé psychiquement, ni dérangé ni gêné dans son fonctionnement que l’Américain moyen. Vous avez oublié le livre du Dr. genevois Rentschnik: “Ces malades qui nous gouvernent”? Trump est un vrai, grand et solide patriote. Tout patriote aimant assez son pays et les siens pour s’activer, défendre sa nation, bosser dur et assumer les coups et les intrigues de l’ennemi est bien entendu considéré comme un peu fou par les autres qui se coulent une retraite paisible et passive ou en rêvent. Si vous vous étiez entretenu avec lui et que, par exemple, vous aviez suivi ce qu’il lit et a lu, vous seriez convaincu que Merkel, Macron, Juncker, Sommaruga, Burkhalter, Berset, Darbellay, Levrat, Carter, les Clinton, Obama, etc, ne sont que des minus d’arrivistes. Avez-vous vu et entendu un ou une de ces derniers réciter comme Donald Trump, avec une diction parfaite, pour ouvrir les yeux et les oreilles aux électeurs américains, le texte allégorique du serpent de la chanson “The Snake » du chanteur américain Al Wilson en 1968, écrite par Oscar Brown en 1963. Le texte de cette chanson est inspiré de la fable d’Esope (620-564 av. J.-C.) « Le laboureur et le serpent gelé »? Ces fables de différentes époques montrent que la perversité ne change pas, quelque bonté qu’on lui témoigne. Et le laboureur d’Esope de s’écrier: « Je l’ai bien mérité, ayant eu pitié d’un méchant. »

  5. Posté par Jacques le

    Pas un mot à retrancher de cette excellente analyse. Maintenant soyons pratiques et efficaces: nous n’avons aucun moyen d’influencer le cours des choses aux USA. Par contre en Suisse, oui ! J’ai protesté auprès de la RTS contre le “Trump-bashing” qu’ils diffusent à jet continu, dans le cadre de leur alignement avec la Pensée Unique. J’ai en droit à une réponse lénifiante d’une certaine Dame Ducommun, prétendant que la RTS s’efforce toujours d’être objective. Dans ce cas comme dans pas mal d’autres (suivez mon regard !), ils ont encore beaucoup à faire ! En attendant que “No Billag” vienne résoudre le problème, je vous invite tous à inonder la RTS de messages de protestation.

  6. Posté par ughetto le

    M.Trump a dit des blagues sur les femmes, Oui c’est normal, mais il n’a jamais violé des femmes comme Clinton… et sa Femme qui …avec d’autres femmes…on dit rien ??? enfin M.Trump c’est un homme ,pas un dieu

  7. Posté par ughetto le

    Je pense que M.Trump est un grand homme… on sais que les médias sont contrôlés par la franc maçon.. Les mensonges règnent

  8. Posté par Michel le

    “Écrivez les injures sur le sable, gravez les bienfaits sur le marbre.” (Pierre-Claude-Victor Boiste) . Plus les opposants, les ennemis sont à bout d’arguments, plus leur bassesse les enfonce dans la fange. Continuez à bien faire pour votre pays Monsieur Trump. Hélas nous n’avons pas le même à la maison…

  9. Posté par Astérix le

    Les vrais fous se sont ceux qui prônent l’invasion de nos sociétés et imposent le multiculturel et métissage forcé

  10. Posté par Bussy le

    L’auteur du bouquin lui-même annonce sans gêne qu’il raconte des bobards et malgré tout, toute la presse bien-pensante fait l’éloge du livre et pense que ça va conduire à la destitution…. on vit effectivement dans un monde de fous, mais Trump n’occupe pas la première place et de loin…..

  11. Posté par M.L.B. le

    Souvenez-vous, ils faisaient le même procès à G.W. Bush junior. Lui, ce n’était pas sa coiffure qui en apportait la preuve, mais “ses petits yeux rapprochés”… Je n’ai toujours pas compris pourquoi. Ils demandaient sa destitution, rappelait son alcoolisme ancien, etc. Avec Reagan, déjà : un cow-boy en peau de lapin fabriqué à Hollywood, disaient-ils.
    Rien de nouveau sous le soleil, ces gens sont la vérole, la peste et le choléra associés. Y a pas de vaccin.

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