En Grande-Bretagne, Jo Johnson, le secrétaire d’Etat aux universités et à la science, menace de sanctions les universités où la liberté d’expression n’est plus respectée. Il l’a dit au cours d’une émission sur la BBC et l’a encore confirmé le 26 décembre dans un discours prononcé lors d’un festival de la culture juive à Birmingham. Le problème n’est pas anodin. Suivant une mode venue des Etats-Unis, les universités britanniques et les syndicats étudiants multiplient les safe spaces, ou espaces sûrs, censés permettre aux étudiants appartenant à des minorités réelles ou imaginées d’éviter de se sentir blessés par des opinions qui les mettraient mal à l’aise.
Des politiques ont ainsi été mises en place qui permettent d’exclure certaines personnes et organisations – comme les membres de l’UKIP, les chrétiens, les opposants à l’avortement, au « mariage gay », les critiques de l’islam, y compris quand il s’agit de musulmans etc. – du débat universitaire. En outre, des listes de mots « déclencheurs » permettent d’interrompre un discours ou une discussion et de sanctionner leur auteur. Les gestes exprimant la désapprobation sont généralement interdits dans ces « espaces sûrs » et il existe dans certains cas un langage imposé, notamment pour respecter la « neutralité du genre ». Certaines associations étudiantes vont même jusqu’à nommer des vigiles chargés de faire respecter leur police de la pensée lors de conférences jugées sensibles.
Libre remise en cause
Le secrétaire d’Etat conservateur a appelé les universités à ne pas « fermer les esprits » des étudiants par ces politiques d’espaces sûrs, car « les universités doivent être des lieux où les idées peuvent être librement remises en cause ». Jo Johnson a rappelé que les jeunes gens doivent apprendre à entendre des opinions controversées et à participer à des discussions ouvertes, franches et rigoureuses. Pour encourager les universités dans cette voie, il a promis que la nouvelle autorité de régulation des universités, l’Office pour les étudiants (OFS), punirait les établissements d’enseignement supérieur récalcitrants. Les sanctions pourront aller de simples amendes au retrait de la liste des établissements reconnus par le gouvernement, ce qui les empêchera de fonctionner.
Outre l’atteinte évidente à la liberté d’expression et de conscience que représentent ces « espaces sûrs », le secrétaire d’Etat s’est inquiété pour l’efficacité de la recherche dans des universités où la pensée et l’expression sont trop strictement encadrées. En décembre 2015, déjà, un groupe d’universitaires avait tiré la sonnette d’alarme avec une lettre ouverte dans le Telegraph. En septembre 2016, Theresa May avait elle aussi attaqué ces « espaces sûrs », considérant « plutôt extraordinaire » que les universités interdisent la discussion, et elle avait prévenu qu’ils pourraient avoir à terme un impact négatif sur les performances économiques et sociales du pays. Si la volonté affichée par le gouvernement britannique doit être saluée, elle est malheureusement révélatrice du totalitarisme sournois que la gauche libérale-libertaire cherche aujourd’hui à imposer en Occident.
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