Europhile, Emmanuel Macron semble décidé à prendre le contrepied de l’Union européenne sur la question du glyphosate. Non pas dans le sens de la protection des agriculteurs, pourtant dans une situation fragile, mais dans celui d’une plus grande fermeté normative. La prudence du gouvernement devrait pourtant être plus que jamais de mise face à la situation fragile des agriculteurs.
Lundi 27 novembre, les Etats membres ont ré-autorisé, pour une durée de cinq ans, le glyphosate, entrant dans la composition d’herbicides. Cette décision n’a pas plu au président français, qui a aussitôt réagi sur son compte Twitter : « J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans ».
La secrétaire d’Etat à l’Ecologie en charge du dossier, Brune Poirson, n’a pas tardé à emboîter le pas du président. « Malgré le vote à Bruxelles, la France reste déterminée à sortir du glyphosate en moins de 5 ans. Nous travaillons de concert avec tous les acteurs pour trouver des alternatives crédibles », a-t-elle tweeté dans la foulée.
Mais si l’interdiction du glyphosate en France est techniquement possible, « elle exposerait Paris à des poursuites judiciaires de la part des fabricants de pesticides. Tout en faisant peser sur les agriculteurs français des risques de distorsion de concurrence, à leur désavantage, leurs homologues européens continuant d’utiliser ce produit », explique Le Monde.
Produit « indispensable » pour les agriculteurs
En effet, en décidant d’interdire le glyphosate, le gouvernement français ne ferait pas que défier une décision européenne. Il s’attaquerait surtout à un produit largement plébiscité par les agriculteurs français pour son efficacité et son faible coût. D’après un sondage réalisé par Ipsos en juin, 81 % de la communauté agricole hexagonale est « hostile au retrait du glyphosate ». Pour les paysans, les herbicides obtenus grâce à la molécule sont « indispensables aux techniques de conservation des sols dans leur exploitation », ce qui leur fait craindre de « voir les coûts de production augmenter, et le rendement sur l’exploitation diminuer » en cas d’interdiction de ces produits.
C’est le message que quelque 200 syndiqués à la FNSEA ont voulu faire passer vendredi 22 septembre en bloquant l’accès aux Champs-Elysées. Pour bon nombre d’agriculteurs français, la position d’Emmanuel Macron traduit une ignorance, voire un mépris profond de la situation du monde paysan. Alors qu’une grande partie des éleveurs touchent un revenu inférieur au RSA, les agriculteurs entendaient rappeler aux Parisiens que l’usage de produits phytosanitaires est indispensable pour conserver « l’excellence agricole française ». D’autant plus que l’utilisation de ce produit en France est faite avec précaution. Outre-Atlantique, les agriculteurs craignent pour l’avenir de leur profession puisqu’ils ils traversent des bouleversements similaires, en raison de la Proposition 65.
Distorsions de concurrence
Mais la colère et l’incompréhension ne cessent de gagner du terrain. Sous le slogan « Macron nous tue », des d’agriculteurs se sont rassemblés vendredi 8 décembre à Maubeuge (Nord) pour protester contre les contraintes liées aux normes. « Nous subissons les distorsions des normes par rapport aux pays européens. En France, nous sommes défavorisés car nous avons des normes encore plus strictes. Nous demandons qu’il y ait une logique de la politique européenne », déclarait à La Voix du Nord Jean-Christophe Rufin, représentant de la FNSEA.
Quelques jours plus tôt, le mercredi 6 décembre, de nombreux agriculteurs s’étaient répartis dans plusieurs gares de l’Oise afin d’informer les consommateurs sur leur situation et en particulier leur avenir incertain après la signature des traités de libre-échange. « Il faut dire clairement au consommateur qu’aujourd’hui, dans les étals, on ne trouve qu’une partie infime de la production agricole qui soit française… Avec le Ceta et le Mercosur, ce sont 46 matières actives, interdites en France, que l’on trouvera dans les produits importés et consommés en France… D’un côté on nous en demande toujours plus, et de l’autre, les distorsions de concurrence nous mettent des boulets aux pieds », dénonçaient les manifestants.
Face aux nouvelles contraintes normatives et aux paradoxes qu’elles soulèvent, le malaise des agriculteurs est de plus en plus profond. Une alternative au glyphosate existe avec l’acide pélargonique, mais qui serait plus chère, selon Bruno Caio Faraglia, responsable des produits phytosanitaires au ministère de l’agriculture italien. En outre, selon un lobbyiste travaillant sur les produits chimiques, l’acide pélargonique est moins puissant que le désherbant de Monsanto, estimant, en plaisantant, qu’il convenait mieux pour les « jardiniers amateurs ».
Brune Poirson a partiellement reconnu le paradoxe inhérent au débat actuel sur le glyphosate dans une tribune récemment publiée par le JDD. Selon la secrétaire d’Etat, l’arrêt du glyphosate « risquerait, dans une folle course en avant, de conduire à renoncer simplement à une substance pour aussitôt dépendre d’une autre, potentiellement plus à risques ».
Brune Poirson serait-elle déjà en train de mettre de l’eau dans son vin ? C’est probable, voire souhaitable. Alors que les agriculteurs traversent une crise profonde et multifacette, la prudence sur la question du glyphosate est plus que jamais de mise.
Marie de Rossi
Indispensable aux techniques de conservation des sols et dans leurs exploitation! je suis pour le monde paysan c’est sur…..mais pas pour ceux qui pensent cela!
Il faut changer de concept ,Macron vous tue,vous tuer les sols et la population avec,il y a des solution pour produire plus propre sans que cela ne soi plus chère!
Fallait pas signer ces accords de libre échange.
les paysans doivent etre mieux payer,cela leurs éviterait de dire des conneries
Bruxelle vous pousse à la production intensive…la seule solution c’est le frexit!! courage!!