Le régime syrien a repris à l’Etat islamique une grande part de son territoire, notamment à Deir ez-Zor. Or Bachar el-Assad, après six années de guerre civile, demeure toujours isolé des pays occidentaux – souvenons-nous de l’emblématique « al-Nosra, sur le terrain, fait du bon boulot », phrase irresponsable prononcée en 2012 par Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères de François Hollande. De fait, le régime officiel n’a jamais réussi à rallier à sa cause les Etats européens et les Etats-Unis, qui ont parfois mis sur un pied d’égalité la lutte contre l’EI et la nécessité de destituer Assad. C’est donc pour cette raison que le régime syrien essaie d’attirer à lui des investissements étrangers. Un véritable pivot vers l’Est, ainsi que le qualifie le chercheur Frédéric Pichon, afin d’entamer la reconstruction de la Syrie.
Ce sont les pays émergents qui bénéficieront de cette opportunité économique. Fin août, s’est tenue la Foire internationale de Damas, un événement annuel créé en 1954, interrompu depuis 2012, qui est consacré à la vie économique. Du 21 au 23 septembre, aura lieu la troisième Exposition pour la reconstruction de la Syrie.
De même que Barack Obama a fait primer l’extension des relations américaines à l’Asie sur ses traditionnels partenaires européens, de même Assad, par nécessité, a fait appel à la Russie, l’Iran, mais aussi à la Chine, la Malaisie et l’Inde pour reconstruire son pays. Les entreprises de BTP et d’énergie seront sollicitées en priorité. Il y a une absence de considération morale ou démocratique de la part de ces entreprises qui, « venues de l’Est, ne regardent pas si le régime de Damas est démocratique, mais pensent d’abord et avant tout à faire du business en en profitant pour tailler des croupières aux entreprises occidentales ».
Les votes concernant la Syrie à l’Assemblée générale des Nations unies à partir de 2012 témoignent de la réticence des pays émergents à l’intervention syrienne. « Damas a su utiliser les codes à destination de ces pays : attachement à la souveraineté étatique, méfiance vis-à-vis de l’Occident et surtout refus de l’ingérence », explique Frédéric Pichon.
Les autorités syriennes se réjouissent de ces changements même si, les grands Etats qui les aident militairement comme l’Iran et la Russie, profitent de leur supériorité pour s’approprier certaines ressources, ou signer des contrats déséquilibrés…
Selon Frédéric Pichon, les entreprises européennes ne seront pas concernées par la reconstruction de la Syrie, « à moins d’occuper des niches inoccupées comme la reconstruction du patrimoine historique, abreuvée par les fonds de l’UNESCO ». L’erreur principale des gouvernements occidentaux a été de considérer que l’aide à la reconstruction du pays serait un soutien tacite du gouvernement d’Assad. N’ayant pas su choisir entre le régime et les islamistes, les Occidentaux se retrouvent écartés des intérêts proche-orientaux, alors que la Syrie était un terrain diplomatique dans lequel ils étaient, notamment la France, les premiers partenaires.
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Mais l’Occident n’aura toujours pas compris, car après l’Afghanistan, après l’Irak, après la Libye, l’Iran est dans le collimateur… Et tout risque bien de recommencer avec ce pays. Et puis peut-être ensuite la Turquie, qui ne se soumet pas aux diktats de l’Union européenne, de l’OTAN, de l’ONU et des États-Unis…