par Michel Garroté
Depuis août 2016, des camps d’entraînement ont été ouverts notamment par l’EI dans le Kosovo. Les plus importants sont situés à la frontière avec la Macédoine, dans le district de Decani ; d’autres, plus modestes, sont dans les environs de Prizren et Pec. De nombreux Kosovars ont rejoint ces camps, où d’anciens soldats de l’Armée de Libération du Kosovo enseignent à leurs membres le maniement des armes et le Coran. Dans la Bosnie voisine, les mêmes causes ont engendré les mêmes problèmes : le pays compte près de 100’000 disciples du wahhabisme, dont plus de 4’000 sont des militants radicaux, qui prennent les armes pour le djihad partout et à n’importe quel moment.
À ce propos, dans Causeur, la politologue Ana Pouvreau écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Dans ce dernier quart de siècle, les six ex-républiques yougoslaves — Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie et Slovénie) — sont devenues des Etats indépendants, de même que l’ancienne province serbe du Kosovo, qui a proclamé son indépendance en 2008 (cf. l’ouvrage sur lequel se base Ana Pouvreau : « Balkans, la fracture. La base européenne du djihad », par Alexis et Gilles Troude ; plus de détails en bas de page). Ce processus s’est déroulé au prix de centaines de milliers de victimes. Les estimations, quant au nombre de morts, oscillent entre 100’000 et 200’000. L’intégration euratlantique de ces nouveaux Etats se poursuit tant bien que mal.
La Slovénie (2004) et la Croatie (2013) ont déjà intégré l’Union européenne (UE), tandis que le Monténégro, sans faire partie de l’UE, est devenu le 29ème Etat-membre de l’OTAN en 2017. La demande d’adhésion à l’UE de la Bosnie-Herzégovine a été acceptée en 2016. La Serbie, quant à elle, désormais séparée du Monténégro depuis 2006 et amputée de sa province kosovare, peine à intégrer l’UE. Il en est de même pour la Macédoine en raison du blocage de la Grèce. Au-delà de ces évolutions, les auteurs décrivent à quel point – aux antipodes des promesses de prospérité, de stabilité et de sécurité, chères aux partisans de ces multiples indépendances – la plupart de ces nouveaux Etats sont fragiles. Certains seraient même en passe de devenir des ‘Etats faillis’.
La corruption endémique des nouvelles élites politiques de la région, l’expansion exponentielle de groupes criminels et l’instabilité chronique due à l’échec de l’éradication de la pauvreté de même que la persistance des revendications territoriales ethniques voire claniques, font le lit de courants délétères de plus en plus susceptibles de plonger les Balkans dans le chaos et de se propager au reste de l’Europe. Vulnérabilisée par l’explosion de trafics en tous genres — acheminement vers l’Europe de l’Ouest de l’héroïne en provenance d’Afghanistan, trafics d’êtres humains, trafics d’armes, détournement de l’aide internationale, malversations diverses, etc. — mais aussi par la persistance des revendications irrédentistes (albanaises, hongroises, etc.), la région serait devenue, en quelques années, un réel ‘trou noir’ en Europe. Le déversement de milliards d’euros d’aide internationale ne semble pas résoudre le problème.
Au contraire, la région prête le flanc, depuis plusieurs années déjà, à l’entrisme des islamistes radicaux. La présence de camps d’entraînement terroristes en Bosnie-Herzégovine et la radicalisation de centaines d’individus, au sein des populations locales kosovares et bosniennes, par le biais de prédicateurs wahhabites et d’organisations caritatives, ont d’abord fait le lit d’Al Qaeda, dès les années 1990, puis celui de l’Etat islamique depuis 2014.
En conclusion, l’ouvrage « Balkans, la fracture. La base européenne du djihad », certes très critique vis-à-vis de l’action de la communauté internationale dans les Balkans, permet d’apporter, en contrepoint aux scenarii généralement optimistes concernant l’avenir de la région, qui prévalent en Occident, une grille de lecture très différente. La confrontation de ces points de vue divergents devrait être bénéfique à l’effort d’analyse prospective qui s’impose en ce qui concerne cette région d’une grande importance géostratégique et dont l’évolution aura prochainement un impact considérable sur le reste de l’Europe, conclut Ana Pouvreau, citant « Balkans, la fracture. La base européenne du djihad » (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
Introduction & Adaptation de Michel Garroté pour Les Observateurs.ch où cet article est paru précédemment.Balkans: des illusions de l’émancipation au terrorisme islamiste
« Balkans, la fracture. La base européenne du djihad », par Alexis et Gilles Troude, Editions Xenia, 2017, 242 pages, 19€.
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.Cet article Les Balkans sont la base européenne du djihad est apparu en premier sur Eurolibertés.
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